En visite dans une classe, aujourd'hui, j'observe l'enseignant. Je suis assise au fond. Mon petit voisin rame et répond à la consigne de l'exercice en faisant ce qui pourrait ressembler à si méprendre à n'importe quoi, si on n'est pas de très très bonne volonté. Mais je suis pleine de bonne volonté ! Je me penche vers lui, et je lui chuchote :
" Tu peux m'expliquer ce que tu fais, là, pour répondre à cet exercice ? "
Il me répond en chuchotant aussi :
" Non, j'peux pas. J'fais n'importe quoi, pour pas que il me crie."
"Ah. Tu veux que nous relisions la consigne, pour essayer de comprendre, tous les deux ? "
" Non mais c'est pas la peine : moi je comprends rien et pis vous, si vous êtes obligée de revenir à l'école alors que vous êtes vieille, c'est pas maintenant que vous allez comprendre. "
Je réfléchis à quoi répondre, en souriant à ce petit bonhomme. Probablement pense-t-il, devant mon micro-silence, que je suis en difficulté, que moi-même je rame, que je souffre comme lui. Alors il ajoute, consolant :
" Mais faut pas vous inquiéter, les maths ça sert à rien. Enfin, les maths de l'école, hein. A rien du tout. Mais ça faut pas le dire au prof, lui il croit que si. Et il est sympa, alors ... "
Et il me sourit.
Je me sens un petit peu seule, d'un coup...
Ah mais je le reconnais lui..C'est le petit Ernesto de M.Duras.
RépondreSupprimerNe t'inquiète pas, le maître finit par avouer à ses parents qu'il finira par tout apprendre dans la vie "par la force des choses"...