Le numéro de juillet-août de Books a pour titre "Les enfants difficiles". Et comme sous-titre "Hyperactivité / Ritaline / Précocité / QI / Violence / Internet /Drogue / Profs / Parents / Psys."
Je l'ai acheté, d'une part parce qu'en général j'aime bien Books (bien qu'un ou deux numéros m'aient franchement dérangée dans leur engagement) et d'autre part parce qu'en tant que prof, savoir des choses sur les enfants "difficiles", ce peut être utile.
Avant même d'en commencer la lecture, une question se pose : un enfant difficile, qu'est-ce que c'est ? Et un enfant pas difficile, d'ailleurs ? C'est un enfant facile ? Quand commence la difficulté, comment distingue-t-on l'expression de la différence et de la volonté d'autonomie de la "difficulté" ? L'idée d'enfant "difficile" ne devrait-elle pas plutôt être remplacée par l'idée d'enfant en souffrance ? Ou bien cette idée est-elle trop "compréhensive", et il existe des enfants difficiles qui ne souffrent pas ?
D'abord, Books propose plusieurs articles sur l'enfance, ce qu'est être adulte, sur l'adoption, sur les parents toxiques. Un extrait du roman Gil sdraiati, de Michele Serra, décrit de façon tout à fait angoissante une "génération affalée, apathique et consumériste". Puis on part pour une petite ballade autour du monde : la pression scolaire exercée par les parents américains qui rendent leurs enfants "pourris gâtés", les enfants suédois qui ont "pris le pouvoir", "l'Espagne et ses petits dictateurs", Julie Myerson, maman anglaise qui a mis son fils drogué et violent à la porte et l'a raconté dans un livre qui " a soulevé de nombreuses protestations", bref que du bonheur.
Dans cette première série d'articles, ce qui m'a frappée c'est que beaucoup de parents se présentent ou sont présentés comme tout à fait dépassés. Ils n'osent pas sévir, ne punissent pas, hésitent pour finalement céder à tout. J'ignore si cette vision des choses est vraie, car elle ne reflète pas ce que je vois chez mes amis et la majorité des parents d'élèves que je rencontre, mais c'est assez effrayant. Eduquer c'est aussi contraindre, car parfois la voie à suivre n'est pas la plus plaisante. C'est aussi composer avec l'enfant, tenir compte de sa personnalité et s'adapter, mais dire non et faire preuve d'autorité est indispensable et peut devenir naturel pour tout le monde si le climat créé est un climat de respect et de confiance. Ce qui n'exclut pas les moments compliqués, les conflits, les nuits à réfléchir à comment faire et des voies sans issue, car les parents ne maitrisent pas le comportement de leur enfant. Mais cela ne justifie pas d'abandonner et de se réfugier derrière le découragement. Avoir des enfants, oui, c'est fatigant.
Un article dans cette première partie a retenu mon attention particulièrement : "parents, détendez-vous !". Je cite: "Les parents surestiment beaucoup l'influence - bonne ou mauvaise - qu'ils ont sur la personnalité, l'intelligence, les valeurs et la sociabilité de leur enfant.". Selon l'auteur, les parents sont interchangeables, et ce qui serait déterminant serait les gènes et le groupe de pairs : les amis, les camarades de classe, etc. Des expériences sur des jumeaux sont assez intéressantes. Pourtant, je n'arrive pas à être convaincue. En cela je suis désespérément banale car la thèse avancée "choque le sens commun". En effet, mon sens commun est tout choqué. Je suis consciente que chacun a sa propre personnalité et agit de façon indépendante, mais être parent c'est aussi aider l'enfant à se connaître pour apprendre à se maîtriser. Essayer de lui transmettre des valeurs morales est-il vain ? Je ne le pense pas quand je regarde la marmaille de la maison, qui partage des valeurs communes.
La deuxième série d'articles aborde des études de cas : de jeunes homosexuels harcelés, des enfants qui se vivent de l'autre sexe que celui indiqué à la naissance (ce qui serait beaucoup plus fréquent qu'on ne le croit), de jeunes "surdoués" (le mélange de surdoués, de précoces, de zèbres et de hauts potentiels me semble maladroit, et l'article pose les fondamentaux sans proposer de nouveauté), les turbulents de l'école (c'est-à-dire presque tous les enfants...), les hyperactifs, les enfants chimiquement sages.
Dans l'ensemble, je reste un peu sur ma faim, même si l'article sur l'influence des parents dans l'éducation et celui sur la transsexualité m'ont intéressée particulièrement. Les questions d'éducation, c'est vraiment compliqué, et très personnel.
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