Dans la classe de CM1/CM2 de ma collègue, les élèves ont à leur disposition un cahier de brouillon. Elle a du mal à faire comprendre aux élèves que ce cahier peut être "malmené", davantage que les autres supports d'écrits : on a le droit de gribouiller, de dessiner, d'écrire dans tous les sens, on n'est pas obligé de lui associer un protège-cahier. Les élèves hésitent à s'en emparer en se "laissant aller".
Un brouillon de Flaubert |
En ce qui me concerne, le cahier d'exercices pourrait tout aussi bien faire office aussi de brouillon. Ce serait bien plus intéressant de voir la progression, l'évolution d'une résolution d'exercice, pour aboutir le plus souvent (mais pas forcément systématiquement) à une production finale complète et aboutie.
Mais ça, ni mes élèves ni leurs parents, pour la plupart, n'y sont prêts.
Pour réussir à faire chercher les élèves librement et sans complexes, j'essaie d'appliquer quelques principes qui s'avèrent efficaces (mais lents à agir) :
Un brouillon de Galois |
- je ramasse les brouillons chaque fois qu'un élève me le propose, et je le prends en compte dans l'évaluation. Ils savent que cela sera valorisé : les traces de recherche sont importantes. J'indique dessus que je l'ai lu, corrigé, pris en compte.
- j'ai abandonné l'idée du cahier de brouillon. Mais pas du brouillon. Alors j'ai une pile de feuilles de brouillon dans ma classe, à disposition sur l'étagère. Les élèves savent qu'ils peuvent aller se servir comme ils le veulent : aller chercher un brouillon, c'est bien. Et ils prennent le réflexe, de plus en plus. Ils ont une "relation au brouillon" très variable : cela va de ceux qui s'empressent de le jeter en sortant de la salle, réduit à une petite boule toute bien chiffonnée, à ceux qui le gardent précieusement dans le rabat de leur cahier ou une pochette. Selon que le brouillon est honteux, inutile, valorisant, encombrant ou matériau de travail pour une exploitation ultérieure.
- en PPRE (soutien/remédiation), je ne fais travailler les élèves que sur brouillon. La dernière fois, un élève qui avait cherché son exercice au brouillon puis rédigé et mis au propre regardait sa copie d'un air perplexe. "J'ai jamais autant écrit en maths sur une copie. C'est marrant, parce que ça m'est venu tout seul avec le brouillon, alors que dessus je n'ai pas écrit tout ça comme mots". Autrement dit, le brouillon est un auxiliaire de réflexion. Hé ben oui, Alexis.
Et vous, des idées pour rendre le brouillon véritable objet d'apprentissage, dont s'empareraient les élèves ?
En fait, je n'arrive pas trop à savoir ce qu'il se passe après la maternelle pour qu'ils en arrivent à ça. Cette peur des ratures, qui se propage jusqu'à la peur des erreurs. Est-ce lié à l'apprentissage de l'écriture en GS-CP ? En tout cas, c'est général, et après discussion avec les PE, on ne sait toujours pas trop ce qu'on fait de mal pour provoquer cela.
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