Une de mes élèves m'a apporté cette image :
Je l'en remercie : elle a tout à fait bien compris quel genre de documents m'intéresse pour les traiter sur ce blog. Et qu'elle ait pensé à moi en le croisant me fait très plaisir.
Lorsque j'ai observé cette image, en classe, j'ai été amusée, bien sûr. Mais en y réfléchissant juste trente secondes, il me fait froid dans le dos : personne, dans ces dessins, ne réussit correctement sa "mission". Le prof essaie d'exprimer quelque chose de simple mais écrit quelque chose de long, compliqué et rébarbatif. L'étudiant voit du chinois et ne retient rien. Et la "femme de ménage" se fâche (cela dit, il faut effacer son tableau, c'est vrai, voir cet article ...).
J'ose espérer que dans la réalité il en est autrement. Je m'y attache en tout cas. Et le personnel d'entretien de mon établissement (d'ailleurs il n'y a pas que des femmes à travailler à maintenir nos locaux propres) n'a rien à voir avec la harpie de la dernière case.
Cela dit, cette bande dessinée me renvoie à l'image du prof. Il y a bien sûr l'image d'Epinal, celle qu'on se prend en pleine poire régulièrement. "Ah, il en faut", "Prof, c'est bien, avec toutes ces vacances ", "Prof, c'est bien pour avoir du temps libre " et autres vannes désolantes. Mais il y a autre chose, qui forme un tout avec ce qui précède : les profs vivent souvent dans un monde parallèle. Un monde où on écrit "culture" avec un C très majuscule, où le livre tient une place de quasi-divinité, où il faut développer des compétences, des savoir-faire et des capacités tout en dialoguant dans le respect mais sans déroger à des principes moraux, un monde de zones proximales de développement, de DHG, de PPRE en HSE et de PIS avec AVS, j'en passe et des meilleures. Le prof est un animal pas comme les autres, mais certainement pas au-dessus des autres. Il est un parent d'élève souvent affreusement enquiquinant , il a une forte tendance à la paranoïa, il ordonne "asseyez-vous je vous prie !" d'une voix haute et claire dès qu'il entend une sonnerie et il est très très susceptible.
Il est incompris (et donc parfois méprisé) de beaucoup de gens (y compris d'élèves, malheureusement). Réciproquement, imbibé du sentiment d'avoir une mission déterminante, il ne comprend pas toujours ce qui se passe dans le vrai monde des vrais gens pas profs.
Cette fracture m'attriste. Ce serait plus pratique si nous nous comprenions.
Bon allez, je retourne dans mon monde parallèle.
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