Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

samedi 27 décembre 2014

Jouer pour apprendre, de l' innovation ?

Non. Jouer pour apprendre ne relève pas du tout de l'innovation. D'ailleurs, comme le dit un excellent professeur d'histoire-géo, on n'innove pas, on recycle, car tant de bonnes idées ont déjà été émises que la tâche est déjà considérable à vouloir les adapter à notre époque et nos besoins.


Platon a écrit, dans Les Lois, entre -300 et -400 :
On commencera à leur enseigner le calcul, par manière de jeu et de divertissement, en leur faisant faire ces exercices imaginés précisément pour l'enfance et qui consistent à partager également des pommes et des couronnes entre un nombre plus ou moins grand de leurs camarades, ou à répartir à leur tour ou successivement et dans l'ordre habituel les rôles de boxeurs ou de lutteurs réservés pour remplacer le vaincu ou appariés pour le combat. On les amusera aussi en mêlant des coupes d'or, de cuivre, d'argent et d'autres matières semblables, ou en les distribuant toutes à la fois, comme je l'ai dit. En appliquant au jeu les emplois indispensables des nombres, on aidera ceux qui les auront appris à ranger et à conduire une armée ou une expédition, à diriger leurs affaires domestiques, et on les rendra certainement plus utiles à eux-mêmes et plus éveillés. Ensuite, quand il s'agira de mesurer des longueurs, des largeurs, des profondeurs, ils seront délivrés de cette ridicule et honteuse ignorance qui se rencontre naturellement chez tous les hommes relativement à tout cela.

Aux alentours de 1938, Johan Huizinga, dans son ouvrage Homo Ludens développe l'idée que c'est le jeu qui rend possible l’existence d’une authentique civilisation : pas de culture sans jeu. Le jeu contribue à la culture, est incontournable, et même la culture naît sous forme de jeu, la culture, à l’origine, est jouée.

D'après Albert Einstein, le jeu est la forme la plus élevée de la recherche. Et selon le Suédois Arvid Bengtsson, Jouer, c’est apprendre... à vivre ensemble, à connaître l’environnement, ... à coopérer


Plus récemment, Pennac a écrit, dans chagrin d'école :
Il faut savoir jouer avec le savoir. Le jeu est la respiration de l’effort, l’autre battement du coeur, il ne nuit pas au sérieux de l’apprentissage, il en est le contrepoint. Et puis jouer avec la matière c’est encore nous entraîner à la maîtriser.

Evidemment, jouer n'est pas toujours un acte éducatif dans une discipline donnée. C'est toujours éducatif dans le sens où cela développe des compétences transversales, comme la communication, la concentration, la logique, la patience, l'apprentissage des règles, etc. Mais on peut jouer dans toutes les disciplines. Avec réflexion, raison et plaisir. Pas n'importe quand ni n'importe comment, et pas tout le temps non plus.

A venir : et jouer aux jeux vidéo, alors, est-ce que ça peut servir à apprendre ? Oah le suspense, dingue !

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