J'ignorais tout à fait que ce livre passait pour certains comme un livre événement. Je l'ai découvert en me documentant pour cet article. Le Figaro en parle ici, RTL là. Pour ma part, j'ai beaucoup, beaucoup aimé cette lecture : le style, le mélange réaliste d'originalité et de banalité des personnages, l'aspect profondément terrien des descriptions. J'ai fini ma lecture d'une traite malgré la fatigue du soir, le sourire aux lèvres.
Assise devant la table, j'ai saisi la calculette électronique rangée dans le tiroir pour y rentrer fébrilement un à un les chiffres inscrits sur le carnet. Comme tous les ans, mon coeur s'est mis à battre un peu plus vite à l'instant où mon doigt appuyait sur la touche EXE. pour la grande addition finale. Et bien sûr, comme tous les ans, c'est ce même nombre désespérant qui a envahi l'écran. 14 717. Je rêve toujours d'un nombre plus chaleureux, plus rondouillard, plus agréable à l'oeil. Un nombre avec en son sein quelques zéros bien ventrus, voire des huit, des six ou des neuf pansus à souhait. Un beau trois, généreux comme un poitrine de nourrice, suffirait amplement à mon bonheur. 14 717, c'est tout en os, un nombre pareil. Ca vous expose sa maigreur sans détour, vous agresse la rétine de l'aigu de ses angles. Quoi que vous fassiez, une fois posé sur le papier, ça reste toujours une suite de droites fracturées. Il suffirait d'une seule faïence de plus ou de moins pour habiller ce nombre antipathique d'un début de rondeur avenante. J'ai remisé la calculette dans son étui en soupirant. 14 717. Il va me falloir cette fois encore me contenter de ce nombre disgracieux pour les douze mois à venir.
Voici un bien riche passage pour moi, et en plus accessible à mes collégiens du point de vue des contenus mathématiques évoqués. Je vais, dans les semaines à venir, bricoler un petit intermède littéraire sur la base de ce texte. J'en ferai le bilan ensuite sur le blog.
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