Pages

mercredi 3 février 2016

Evaluation en temps limité ?

Nous débattions récemment avec mes étudiants enseignants stagiaires des évaluations en temps limité. Un problème récurrent lorsqu'on débute (et parfois aussi bien après avoir débuté) est de parvenir à estimer le temps nécessaire "raisonnablement" pour une évaluation, à calibrer la consigne de sorte que les élèves aient le temps, mais n'aient pas fini trop en avance, ce qui pose souvent des problèmes de gestion de classe.

C'est une question relativement insoluble, car nos élèves ont des rythmes très différents. Taper "dans la moyenne" peut conduire à ne satisfaire personne, comme souvent lorsqu'on se fie à cette fichue moyenne. Nous entraînons les élèves à ne pas manquer de temps pour l'épreuve du brevet (ce qui est plutôt facile ; en général ils partent en avance, en ayant fait tout ce dont ils s'estiment capables), et pour l'épreuve du bac (c'est plus variable mais là aussi les candidats ont le temps de faire tout ce qu'ils "peuvent").

A mon sens, poser des impératifs de temps limité de façon stricte, systématique et autoritaire dans des niveaux tels que 6ème, 5ème, 2nde, n'est ni nécessaire ni bénéfique aux élèves. En 4ème et en 1ière, on peut proposer plus régulièrement des épreuves dans lesquelles "gérer le temps" est un objectif, et encore davantage dans les classes à examen. Mais il est clair que cette contrainte de temps limité en panique certains, qui ne sont plus aptes à réfléchir là où ils auraient pu produire, prendre confiance et faire mieux, plus sereinement, la fois suivante.

En même temps, il ne s'agit pas non plus de laisser un élève une semaine sur son évaluation... Il faut tout de même des limites. Toutefois, je pense que ces limites sont assez souples. Pouvoir dire à des élèves de 6ème que "si ils n'ont pas fini, ils termineront la fois prochaine" ôte visiblement une pression. Ils réussissent mieux, mais surtout ils tendent à réussir de leur mieux.

C'est pourquoi je propose en 6ème, 5ème et 4ème des évaluations à niveaux. Souvent, le premier niveau est constitué d'une fiche qui correspond au socle commun de connaissances. Le deuxième niveau demande plus de lecture, d'analyse de consignes, de recherche et de rédaction. Et le troisième niveau est un niveau facultatif, qui va permettre à ceux qui le peuvent d'aller plus loin encore, mais qui ne sera pas évalué négativement pour les élèves qui n'auront pas le temps de l'aborder.
Si l'évaluation s'étend sur plusieurs séances, je m'oblige à corriger leur production : je sais ce qui est issu du "premier jet", ce qui est important en terme d'évaluation, et je peux attirer leur attention sur ce qu'ils peuvent corriger pour faire mieux encore. Seule consigne : les corrections apportées doivent être dans une couleur différente (et qui pète) pour faciliter ma deuxième correction. Les élèves ont donc la possibilité de reprendre leur copie et de l'améliorer, exercice d'ailleurs très peu naturel et difficile en début d'année.

Bien sûr, le fait que j'évalue sans notes mais avec des compétences rend ce système possible plus aisément que si j'attribuais des notes chiffrées. Je peux construire un bilan de compétences par niveau. Ainsi, dans le bilan du troisième niveau, un élève qui n’a pas réussi ou pas traité la question se voit attribué « non évalué », et non « rouge-rouge ».

La plupart du temps, les élèves sont occupés à tâches mathématiques sur toute la durée de l’évaluation.

Et lorsque Rapido et Speedy ont fini avant tout de même ? C’est là que ma bibliothèque de travail entre en jeu :
Trois élèves terminent leur évaluation, un autre est allé chercher une BD sur les maths.
Comme nous avons étudié l'oeuvre d'Escher, un élève rapide
se lance dans de la déformation de dessin, activité prise dans
les fiches à disposition dans la bibliothèque.
Un super rapide cherche à construire sa propre illusion d'optique
Trois élèves qui ont fini choisissent leurs activités post-évaluation, librement
ou sur mes recommandations
Une élève construit un patron de cube, puis un patron de pavé droit,
puisque c'est ce qu'elle doit faire pour vendredi. Ainsi, je peux l'aider et
vérifier son travail.
Cela demande du matériel et de l'organisation. Mais c'est intellectuellement satisfaisant, car les élèves sont en activité mathématique, tous, et ceux qui ont besoin de prendre de l'assurance face à l'évaluation le peuvent.

2 commentaires:

  1. J'avais eu l'année dernière une formation qui parlait aussi de niveaux d'évaluations, notamment en histoire-géographie. J'avais réfléchi à ce procéder, et pour des élèves, j'ai réussi à le faire.
    Ils partaient tous du même sujet, et si vraiment l'élève bloque, j'apporte une parti de cours que j'écris sur la feuille. Dans de très rare cas, j'allais jusqu'à l'exemple.
    Est-ce que vous donnez des cours à l'espe la semaine prochaine, j'avoue que je suis intéressé de voir les débats, notamment sur l'évaluation.

    RépondreSupprimer
  2. Mon module sur l'évaluation est passé ; vous êtes sur Rouen ? En histoire-géo ?

    RépondreSupprimer