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mardi 18 mars 2014

Noter, mais pourquoi ?

Il y a plus de dix ans j'avais participé en lycée, au niveau seconde, à une classe sans note. Nous avions mené l'expérience pendant deux trimestres, pour revenir, avant l'orientation en classe de première, à une évaluation dite sommative.
Depuis, j'ai lu, observé, pensé, discuté amplement sur ce thème. J'ai moult fois changé d'avis. Pourquoi ?

D'abord, en faveur de la note :
- la note permet d'évaluer "facilement". S'approprier un système de notation chiffré est simple, pour le prof, pour les élèves, pour les parents.
- c'est ce que l'on demande sur les bulletins, c'est le système adopté aux examens.
- c'est plus simple qu'une liste de cent vingt compétences comme on le pratique à l'école primaire. Ou du moins, c'est plus rapide à lire.

Maintenant, qu'est-ce qui me dérange dans la note ?
- elle favorise le stress des élèves, qui d'ailleurs grimpe chez nos petit(e)s Français(e)s ces derniers temps. Elle leur donne l'impression d'un jugement, parfois d'une sanction.
- on (élèves, parents parfois) ne regarde qu'elle. L'appréciation qui nuance, complète la note n'est parfois même pas lue.
- la note est toujours immédiate, elle ne prend pas forcément de sens au regard des précédentes notes.
- elle ne signifie pas du tout la même chose d'un prof à l'autre, d'un établissement à l'autre.
- elle ne signifie pas non plus la même chose d'un élève à l'autre sur la même évaluation, corrigée par la même personne. Tel élève a 12 en ayant commis des tas d'erreurs d'inattention mais compris les méthodes évaluées, tel autre a 12 parce qu'il n'a fait qu'en grosse moitié de l'évaluation, et encore un autre a tout fait, pas tout compris, loin de là, mais sait "grappiller des points".
- noter ne permet pas de voir quelles compétences sont acquises, comment elles évoluent au fil du temps.

Ainsi, je vis la note comme un résumé grossier, peu nuancé et subjectif d'un niveau ponctuel.

Alors, comment faire autrement ? Voilà une de mes interrogations du moment. Je me sens prête à me lancer dans un vrai projet de classe sans note. Mon chef me soutient, et me laisse la liberté de m'organiser comme je le souhaite l'année prochaine, au moins aux niveaux 6ème et 5ème. J'aimerais aussi atteindre les quatrièmes, car c'est un niveau difficile et je crois que ne pas noter de façon sommative y serait particulièrement efficace.

J'ai bien pensé aux couleurs ou aux lettres, mais en fait cela revient au même, ou presque. Avec quatre couleurs, avec six lettres, un petit coup de proportionnalité ramène à une note sur 20. Ce que je voudrais, c'est vraiment inscrire les progrès de l'élève, son évolution dans ma façon d'évaluer. Utiliser un système dynamique, vivant, humain et compréhensible pour tout le monde.

Alors j'ai acheté The multiplayer classroom, un livre de Lee Sheldon, après avoir lu ceci. L'expérience nécessite d'être adaptée pour être utilisable en maths, en collège, en France, mais au moins ma réflexion avance, avec de nouveaux objets de réflexion.


Cette méthode s'appuie sur le jeu de rôles et le jeu vidéo. Au lieu d'avoir des notes qui se suffisent chacune à elle-même, l'idée est d'acquérir, au travers de projets, d'évaluations, de travaux de groupes ou individuels, etc., des points d'expérience. Plus ou moins, selon le niveau de réussite. En les accumulant, on "monte de niveau". Quel est l'intérêt, puisqu'il est toujours questions de sommatif ? Il me semble que c'est que chaque travail, chaque progrès, est valorisé, puisqu'il est noté positivement. On ne fait que gagner des points et ils s'ajoutent aux points déjà engrangés. On peut d'ailleurs demander autant de travaux supplémentaires que l'on veut, pour acquérir davantage d'expérience.

Je vais creuser le sujet en lisant le livre, et aussi réfléchir  à une feuille de personnage de l'élève de collège en mathématiques.

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