Pages

mardi 18 octobre 2016

Divagations : comment j'ai dû lutter pour comprendre

Aujourd'hui, j'ai remis le nez dans mon mémoire de CAFFA. J'écrirai bientôt sur ce qu'est le CAFFA, mais dans l'immédiat ce n'est pas mon objet. Sachez seulement que c'est une certification, qui demande, entre autre, d'écrire un mémoire professionnel. J'ai consacré mon mois de juillet à l'écriture, et je dois profiter des vacances de la Toussaint pour finaliser. En période scolaire active, je n'ai absolument pas le temps, et la période novembre-décembre va être terriblement chargée. Il faut donc finaliser, là, en une semaine.
A la faveur du temps libéré par une réunion plus rapide que prévu, de l'absence totale d'appétence pour mes paquets de copies qui attendront les vacances, et puis aussi parce que demain j'ai rendez-vous avec ma tutrice et que recolorer mes souvenirs estivaux était urgent, je me suis replongée dans le premier jet. J'ai exhumé la page de commentaires de ma tutrice, réfléchi à comment les utiliser de la façon la plus efficace possible, et puis j'ai vu les articles qu'elle m'avait sélectionnés. Trois articles de recherche, qui parlent d'identité professionnelle. J'ai essayé de les lire ce matin, pas moyen. Je n'en comprenais pas un mot.
Je suis partie travailler, j'ai entendu Nicolas Sarkozy sur France Inter dans la voiture. Je ne le savais pas à ce moment là, mais en fait il s'est attaqué à mon identité professionnelle. Il a perdu, mon identité professionnelle est assez solide pour supporter les attaques iniques de monsieur Sarkozy.
J'ai participé à ma réunion, et j'ai pas mal réfléchi. Le terme d'identité professionnelle ne me venait toujours pas naturellement, mais là encore c'est bien de cela qu'il était question : comment les différents acteurs de la formation enseignante font bouger, évoluer leur identité professionnelle au travers de leur quotidien professionnel. Comment ils gèrent leurs espoirs et leurs frustrations professionnels, et puis comment ils perçoivent et interprètent leurs missions.
Je suis rentrée au collège, pour chercher ma fille. Comme je suis fatiguée, je n'ai pas fait attention que j'avais une heure d'avance. J'ai repris les articles, et je me suis fait l'effet de la pluie diluvienne qui battait la vitre : ça glisse, et ça n'imprègne pas. Alors je suis descendue discuter avec Sébastien (notre agent d'accueil) d'identité professionnelle. Sébastien est un monsieur droit, franc, qui réfléchit, qui se tient au courant. Discuter avec lui m'a encore fait avancer, comme souvent : c'est vraiment un interlocuteur de qualité.
De retour à la maison après ma dernière partie de journée, j'ai répondu aux mails, écouté les enfants me raconter leur journée, je me suis fait un thé. Et puis j'ai repris les articles. Je les ai lus cette fois, mais dans un ordre différent. Et là, j'ai compris. Pas tout : le langage utilisé m'est parfois étranger, et je ne différencie pas certains concepts les uns des autres. Mais j'ai vraiment commencé à comprendre un truc : ce qu'est l'identité professionnelle et en quoi la comprendre est important pour mon métier.
Je me suis sentie heureuse d'avoir surmonté ma difficulté de lecture, de compréhension. Même si je n'ai pas atteint la clarté, j'ai progressé. Mais pour ça, j'ai vraiment dû lutter. Qu'est-ce qui fait que j'ai persévéré ? J'aurais pu déclarer forfait, que ces articles n'étaient pas dans mon sujet, qu'ils n'étaient pas à ma portée, que cela ne m'intéressait pas. J'aurais aussi pu en faire une purée de mots compliqués pour noircir des pages. Je sais faire ça.
Au lieu de quoi je me suis accrochée. La question est de savoir pourquoi : pas parce que m'en sentais l'obligation institutionnelle, ni parce que cela m'intéressait (comment s'intéresser à ce qu'on ne comprend pas du tout ?), ni pour me conformer à une attente. En fait, j'ai fait jouer deux leviers qui sont chez moi de vrais moteurs : d'abord, j'ai voulu comprendre par respect intellectuel de ma tutrice. Elle est quelqu'un de compétent, et le fait que je respecte sa compétence m'a poussée. Et puis par défi. Je sais que j'ai des limites, mais les repousser me motive. C'est une éternelle compétition contre moi-même.
Mais quand même, j'ai compris mes élèves qui parfois laissent tomber. Ne pas comprendre, devoir travailler un objet intellectuel qui nous est étranger, bin c'est dur.

2 commentaires:

  1. Et dire que je n'ai pas encore de tuteur et qu'on ne m'a toujours pas confirmé officiellement que j'étais dispensé des épreuves d'admissibilité. 😡
    J'admire ton organisation...et ta persévérance pour entrer dans un texte a priori incompréhensible.

    RépondreSupprimer
  2. Ah oui... Mais c'est à rendre quand ? Pour l'organisation, je n'avais pas trop le choix : je savais qu'en période de cours c'était impossible de trouver plus de 45 minutes pour me poser. Et puis une fois lancée, la persévérance s'est imposée d'elle-même : je n'aime pas perdre mon temps, ni renoncer. Je crois que je suis têtue tendance obstinée.

    RépondreSupprimer