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mardi 24 novembre 2015

Claire à la campagne, c'te honte

Entendons-nous bien, j'ai honte. Je ne suis pas fière d'être parfois aussi gourde. Mais bon, en fait c'est drôle, alors je vous raconte mes dernières aventures.

Comme j'ai plusieurs missions, je suis amenée à beaucoup me déplacer dans l'académie. Je roule, je sillonne, et je me perds pas mal.
Il y a peu, je devais passer d'un collège à un autre. Dans l'Eure. Notez que je ne dirai RIEN de désobligeant sur l'Eure. C'est convenu et injuste. Mais je connais mal l'Eure, à part les alentours d'Evreux.
J'avais deux heures pour parcourir un trajet raisonnable. Une demie-heure, m'annonçait le GPS. Prudente, je décide de partir dès ma tâche terminée dans le premier collège ; je trouverai un endroit pour déjeuner dans le village d'arrivée et je pourrai bosser un peu en attendant l'heure de me rendre au collège.
Je pars, et j'arrive dans un délai raisonnable à destination. Je me gare sur une jolie place mignonne tout plein. Je descends, et je trouve l'endroit si charmant que je décide de me promener alentours. Vraiment très très joli. Pas un seul être humain en vue, un silence auquel je n'ai pas l'habitude, mais un lieu remarquable. Un moment de respiration dans un quotidien trop rempli, toute seule, et il fait beau. Cependant, pas l'ombre d'un établissement scolaire.
Je repars en voiture, me disant que la taille de la commune me permettrait de trouver le collège facilement. Ahaaaahaaaaaaa, quelle naïve ! Un piège, c'était. Le village dont jamais on ne ressort !!!
Je m'engage dans sur une petite route, je tournicote, et puis je reviens comme une fleur à mon point de départ. Avec mon sens inné de l'orientation, je ne m'y attendais pas du tout. Bon, pas grave, je pars dans l'autre sens. Rebelotte. Ca m'agace.
Je rentre dans mon GPS l'adresse précise du collège. Ah, tiens, je n'avais pas vu cette route-là. Youpi, en route. Je croise un panneau "Collège XXX". Hé bien voilà, on progresse ! Je roule, je roule, je roule... Et je me retrouve devant l'entrée d'une propriété privée. Plein de gadoue devant moi, une grande barrière en métal, ouverte, et un monsieur, bottes enfoncées dans la gadoue, casquette vissée au crâne, qui me regarde. Oups.
Je recule, marche arrière, je repars en sens inverse. J'ai loupé un truc.
Je reviens à cette fichue place, qui me semble maintenant un peu flippante de perfection et de vide. Non mais c'est pas vrai ! Demi-tour, je réessaie. Je finis à nouveau plantée devant le monsieur, qui entre-temps n'avait pas bougé d'un poil. Je jauge ma motivation pour aller lui demander mon chemin, mais d'une part je n'ai pas super envie de lui parler, même s'il est sans doute fort sympathique, et d'autre part je ne suis pas du tout équipée, ni aux pieds ni en termes psychomoteur, pour traverser la distance qui nous sépare.
Je repars et j'essaie d'entrer par une autre issue dans le village. Là, quand même, je trouve une boulangerie. Comme je ne suis plus sûre de rien, je décide de m'acheter un sandwich, tout de suite. "Bonjour madame ! Vous faites des sandwiches ?" La dame me répond franco : "Des sandwiches ? Non, pourquoi on vendrait des sandwiches ?" Moment de solitude. "Pour les manger ?" ; "Ah non, ça c'est pas nos habitudes, de manger des sandwiches." ; "En fait je viens ici pour mon travail, et j'espérais déjeuner avant..." ; "Ah ben ça aussi c'est pas dans nos habitudes", me répond la dame en rigolant. Bon, bon, bon. Tant pis. "Pendant que j'y suis, vous pourriez m'indiquer le collège ?" ; "Le collège ?! Il n'y a pas de collège, ici!". Heuuuuuuuuuuu ça y est, je ne suis plus sûre de rien. Suis-je au bon endroit ? Existe-t-il plusieurs communes du même nom ? Vais-je être à l'heure ? Aaaaaaarg. Je me sens un chouillat découragée.
La dame prend sans doute pitié : "Ce qu'on peut faire, c'est que je vous vends le pain, et puis vous allez à la boucherie et vous leur demander de vous vendre un truc à mettre dedans.". Bon ben ok, on va faire ça. Il y a aussi une boucherie, ma survie est assurée.
Je repars avec mon bout de pain et un flan. Je trouve symbolique le choix du flan. Je me sens comme lui.
Je suis les indications de la boulangère et je trouve la boucherie. Petit succès, qui me revigore un peu. Le couple qui tient la boutique est très sympa et mon histoire les amuse beaucoup. Leur étal est très très attractif, d'ailleurs. J'achète ma tranche de jambon et je demande si ils savent où se trouve le collège. "Ben oui, c'est facile, vous repartez là, par là, et puis vous continuez tout droit un bout de temps. C'est marqué impasse, mais c'est pas du tout une impasse. C'est drôle d'ailleurs, pourquoi c'est marqué impasse, on ne sait pas. Et puis vous arrivez sur un parking et vous le traversez en diagonale, et puis là c'est le collège." Oooooooké. L'espoir renaît. Je n'avais pas pensé à rouler dix minutes dans une impasse, chuis nouille, aussi.
Je fais tout comme a dit le monsieur. Je dépasse des gamins, sac à dos et baskets : youhouuuu, merci monsieur et madame de la boucherie !!! Je me gare, et je souffle. J'ai mis une heure et quart à arriver là...

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