A lire dans Le Monde.fr, une interview de Martin Andler, professeur à l'Université de Versailles et président d'Animath, publiée le 18 mars.
Selon Martin Andler, l'enseignement des maths traverse une crise : un élève sur cinq n'a pas le niveau "suffisant" au sortir du collège. (Qu'est-ce que le niveau suffisant ? L'article ne le précise pas, mais cela fait référence à PISA.) Nous formons des matheux "de haut vol" (une médaille Fields sur quatre est française), mais pas suffisamment de scientifiques compétents.
Une fois ce constat posé, monsieur Andler tente une explication. Il rappelle que le passage à la lettre est un moment délicat et pivot pour beaucoup d'élèves et ajoute : " Les élèves ont aussi besoin de comprendre à quoi servent les mathématiques, en quoi elles sont un atout pour l'intelligence critique, en quoi elles permettent de comprendre et d'agir sur le monde. ". Je ne trouve pas que le moment où on introduit le calcul littéral, la notion d'équation, soit particulièrement ardu pour les élèves, à condition de choisir des activités justement signifiantes, dans lesquelles les élèves reconnaissent eux-mêmes que la lettre leur a facilité la tâche. Forcément, plus tard, les chapitres techniques comportent le risque de s'éloigner du sens. Mais cela concerne davantage les niveaux de lycée que de collège.
Martin Andler aborde ensuite l'organisation française de l'enseignent des maths, en terme d'horaire : " Au collège, ils (les horaires de maths) restent élevés par rapport à d'autres pays. Les mathématiques représentent 15% du temps d'enseignement en France, contre 12% en moyenne dans l'OCDE. Ce n'est pas qu'une question de quantité. Dans notre collège, les mathématiques sont enseignées de façon à préparer au lycée et à l'université. Si on pousse le trait, le programme en 6e est conçu en fonction de Polytechnique ! Dans de nombreux pays, l'enseignement est moins ambitieux sur le papier, mais parfois plus riche de sens."
Je ne suis pas d'accord. Le trait est effectivement poussé. En sixième, on découvre, on joue, on manipule, on s'étonne et, justement, on passe notre temps à donner du sens.
Dans la suite de son article, Martin Andler déplore que trop de professeurs des écoles soient issus de filières qui ne contiennent pas ou peu de maths, et que les liens entre maths et autres disciplines soient trop ténus. Faire des liens contribuerait à faire sortir les maths de leur solitude. Là, je suis d'accord. Mais c'est compliqué, car travailler en équipe dans l'Education Nationale demeure bien compliqué, et amener des collègues non matheux à notre discipline aussi. Pas impossible, mais difficile.
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