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vendredi 27 février 2015

Tout le buuuuuuuuuz

Dans 20 minutes, Jean-Jacques Goldman défend sa chanson:

Pour Jean-Jacques Goldman, il s’agit d’un malentendu: «C'est une chanson dans laquelle des adolescents reprochent aux générations qui les ont précédées l'état du monde qu'ils leur laissent. Les Enfoirés jouent le rôle des adultes qui leur répondent comme trop souvent: en se dédouanant et avec mauvaise foi, mais en espérant qu'ils feront mieux.»
Jean-Jacques Goldman se défend d’avoir voulu présenter la jeunesse comme une bande d’ingrats défaitistes: «Le fait que la jeunesse nous demande des comptes me semble la moindre des choses. Le fait que la chanson se termine en faisant confiance à l'avenir aussi.»


Mais en fait, l'aspect révolutionnaire de la chanson m'avait échappé. Heureusement j'ai lu cet excellent article de Libé, qui m'a ouvert les yeux :
"A l’inverse de ceux n’y voyant qu’un monument réac affligeant, il suffit de savoir lire entre les lignes pour réaliser à quel point Toute la vie est en réalité une déflagration punk comme la France n’en avait sans doute pas connu depuis le «Manu Chao» des Wampas.(...)
Qu’il nous soit permis de signaler d’abord l’incitation au tag sauvage que constituent les deux vidéos – en déplacement au Chili, la maire de Paris Anne Hidalgo n’a pour l’instant pas réagi. Concernant les paroles, il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître le caractère résolument «no future» du brûlot goldmanien, pour qui le sida est une problématique récente propre à la jeune génération. «Tout ce qu’on a, il a fallu le gagner / A vous de jouer mais faudrait vous bouger»
résonne ainsi comme un appel à l’insurrection dans la France post-attentats. Derrière la rime en «-er» (qui aurait tout aussi bien pu contenir «brûler», «crier» ou «revendiquer»), on sent poindre la rage contestataire des ZAD, le doux parfum des Molotov et l’esprit do-it-yourself des concerts improvisés dans les squats insalubres, à l’image de celui où a été tourné le clip.
Quand Les Enfoirés clament «je rêve ou tu es en train de fumer ?», ne voyez pas d’ingérence paternaliste dans l’affaire : il faut ici comprendre que la cigarette est désormais totalement ringarde. Has been nicotine, en 2015, c’est MDMA minimum pour délire un peu dès l’adolescence en mode Yolo. Et peut-on faire plus explicite que l’injonction pousse-au-crime «c’est ta vie, vole et vas-y» ? Le «vole» n’est pas ici à prendre au sens aérien du terme, mais bien au sens «dérober», façon Steal this album des System of A Down.
Au bout du compte, Toute la vie s’impose comme une métaphore sans concession sur le rallongement de l’espérance de vie et les conséquences fâcheuses qui en découleront fatalement. On peut s'attendre à une sulfureuse démonstration de cet anticonformisme décoiffant sur TF1 et RTL le 13 mars avec la diffusion du concert des Enfoirés."

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