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jeudi 8 mai 2014

Le journalisme scientifique, maillon essentiel pour la compréhension du monde

Pierre Barthélémy a écrit récemment sur un blog du Monde, Passeur de sciences, un "Plaidoyer pour le journalisme scientifique", à lire ici. Extrait :
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Au même titre que la politique, que l'économie, que la diplomatie ou que la culture, la science constitue une indispensable grille de lecture du monde dans lequel nous vivons. Sans elle, comment les honnêtes hommes et femmes d'aujourd'hui peuvent-ils exercer leur jugement et leurs choix citoyens sur des sujets aussi complexes et décisifs que les actions à entreprendre pour lutter contre le réchauffement climatique, l'acceptation ou non des nanotechnologies ou des organismes génétiquement modifiés, l'exploitation des gaz de schiste, l'arrêt, la poursuite ou le développement des programmes nucléaires, les grands axes des politiques sanitaires, etc. ? Comment, dans un monde où les budgets des États se resserrent, justifier les investissements dans la recherche si on n'en analyse ni les objectifs ni les retombées, si on ne peut expliquer au contribuable qu'il y a, par exemple, plus de science fondamentale dans un téléphone portable ou un ordinateur que dans n'importe quel autre objet du quotidien ? Et comment, pour aborder une autre dimension de la vulgarisation scientifique, répondre à la simple curiosité d'Homo sapiens sur ses origines, les propriétés de la nature et de l'Univers, si ses principaux canaux d'accès à la connaissance n'en parlent pas du tout ou pas de manière rigoureuse ? Car on ne peut se contenter, pour apprendre, de taper une requête sur Google. Encore faut-il que les résultats de la recherche soient fiables et vérifiés.
Voilà pourquoi le journalisme scientifique est plus que jamais indispensable : pour offrir un prisme sur le monde et ses enjeux autre que celui de l'économie et de la politique, qui ont leurs exigences et leur temporalité propres, souvent à court terme ; pour faire un pas de côté par rapport au rouleau compresseur de l'actualité qui écrase les infos aussi vite qu'il les a présentées ; pour, aussi, rectifier les désinformations savamment distillées par les grands communicants, les groupes de pression et les marchands de doute, lesquels ont, mieux que les chercheurs, compris le pouvoir et l'influence qu'ils pouvaient tirer de la Toile en s'adressant directement aux internautes, en s'affranchissant de la relecture critique et parfois dérangeante des journalistes.
Voilà pourquoi il est plus que jamais nécessaire de former la relève, les vulgarisateurs de demain, ceux qui secoueront les rédactions pour pouvoir, quels que soient les supports, transmettre les résultats de la recherche, pour offrir un autre regard sur le monde. 

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