Pages

samedi 25 octobre 2014

Photomath, l'application inutile qui fait le buzz

Un ami m'a envoyé un lien qui m'a fait découvrir " photomaths, l'application qui savait résoudre les équations". J'ai tout de suite trouvé ça rigolo, et j'ai commencé à chercher comment l'utiliser en classe, avec les élèves. Bon, ça n'apporte rien du tout par rapport à une calculatrice formelle, qui est autorisée au bac et donc en classe, mais le support du téléphone peut à coup sûr capter l'attention de certains élèves.
Faire le buzz, c'est réussi pour cette appli. Je ne vais pas pousser davantage mes recherches d'ailleurs, car entre "l'appli pour tricher" (cf. la remarque sur les calculatrices autorisées, elles, et aux performances bien meilleures) et autres titres accrocheurs idiots, on sent bien en parcourant les en-têtes des articles que ce sont des spécialistes qui les ont rédigés.
Sur le site dédié à l'appli, ça semble assez chouette, au premier abord. Simple, dépouillé, efficace.


J'ai quand même lu avant, dans l'article envoyé par mon ami, que "le cheminement menant à la résolution est quelque peu alambiqué, mais le résultat se révèle bien souvent juste, pour peu que le moteur de reconnaissance ait correctement analysé l'équation proposée. Histoire de limiter la casse, le fonctionnement n'est garanti qu'avec des caractères d'imprimerie : inutile de lui soumettre vos pattes de mouche.". Ah, c'est pas top ça. OK, je télécharge et je vais chercher un manuel.
J'apprends aussi que "Photomath ne sera toutefois pas vraiment la panacée pour les lycéens allergiques aux maths : elle ne gère en effet que les équations du premier degré, avec les quatre opérations de base. L'application s'accommode relativement bien des fractions, mais elle peine en revanche lorsque des parenthèses entrent dans la danse.". Ah, ben alors ce n'est la panacée pour personne... En gros, dès qu'on apprend à résoudre une équation, on a besoin de parenthèses ! A quoi sert de faire reconnaître les racines cubiques si on ne peut pas utiliser les parenthèses ?

Pour voir tout de même, j'ai commencé par ça, au niveau 3ème : 


Cela m'a donné ceci, fidèle à l'énoncé, malgré les parenthèses. Le développement est peu pertinent vu le joli produit de facteurs nul, mais c'est juste :

Puis ceci, où l'on voit bien que les étapes sont très détaillées. Pour ne pas comprendre le passage d'une ligne à l'autre, c'est vrai qu'il faut le faire exprès.

Je passe la suite, sinon ça va être long. Voici le résultat que me fournit l'appli :

Là, ça coince. Normal : c'est du second degré et PhotoMath ne sait pas le traiter. En fait, je m'attendais à ce qu'au départ l'appli reconnaisse deux équations du premier degré. Mais non.

J'ai eu beau chercher dans le manuel de 3ème, pas moyen de trouver une équation sans parenthèses ou autre signe non reconnu. Alors je suis allée dans le manuel de quatrième.

Deuxième essai donc. Il m'a fallu quatre essais avant que soit bien reconnue ma proposition d'équation :




Pas mal, jusqu'à 9,7y = 4. Mais pour une application qui prétend résoudre des équations, donner une valeur approchée en écrivant "=" devant, c'est embêtant. Et faux, surtout. Sur une calculatrice de type collège, en tapant 4/9,7 on obtient une fraction irréductible. Donc bof.

Au final, cette appli ne sert à rien. Ou alors en CM2 et en 6ème, si un élève n'a pas envie de résoudre ses opérations à trou et comprend par lui-même le recours à la lettre. Auquel cas on peut parier qu'il n'aura pas du tout besoin d'aide pour trouver la solution. Mais sinon, vu les résultats et le temps perdu à scanner plusieurs fois l'énoncé, c'est peu probant.

Je laisse le mot de la fin au journaliste (...) qui a écrit l'article de clubic.com au sujet de cette appli :
"En attendant, le corps enseignant va certainement devoir se préparer à bannir smartphones et autres lunettes connectées des salles de classe pendant les devoirs sur table...".

Ah ben oui, on n'y avait pas pensé !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire