Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

vendredi 4 septembre 2015

La ministre, à petits pas indigestes

Madame Vallaud-Belkacem parle sur le Café Pédagogique, ici. Extraits et commentaires personnels.

"Je constate bien un malaise chez les enseignants (...) qui vient de loin, des conditions de travail et de l'image des enseignants dans la société. Cette dernière se décharge beaucoup sur l'école et en demande toujours plus aux professeurs. (...) Les élèves eux mêmes (...) ne se privent pas de contester ici ou là l'enseignement, ce qui rend la tâche du professeur plus difficile encore. Enfin, un niveau de rémunération que l'on sait faible voire très faible. "

Zut, je fais officiellement un métier pourri. Oh le coup de blues !!!

"S'agissant de la réforme du collège, l'année 2015-2016 va être une année charnière, celle de l'accompagnement des équipes pour leur permettre d'appliquer la réforme dans de bonnes conditions."

Oui oui oui. Peut-être... Je vais être optimiste et attendre de voir. Mais ça ne part pas très très bien. Plus loin dans l'interview madame Vallaud-Belkacem aborde l'organisation concrète de la formation des personnels en vue de la réforme. Si ça vous intéresse, allez le lire. La vie scolaire de nos collège va avoir fort à faire, avec le tiers de l'établissement parti en formation. Quant aux "formations rémunérées hors temps scolaire", là aussi j'attends de voir la mise en oeuvre.


Ensuite, je passe. Madame la ministre explique que pour la revalorisation salariale évidemment nécessaire, des efforts sont faits, pour les jeunes enseignants et les enseignants de primaire. J'en suis sincèrement ravie. Mais je ne suis plus jeune et j'enseigne en secondaire, cela ne me concerne donc pas. Je vais continuer à gérer un moment la baisse régulière et observable de mon pouvoir d'achat.

"il y a effectivement beaucoup de velléités de réforme mais que peu ont abouti. Alors, ce dont souffre l'Education nationale, c'est plutôt de ne pas s'être réformée."

Ou mal ? Ou de ne pas avoir de ministre qui impose et définisse clairement des objectifs ? La mélodie du "on vous conseille de faire comme ça mais c'est important l'autonomie, alors faites comme vous voulez..." me lasse. Je rêve de réformes, en effet. Sans bouts de chandelle, tournées vers les élèves, réalistes et ambitieuses. Et puis qu'ensuite on arrête de tout changer tout le temps. C'est fatigant et ça ne ressemble à rien, les politiques éducatives de ces dernières décennies, sinon à un patchwork tout moche et sans harmonie.

"On n'avait pas actualisé la carte de l'éducation prioritaire depuis 30 ans."
C'est vrai, et c'est bien de l'avoir fait et d'allouer des moyens là où les besoins sont urgents.

"Finalement, on leur a trop souvent adressé de vraies injonctions paradoxales qui à mon avis nourrissent aussi le malaise qu'on évoquait tout a l'heure."
C'est vrai aussi, ça. Et donc là ça change ? J'ai dû louper des infos alors. Mais comme je vais être formée, on va m'expliquer. 
Un cours d'histoire en 2040
"Le changement des pratiques se fait petit à petit, à bas bruit. Les professeurs souvent ne nous attendent pas pour le faire et ce sont même eux qui inspirent nos réformes"

QUOI ??? 
Le changement de pratiques se fait à bas bruit, oui, car l'innovation n'est pas favorisée, voire complique la vie des enseignants qu'y s'y collent. Innover nécessite de lutter en permanence, contre le système dans son entier. heureusement les élèves et les parents sont là pour nous soutenir, mais le plus souvent c'est bien compliqué. 
Alors non, les professeurs n'attendent pas les réformes pour se rendre plus efficaces pour leurs élèves. Et ils sont très nombreux à faire des choses fantastiques, à inventer, réinventer, faire vivre, transmettre, se lancer sans filet. C'est gentil de nous regarder d'en haut, sans nous donner de moyens pour réaliser nos super idées dans de bonnes conditions, et de compter combien atterrissent sur leurs pieds et combien se crashent.

Enfin, le thème de la laïcité est abordé. Je passe aussi, ne m'en voulez pas. Non pas que ce ne soit pas important. Mais pensez-vous vraiment que nous avons attendu qu'on nous en rebatte les oreilles pour que nous y réfléchissions et y travaillions concrètement ?

Les bas bruits et les petits pas, ça suffit. Ca me donne envie de hurler.

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