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mardi 16 décembre 2014

Les dys- et les maths

La dyscalculie est à distinguer de l'acalculie. L'acalculie est la perte d'aptitudes de calcul, mais c'est un trouble acquis, comme après un AVC ou une lésion corticale. La dyscalculie, elle, est un trouble qui se présente dès les premiers apprentissages. Elle comporte une dimension développementale et l'enfant se compose avec ce trouble. La dyscalculie est parfois associée concrètement à la dyslexie, la dyspraxie, par co-morbidité. Mais elle peut exister seule chez un enfant.

Il existe plusieurs classifications concernant la dyscalculie. les deux principales utilisées repèrent des difficultés dans les apprentissages en calcul, un retard aux tests en maths, éventuellement un échec scolaire, mais ni déficit sensoriel ni intellectuel, et pas de troubles de la lecture. La question est ensuite de savoir si le sujet obtient à des tests spécifiques des notes inférieures à la moyenne de 1,5 à 2 fois l'écart-type.

Un des enjeux est de distinguer retard et dyscalculie. Il peut exister des décalages développementaux dûs à une rupture de scolarité, au fait de suivre une scolarité dans différents pays en peu de temps, etc. La persistance du trouble et le vécu de l'enfant sont importants. On remarque même des différences culturelles : une étude de Geary en 1992 a comparé des enfants aux Etats-Unis et en Chine sur l'acquisition des tables de multiplication. Les enfants américains avaient deux ans "de retard" au travers de ce test, dans leurs capacités à mémoriser des résultats construits avec les premiers nombres. Une des explications est que les jeunes asiatiques procèdent comme les enfants sourds profonds de naissance, c’est à dire qu’il ne construisent pas le concept de nombre par comptage oral. Lorsque les jeunes américains sont confrontés à l’irrégularité de désignation des nombres au-delà de 10 (eleven, twelve)  , les jeunes asiatiques utilisent des suites verbalisées, la réunion de collections (10 et 1, 10 et 2, 10 et 3 …).
Le décalage s'expliquait donc par une façon différente de présenter l'apprentissage. 

Si l'on suit la théorie de Piaget, la dyscalculie est une mauvais construction du concept du nombre, du développement des opérations logiques et de leurs combinaisons. Mais selon Vigier (2012), c'est le processus d'abstraction réfléchissante qui fait défaut aux élèves en difficultés numériques. Selon lui, le terme d’innumérisme ( créé par Dehaene, 2003) est plus approprié, et bien d'ordre environnemental.

Pour les dys-, les difficultés sont multiples : le dénombrement est une activité composite, qui coordonne une activité de pointage et d'énonciation de mots-nombres. Il y a là du procédural et du déclarait, qu'il faut combiner. Les dyspraxiques butent sur le procédural, les dyslexiques sur le déclaratif. Idem pour le calcul, qui mêle connaissances par coeur (le déclaratif) et connaissance des méthodes (savoir comment on fait, le procédural). De toute façon, vu la syntaxe du numérique, les enfants qui rencontrent des difficultés visio-spatiales sont en difficulté dès la construction du nombre en chiffres.

Pour les autistes (de haut niveau), les difficultés sont moindres sur les nombres que sur les mots. Ils montrent même parfois des performances supérieures à la normale sur la maîtrise des nombres. Mais, s'il aucune différence qualitative n'est visible, ils sur-investissent le déclaratif, par la mémorisation. Cela donne une illusion de maîtrise, par un système de compensation.

Les IMC (infirmes moteurs cérébraux) rencontrent des difficultés sur le comptage, la correspondance terme à terme, les aspects procéduraux du comptage, et sont dans l'incapacité de décrire les procédures de calcul.


Les hyperactifs (l'hyperactivité est délicate à analyser car elle cache parfois d'autres problématiques) ont des difficultés face aux connaissances procédurales, car ils souffrent d'un déficit d'attention à toutes les étapes.

Mais il y a encore bien d'autres troubles qui qualifient les élèves d'élèves à BEP. Leur étude est aussi intéressante que sont urgentes les remédiations. Mais ça, faute de temps, la conférencière de la journée élèves à BEP n'a pas eu le temps de les aborder...

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