Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

mardi 23 septembre 2014

Maths et jeux de rôles : premières impressions

Nous sommes le 23 septembre. C'est le premier jour de l'automne, mais cela fait aussi trois semaines que les cours au collège ont repris. Trois semaines, cela me semble raisonnable pour faire un premier bilan.

La présentation du projet :
Elle s'est bien passée. Je m'attendais à devoir réexpliquer souvent, et en fait non. Les élèves ont compris rapidement le principe et le fonctionnement. Même chose avec les parents de mes élèves, venus très nombreux à la réunion d'information. J'ai eu en retour beaucoup de réactions positives, voire enthousiastes, et quelques réticences bien compréhensibles mais très minoritaires. A moi de convaincre ces parents, par les faits.
Plusieurs collègues m'ont aussi posé des questions sur mon organisation et ont émis le souhait que je l'expose de façon plus détaillée. J'en serais ravie. Jusqu'ici je n'ai pas fait de prosélytisme car pour la première année je préfère essuyer les plâtres toute seule et par respect de la liberté pédagogique de chacun, mais j'ai évidemment envie de partager cette expérience.

La vie en classe :
Le fait de ne jamais copier de leçon plaît beaucoup aux élèves. Cela libère un temps considérable et le plus clair de notre temps, entre deux vidéos explicatives, est consacré à la recherche. Recherche d'exercices, de problèmes ouverts, de mise en valeur d'une solution. Pour moi, cela change beaucoup de choses aussi : lorsque les élèves copient la leçon, il n'y a pas un bruit et le prof se repose. Lorsque les élèves cherchent (par tables de quatre, je le rappelle), ils échangent, discutent et forcément c'est bruyant. Pas terriblement bruyant, mais ce n'est pas du tout le silence absolu de la leçon. Hier par exemple, je me suis dirigée l'air mécontente vers une table bruyante. Et là, j'entends : " mais nooooon t'as rien compris, on t'a dit que soustraire un nombre c'est additionner son opposé !!! Tu comprends, tu changes passe signe du nombre d'avant le moins, tu changes celui que tu soustrais. T'as compris, là ??? ". Bon, je suis quand même allée leur dire de parler moins fort. Mais quel prof de maths n'a pas envie d'entendre parler de calcul sur les nombres relatifs avec un peu de passion dans sa classe ?

D'autre part, la mise en activité de mes élèves a dépassé très rapidement tout ce que j'espérais : ils bossent, réfléchissent, s'aident les uns les autres, c'est vraiment très chouette. Et ils sont très demandeurs : pour les départager en cas de désaccord, pour me poser une question, pour que je réexplique, pour me montrer comme ils ont bien travaillé... Mes heures de cours sont franchement intenses. Je vole de table en table, j'identifie l'exo sur lequel travaille l'élève qui m'appelle (selon leur niveau ils traitent des exos différents), et je produis une explication que je dispense un indice adéquat (enfin, j'essaie).
J'ai aussi l'impression que les élèves reposent plus librement leurs questions, dès le tout début de l'année. Habituellement la mise en confiance sur ce point est un peu plus lente.

Le déroulement d'une séquence s'organise en gros de la façon suivante : activités pour faire ré-émerger les acquis antérieurs, vidéos explicatives, exercices, vidéos pour vérifier la compréhension, leçon lue, commentée, enrichie par les élèves et collée dans le cahier, puis exercices à nouveau, et approfondissements ou remédiation selon les cas. Comme tout est prêt dans mon classeur et sur mes clefs usb, pour le moment ça roule.
Ce déroulement me donne l'impression d'aller plus vite dans la progression, tout en résolvant beaucoup plus d'exercices. Nous traitons d'ailleurs pas mal d'exercices à l'oral, ce qui me permet de vérifier la compréhension de chacun de façon immédiate sur des applications simples, sans perdre du temps avec une trace inutile à ce moment là.

L'évaluation :
Ne pas avoir de notes ne semble pas frustrer les élèves. Ils me demandent encore souvent "est-ce que ce sera noté ?" lorsque je donne un travail, mais l'absence de note ne les choque pas a priori.
Dans toutes mes classes j'ai pu évaluer les acquis transmis en ce début d'année. Quelques constats :
- au départ, ma méthodologie était beaucoup trop lourde ; après une rationalisation des étapes d'évaluation et une utilisation mieux adaptée du tableur, cela me semble viable. Pour les élèves cela ne change rien, excepté qu'ils reportent aux-mêmes les compétences acquises. En fait c'est sans doute mieux : ils voient ce qu'ils sont acquis, ce qu'ils n'ont pas encore acquis. En reportant ces compétences ils peuvent en prendre conscience.
- Des élèves en difficulté parviennent à un total d'XP tout à fait honorable en ayant été attentifs, en travaillant sérieusement, en s'investissant dans les tâches demandées. Ils n'ont pas forcément beaucoup de compétences mathématiques validées pour le moment, mais jouer leur rôle d'élève comme il faut est récompensé, qu'ils réussissent ou pas à trouver "la bonne solution".
- lorsque je regarde les compétences acquises ou pas sur mes fiches, élève par élève, il est évident que le portrait dressé est bien plus précis et constructif que par un 12/20 ou un 17/20.
- l'approche du passage de niveau semble encourager les élèves. Même si ce n'est qu'une étape symbolique, elle est importante pour eux.
- les élèves sont TRES demandeurs de travaux en plus. Il veulent des XP supplémentaires, ils trouvent les exercices que je leur propose amusants, et d'ailleurs il va falloir que je trouve de nouvelles ressources, vu leur appétit... Je reçois de plus en plus de réalisations spontanées : des dessins, des énoncés d'exercices inventés, des figures géométriques, etc. J'adore...

Les deux premières semaines ont été difficiles pour moi. La rentrée est toujours un moment particulièrement fatigant, mais cette année encore davantage. Il m'a fallu changer mes pratiques, me lancer dans des méthodologies différentes, et j'ai perdu beaucoup de temps sur des questions pratiques. Mais ces derniers jours je commence à y voir plus clair. J'ai avancé au moins aussi vite que je l'espérais, mes élèves s'investissent de belle façon, semblent avoir plaisir à être dans ma classe et à faire des mathématiques. Tout le monde est déjà évalué, ça roule de ce point de vue. Et lorsque la journée de collège s'achève, je ressens cette énergie joyeuse caractéristique, qui m'indique que ça marche, que tout va bien, que tout est clair et maîtrisé dans ma tête.
Je m'étais donné jusqu'à Noël pour me sentir en situation de maîtrise et faire un bilan d'efficacité. Je n'aurai pas à attendre jusque là.

2 commentaires:

  1. Boujour, je me permets de vous contacter car je viens de découvrir votre site...émerveillée... Je me suis laissée voguer d'un article à un autre, notant, griffonant, je me rends maintenant compte que cela fait bien 4h que je "feuillette" vos billets.Je suis trèèèss intéressée par le travail par compétence, sans note et donc différentier... mais j'ai énormément de mal à le mettre en place en classe. J'ai du mal à m'approprier le socle, à me créer un référentiel (de compétence et non de savoir faire), c'est un travail faramineux surtout seule (collège REP+ et seule titulaire de l'équipe, le reste est pour beaucoup des contractuels de passage). Auriez vous des conseils? En tout cas votre blog est une mine d'or, merci pour ce partage d'idée et de passion!

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  2. Merci beaucoup pour ce commentaire élogieux ! Je suis ravie que certains articles puissent attiser des envies et susciter l'intérêt.
    Pour répondre à votre interrogation sur la mis en place de l'évaluation par compétences, j'ai bien du mal moi aussi à m'approprier le socle et j'ai donc créé mes propres compétences sur SacOche. Est-ce le logiciel dont est équipé votre établissement ?

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