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mardi 8 novembre 2016

Oui, je suis utopiste. Et non, je ne me soigne pas.

Le Monde.fr a publié hier un article intitulé "Le métier d'enseignant attire toujours, mais pas suffisamment". On l'avait compris dans le reportage d'envoyé spécial.

L'auteur de l'article, Mattea Battaglia, pose la question suivante : " Le « métier » d’enseignant peut-il faire rêver, quand on attend des jeunes professeurs qu’ils résolvent tous les maux de la jeunesse ou presque ? "

Il répond façon normand : " C’est que la question ne peut être tranchée d’un oui catégorique ou d’un non rassurant. Voilà en tout cas ce qui ressort de la lecture du volumineux rapport consacré à l’attractivité du métier d’enseignant que devait dévoiler, lundi 7 novembre, le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco). (...) {Ce rapport}, sans céder aux sirènes du pessimisme, interroge scientifiquement l’ampleur et les causes d’un recrutement qui, en dépit des réformes engagées, reste problématique, en cette fin de quinquennat, dans certaines académies – à commencer par Créteil et Versailles –, mais aussi dans certaines disciplines. Et non des moindres : les mathématiques, les lettres modernes, l’anglais. "

Bon, je le note, j'ai de la lecture.

L'article pointe les inégalités entre académies, et les inégalités de niveau disciplinaire des enseignants, qui en découlent : " le dernier candidat admis en liste principale à Créteil, en 2015, a obtenu 8/20, contre 13,5/20 dans l’académie de Rennes."La crise de recrutement serait donc « sectorielle » et « non globale ». 

Il semble aussi que le choix du métier d'enseignant soit précoce : "60 % des étudiants envisageant d’embrasser cette carrière l’ont décidé avant leurs études supérieures. Et 25 % de ceux souhaitant devenir professeurs des écoles y pensent… depuis l’école primaire." Mais les aspirants enseignants n'idéalisent pas: ils voient le métier attractif, mais pas prestigieux.

Si l'on en revient à la question initiale : " Le « métier » d’enseignant peut-il faire rêver, quand on attend des jeunes professeurs qu’ils résolvent tous les maux de la jeunesse ou presque ? " 
Ah ben c'est sûr, présenté comme ça, non, pas trop. 

Et pourtant...
Finalement, est-ce si important que ça, d'être dévalorisés, pris pour des glandus fainéants, par monsieur tout-le-monde ou par monsieur l'ex-président de la République ? C'est désagréable, c'est agaçant, c'est surtout injuste. Mais c'est faux, alors ce n'est pas si important que cela (même si régulièrement cela m'horripile et que je déverse mon mécontentement ici).

Oui, le métier d'enseignant peut faire rêver. D'ailleurs, vingt ans de carrière n'ont fait, pour ma part, qu'amplifier le bonheur à exercer cette magnifique profession. C'est difficile, souvent, c'est fatigant, beaucoup (parce qu'en fait on bosse vraiment), c'est frustrant, parfois (ça bouge lentement, même quand il y a le feu). Mais enseigner, c'est transmettre, c'est partager, c'est aider, c'est faire grandir, c'est communiquer, c'est se remettre sans cesse en question, c'est devoir s'adapter, c'est réfléchir sans cesse, aux grandes théories et à ses gestes professionnels quotidiens, c'est être de plain pied dans la vie, c'est être utile, c'est donner confiance, c'est débattre, c'est écouter, comprendre, essayer, se tromper et recommencer, c'est apprendre au contact des jeunes, des moins jeunes, des anciens, c'est se transformer pour être meilleur. C'est un métier où on est libre, plus que dans beaucoup d'autres.
Alors enseigner, si on s'y donne authentiquement, peut aussi abimer. Il faut veiller, savoir se préserver, aussi. Mais oui, c'est un métier qui a des raisons de faire rêver. Ne serait-ce que parce qu'enseigner, c'est tenter d'améliorer le monde.

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