Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

dimanche 17 mai 2015

Le niveau des collégiens français en maths a reculé, qu'on se le dise !

Aujourd'hui dimanche 17 mai, c'est le premier article du Monde sur lequel je suis tombée ce matin, au saut du lit. On peut lire pratiquement le même, mot pour mot, sur Le Figaro, le Parisien, et ailleurs. Dans la foulée, j'ai eu droit à sa version radio... Entendons-nous bien, le rôle des médias est bien de relayer les informations. Mais en la traitant partout de la même façon, j'ai un doute. A croire qu'être journaliste, pour beaucoup, c'est réécrire (à peine) les dépêches de l'AFP.

Europe 1
Selon cette étude du ministère de l’éducation portant sur un échantillon représentatif de quelque 8 000 collégiens de 3e, inscrits dans 323 collèges publics et privés sous contrat, en 2014, un élève sur cinq n’était capable de traiter que des exercices très simples, de niveau CM2 ou de début du collège. En outre, le pourcentage des élèves de très faible ou de faible niveau passe de 15 % à 19,5 % en six ans.

Le Parisien
Alors voyons un peu.
Bon, d'abord, je ne peux m'empêcher de constater que cette étude tombe pile en plein débat sur la réforme du collège. Evidemment, cela pourrait ressembler à de la manipulation d'opinion. Mais non allons allons, ne soyons pas suspicieux. Même si à la fin de l'article on nous précise que justement :

Face à cette dégradation constante des résultats, la ministre Najat Vallaud-Belkacem avait dévoilé en décembre «une stratégie mathématiques» 

C'est pas dingue, ça ? Quelle belle anticipation tout de même !

Ce type d’étude est réalisé tous les six ans pour chaque matière afin de mesurer l’évolution du niveau des élèves. En mathématiques, les collégiens ont été testés sur leur aptitude à résoudre des problèmes de mathématiques, sur leur connaissance des définitions, sur leur capacité à raisonner.
La méthodologie de l'étude est ici. Je n'ai pas réussi à en trouver la teneur, les consignes données aux élèves de l'échantillon étudié.
Une chose est sûre donc : il y a une baisse des performances des élèves déjà en difficulté ou fragiles auparavant. Pour autant, est-ce suffisant pour conclure ?

J'ai tendance à dire non, mais en même temps j'ai conscience que cet article m'a directement agacée, alors je ne suis sans doute pas complètement objective.
FranceTVInfo
Cependant :

- Le choix d'échantillons, la réalisation d'une enquête, c'est du ressort des sociologues et c'est compliqué. Et régulièrement, sur ce genre d'exercice, on se plante.

- Sans précisions sur ce qui a été demandé, c'est impossible de savoir si cette étude est adaptée à ce qu'on enseigne au collège, à ce qu'on attend des collégiens. Par exemple, l'aptitude à résoudre des problèmes n'est pas testée au brevet, en tout cas pas tellement dans le sens de problème ouvert. De ce fait, beaucoup d'enseignants n'en pratiquent pas.
Autre exemple : la connaissance des définitions. Que cela signifie-t-il ? A-t-on demandé du par coeur ou a-t-on testé la capacité à identifier telle ou telle notion mathématique dans un contexte donné ? C'est très différent, car il existe de multiples façon de comprendre le verbe "savoir". On peut connaitre par coeur une définition mais ne savoir qu'en faire.

- Le brevet le bac sont aujourd'hui bien plus difficiles qu'il y a quinze ans. Des exercices surprenants, des consignes où la recherche d'information est loin d'être triviale, des tâches complexes, des exercices contextualisés. Et pourtant, les élèves réussissent mieux. C'est contradictoire.

Le figaro
En fait, à supposer qu'effectivement en six ans des performances mathématiques comparables aient chuté, il faudrait aussi se demander si on enseigne toujours la même chose. Je ne pense pas que les élèves soient moins intelligents. Ni que les profs soient moins compétents. Peut-être une part de nos élèves eux ressentent une plus grande démotivation, peut-être la culture est-elle une valeur qui en perd chez une partie de la population, peut-être une proportion grandissante de jeunes rêvent d'une vie sans effort du type de ce qu'ils voient dans certaines émissions. Mais peut-être pas. Peut-être aussi sommes-nous devant un symptôme parmi d'autre d'un immense problème de société, qui tient au rôle de la famille, au rôle de l'état, à la mondialisation, etc.
Peut-être les médias se précipitent-ils pour répéter tous la même chose, le même jour, dans les mêmes termes, sans réfléchir. Pour servir, desservir une cause qui leur plaît, ou pour noircir des lignes et remplir des pages.
Le Monde
Peut-être ai-je tort de prendre tout ceci à coeur. Sans doute, même. D'autant que c'est vraiment en pure perte. Et que tout ça c'est du vent.

1 commentaire:

  1. Plus de détails : http://www.education.gouv.fr/cid53630/les-competences-des-eleves-en-mathematiques-en-fin-de-college.html

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