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samedi 3 octobre 2015

Classe sans note et DNB

La semaine dernière, j'ai reçu les résultats aux épreuves du DNB (diplôme national du brevet) de mes élèves de l'année dernière. Quelques constats :

Cette classe a débuté très bas. Des élèves en grande réussite en faisaient partie, mais aussi des élèves en difficultés très importantes, et de longue date. Et puis pas mal de jeunes qui ne réussissaient pas bien, mais qui clairement pouvaient faire beaucoup mieux, en s'agitant un minimum les neurones. L'assiduité était également problématique dans cette classe, avec beaucoup d'absents à 8 heures, et quelques décrocheurs présents de façon épisodique.
C'était aussi une classe sympathique, souriante, bon enfant, mais pas facile à mettre au travail. Le travail à la maison a été difficile à obtenir de façon régulière, même si au final nous sommes arrivés à un résultat assez satisfaisant. Mais même en classe, il fallait sans cesse varier les activités, ruser et faire le clown pour parvenir à capter l'attention, à éveiller l'intérêt.

En fait, j'ai vraiment l'impression de m'être bagarrée, avec cette classe. Mais c'était de la bonne bagarre, qui jamais n'a menacé de tourner au vinaigre.

Ces résultats de DNB, je les attendais. Je comptais sur eux pour me conforter dans mes pratiques pédagogiques. C'est compliqué, en troisième, de faire travailler les élèves par compétences, de leur faire comprendre que là est l'important, lorsqu'on est contraint de noter, en parallèle, pour satisfaire aux exigences de fonctionnement du DNB. Au départ, les élèves ont tendance à ne regarder que la note, et non l'analyse de ce qu'ils savent faire bien, pas mal, un peu ou pas du tout. Mais cela aussi, j'avais l'impression d'avoir réussi, en fin d'année.

En plus, le DNB n'est pas pour moi l'objectif prioritaire de la formation en troisième. L'objectif prioritaire, c'est de fournir aux élèves les moyens de poursuivre leur scolarité dans la direction qui les met en appétit et qui construit leur avenir. Cet objectif se traduit de façons variées selon les gamins : redonner de l'estime de soi, combler les lacunes et continuer de construire les savoirs, développer l'ambition, atteindre l'excellence, rendre plus autonome, apprendre à prouver, à mettre en forme ses idées et les rendre intelligibles pour autrui, etc. Autrement dit, les emmener plus loin que là d'où ils sont partis, plus loin que là où ils pensaient aller, là où ils peuvent être fiers d'eux. Et en faisant cela, forcément on bosse aussi pour le DNB. Mais c'est plus un corollaire, dans le fond.

Enfin bref, je suis contente et je suis fière de mes anciens :

  • ceux qui étaient déjà en réussite ont tous très bien réussi ;
  • ceux qui pouvaient faire très bien mais qu'il fallait réveiller ont réalisé des prouesses...
  • ceux qui rencontraient des difficultés particulières (manque de confiance en soi terrible, dyslexie, dyspraxie, phobie scolaire) ont réussi à surmonter leurs appréhensions, et ont réalisés des scores qui vont de satisfaisant à excellent ;
  • pour ceux qui étaient en très grande difficulté, cela varie, avec des notes parfois bien basses, mais aussi des performances satisfaisantes. 
Enfin, deux remarques :

La note la plus basse est 8/40. C'est peu, mais très signifiant pour moi : l'élève concerné était en telle détresse scolaire qu'il rendait copie blanche systématiquement pendant le premier trimestre. Il refusait le dialogue, et tisser le lien a été vraiment complexe. Au final, je ne sais pas si on peut parler de lien : nous avons communiqué, mais je n'ai pas l'impression d'avoir réussi à le connaitre, à l' "attraper". Mais juste avant l'épreuve, cet élève est venu me voir. Il m'a dit " Madame, j'ai rien fait cette année en maths mais c'est pas de votre faute. Vous m'avez jamais laissé tomber, alors je vais pas rendre copie blanche. A force que vous m'expliquiez, j'ai bien été obligé de comprendre des trucs. Je vais essayer, même si je saurai pas faire grand chose, faudra pas être déçue.". Il a marqué une pause, et je ne savais pas trop quoi dire. Alors il m'a demandé : "Ca vous fait plaisir ?". Hé bien oui, cela m'a fait plaisir, mêmes j'aurais préféré parvenir à mettre cet élève en réussite, le faire décoller au moins, et lui donner envie de travailler pour lui-même. Mais ces huit points, sachant que ni le point de soin ni le point d'orthographe n'ont dû être gagnés, ils sont là. Et 8/40, c'est infiniment plus que 0/40.

En étudiant les résultats chiffrés de ces élèves, autre chose m'apparaît comme évident : ils ont progressé tout au long de l'année. C'est presque affine, comme évolution, mais le coefficient directeur est positif.

Cette année, ma classe a un profil très différent. Cela va être plus simple, d'ailleurs : les élèves sont volontaires, quel que soit leur niveau. Ils cherchent à comprendre, expriment de la frustration quand ce n'est pas le cas, ne me lâchent pas tant qu'ils n'ont pas compris. Ils me facilitent le travail.

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