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vendredi 30 octobre 2015

Un prof de maths qui rêve...

Cette nuit, j'ai fait un rêve vraiment construit. Un vrai rêve de prof.

J'arrive devant un lycée. Des tas de lycéens convergent vers l'entrée, tapent un code sur un boitier fixé sur la porte, et entrent. Moi, je ne connais pas le code, et je suis bien embêtée. Un dame, de l'autre côté de la grille, m'interpelle d'un ton assez désagréable : "Qui êtes-vous ? Pourquoi voulez-vous rentrer ?". Elle m'est tout de suite antipathique, mais je lui réponds de la façon la plus neutre possible : "Je suis la nouvelle prof de maths. J'ai eu ma mutation pour cet établissement." Elle me déclare "Oui ben pas de code, vous ne rentrez pas, c'est tout."

Crotte, ça commence mal. Je regarde autour de moi, mais les lycéens entrent sans faire attention à ma présence. Maintenant ça me saute aux yeux : je suis au Quebec. Je visite beaucoup de sites canadiens, ces jours-ci. Ils sont très très fort du point de vue des expérimentations pédagogiques. Et puis j'ai regardé la vidéo de la vie de Pythagore par des élèves québécois, aussi, la veille. Je me dis que ce n'est pas courant, comme situation, d'être mutée au Quebec, mais bon. Je demande à un lycéen le code. Il me le donne gentiment, c'est 6-1-8-4-9. Je me dis que ça va, comme empan, c'est raisonnable. Ca, c'est la conférence de monsieur Fayol aux journées de l'APMEP. Je rentre.

L'établissement est très, très grand. J'ai un petit papier dans la main, qui m'indique un vague emploi du temps. Je dois me rendre salle 382. Je croise des tas d'étudiants très québécois, et comme pour enfoncer le clou, mon cerveau en a doté un grand nombre de sandwiches au beurre d'arachide. Plusieurs m'en proposent, d'ailleurs. C'est gentil, mais non merci, je déteste ça.


Je sillonne le lycée, je vais de bâtiment en bâtiment. Je ne trouve aucune logique aux numéros affectés aux salles. Tous sont des nombres à trois chiffres, mais ils ne dépendent pas du tout de l'étage. Je ne trouve aucune salle 382. Il y a une salle 380, à côté une salle 231 et une salle 141, puis la salle 383. Mais pas celle que je cherche. Je demande à des lycéens, qui me demandent quel groupe classe je cherche. Mais je l'ignore. D'ailleurs je me fais la réflexion que je ne connais pas non plus les programmes. Pour autant, cela ne m'inquiète pas outre mesure : je me dis que je leur proposerai une activité qui semble adaptée à leur âge et qui me permettra d'évaluer leurs acquis. Oui bien sûr... Je ne sais pas qui sont mes élèves, ce que je crois leur apprendre, ni où ils sont, mais tout va bien!

Un jeune homme me dit qu'il croit avoir vu une salle 382 de l'autre côté de la cour, mais il n'est pas sûr parce que les numéros changent tout le temps. Ca me rappelle la maison des feuilles, un bouquin assez fantastique. Je commence à accélérer, car je ne voudrais pas être en retard. Alors je décide de passer de l'autre côté de la cour par le chemin le plus rapide. Je vous fais un dessin, parce que là, ça devient technique.

le truc qui traverse la bac à sablé géant est une passerelle,
avec un escalier de chaque côté.
Mon objectif est de suivre le trajectoire en vert. Pour ça, je passe au-dessus d'une clôture assez haute sans aucun problème, parce que je suis hyper sportive, bien entendu et je commence à traverser une étendue de sable. Je trouve ça incongru, mais surtout je ne comprends pas pourquoi tout le monde s'agite autour de moi : les lycéens me crient des trucs l'air tout paniqués et font de grands gestes. C'est curieux, mais je ne m'inquiète pas.

Et puis là, je ressens une vibration très forte qui vient du sol. Je me retourne et je vois, effarée, un immense ver de sable. Il sort à la verticale du sable et il est rapidement très clair pour moi qu'il veut m'avaler toute crue. Alors paf, ni une ni deux, je balance mon cartable par-dessus la clôture car il est hors de question qu'un ver de sable dévore mon cartable... et je cours vers la passerelle qui permet de passer au-dessus du bac à sable. Je perds mon emploi du temps en route, ce qui m'embête beaucoup car le proviseur, qui est la dame de l'entrée de tout à l'heure, ne m'en donnera sans doute pas un nouveau, vu comme elle est désagréable. Déjà que je ne trouve pas ma première salle, je me dis que ça va être compliqué pour la suite. Mais bon, un problème à la fois :
pour l'heure, je cours. En courant, j'attrape deux grandes pierres, plates et circulaires, genre des nénuphars fossilisés. Ca doit être très lourd, mais pourtant je détale comme un lapin car en plus d'être souple et rapide, je suis super forte. Et je fais des cabrioles improbables avec une grande agilité (...), et je me retrouve sur la passerelle. J'entends des réactions de soulagement plus bas, mais je n'en reste pas là. Visiblement j'ai décidé de régler mes comptes avec ce ver de sable. Il me semble aveugle (il n'a pas d'yeux, ce qui m'aide à parvenir à cette conclusion), et je suppose qu'il se déplace grâce aux vibrations. Alors je balance d'en haut de la passerelle mes deux nénuphars fossilisés, blaf. Cela a l'effet escompté, et le ver de sable, qui restait immobile depuis mon envolée sur la passerelle, se précipite juste au-dessous de moi. Je me mets à sauter sur place de toutes mes forces sur la passerelle, et le ver se redresse et s'élance pour me croquer. Mais il mord à pleine gueule la passerelle en métal, qui résiste, heureusement pour moi, et le choc assomme mon ver. Il retombe sur le sable, groggy ou mort, je ne sais pas.

Alors je me penche pour le regarder. Bon, je dois aller chercher mon sac. Mon emploi du temps, c'est mort, il l'a bouffé. Il faut que je trouve une solution pour en avoir une copie. Mais surtout, je suis en train d'échafauder des activités pour transformer le ver en objet pédagogique : et si on trouvait un moyen d'évaluer sa longueur ? Peut-on l'assimiler à un cylindre, et calculer son volume ? On pourrait sûrement faire des calculs de vitesse rigolos. J'ai hâte de trouver mes élèves ; je vais les amener ici et on va faire une super première séance. Ca ferait un bon EPI, SVT-maths ou EPS-maths. De la vraie pédagogie de projet, façon Freinet.

Et là, je me réveille.

Pfou, prof, quel boulot !

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