A priori, je déteste ce titre, qui est racoleur et s'inscrit dans une logique marchande. Lutter contre les difficultés des élèves, c'est juste un devoir.
Alors je le lis, en espérant que le "rapporte" et le "coûte" soient polysémiques et une sorte de jeu de mots.
"Plus d’un quart des élèves de 15 ans affichent de faibles résultats scolaires en mathématiques, en compréhension de l’écrit et/ou en sciences. Lutter contre ces déficiences est coûteux, mais se révélerait rentable à long terme, selon PISA, l’enquête phare de l’OCDE, parue mercredi 10 février."
Outch. C'est donc comme ça qu'on va défendre la lutte contre les difficultés ? Parce que c'est rentable ?
Entendons-nous bien : je ne suis pas non plus un bisounours (quoique...) et je sais que dans la vraie vie, les équilibres financiers sont importants. Mais réduire à cela les avantages de l'aide aux élèves en difficultés, alors que c'est avant tout une question de dignité, de liberté, d'égalité, ça me heurte.
"Plus d’un quart des élèves de 15 ans affichent de faibles résultats scolaires en mathématiques, en compréhension de l’écrit et/ou en sciences. Lutter contre ces déficiences est coûteux, mais se révélerait rentable à long terme, selon PISA, l’enquête phare de l’OCDE, parue mercredi 10 février."
Outch. C'est donc comme ça qu'on va défendre la lutte contre les difficultés ? Parce que c'est rentable ?
Entendons-nous bien : je ne suis pas non plus un bisounours (quoique...) et je sais que dans la vraie vie, les équilibres financiers sont importants. Mais réduire à cela les avantages de l'aide aux élèves en difficultés, alors que c'est avant tout une question de dignité, de liberté, d'égalité, ça me heurte.
En même temps, comme je n'ai pas encore lu le rapport, c'est peut-être juste l'article qui est réducteur.
"Elles « ont des conséquences à long terme », avec « un risque élevé de décrochage complet » pour ces jeunes et une croissance économique amoindrie. Certains pays se retrouvent même dans un « état de récession permanente », souligne le rapport. « Les gains tirés de la lutte contre la faible performance dépassent, et de très loin, les coûts de l’amélioration, aussi élevés soient-ils », calcule l’organisation.
Si d’ici à 2030 chaque élève de 15 ans parvenait à « acquérir un bagage minimal de compétences fondamentales en littératie et numératie » dans les pays à revenu élevé de l’OCDE, les gains à long terme pour les économies de ces pays pourraient atteindre « environ une fois et demie leur PIB actuel »."
OK... Bon ben c'est super, on va devenir riches. Dans ce cas-là, ça vaut le coup !
Si d’ici à 2030 chaque élève de 15 ans parvenait à « acquérir un bagage minimal de compétences fondamentales en littératie et numératie » dans les pays à revenu élevé de l’OCDE, les gains à long terme pour les économies de ces pays pourraient atteindre « environ une fois et demie leur PIB actuel »."
OK... Bon ben c'est super, on va devenir riches. Dans ce cas-là, ça vaut le coup !
Et que faut-il faire ? Ca :
« Impliquer les parents et les collectivités locales ; encourager les élèves à tirer le meilleur parti des possibilités éducatives s’offrant à eux ; identifier les élèves peu performants et offrir un soutien ciblé aux élèves, aux établissements et aux familles ; proposer des programmes spécifiques aux élèves immigrés, parlant une langue minoritaire ou vivant en zone rurale ; lutter contre les stéréotypes de genre ; réduire les inégalités d’accès à l’éducation de la petite enfance et limiter le recours à la sélection des élèves. »
Certes.
Pourquoi ça m'énerve ? Et pourquoi autant ? Parce qu'on le sait déjà, tout ça. Et pourtant, il faut le rappeler, dans Le Monde, avec des arguments financiers à l'appui... Combien de temps va-t-il falloir s'émerveiller d'avoir réinventé l'eau tiède ? Pourquoi tous ces freins, toutes ces réticences ? Non, ne me répondez pas, ça va me déprimer.
C'est quoi, finalement, le but de ce rapport ? De vendre l'idée d'aide aux plus démunis scolairement à ceux qui veulent s'enrichir ? Drôle d'idée, dans ce cas. Ou alors, c'est de dépenser de l'argent pour écrire des choses qu'on sait déjà ? Pas hyper original, mais plausible.
Evidemment, tout dépend du contexte. Il y a des endroits du monde où ces préconisations prendront un autre sens. A supposer que quelqu'un qui puisse décider en tienne compte ou soit en mesure de pouvoir y consacrer des moyens. On aurait aussi pu lire ce rapport dans une perspective d'aide aux pays démunis... Tiens, c'est quoi cet arc-en-ciel sur mon torse ?
"Quand on cumule plusieurs facteurs, la probabilité d’être peu performant en mathématiques culmine à 76 % pour une fille issue de l’immigration, parlant à la maison une autre langue qu’à l’école, vivant dans une famille monoparentale en zone rurale, qui n’est pas allée à l’école maternelle, ayant redoublé et scolarisée dans une filière professionnelle."
"Quand on cumule plusieurs facteurs, la probabilité d’être peu performant en mathématiques culmine à 76 % pour une fille issue de l’immigration, parlant à la maison une autre langue qu’à l’école, vivant dans une famille monoparentale en zone rurale, qui n’est pas allée à l’école maternelle, ayant redoublé et scolarisée dans une filière professionnelle."
Le mélange entre cause et conséquence est agressif... Quant au "cumul de facteurs", il donne envie d'en ajouter des louches. Mais ce serait de mauvais goût, car malheureusement ce cumul est possible.
"En moyenne, plus d’un tiers de la différence de performance en maths entre élèves est imputable à des différences entre les établissements. En France, les élèves scolarisés dans des établissements défavorisés sont « plus de quarante fois plus susceptibles d’être peu performants en mathématiques que leurs pairs scolarisés dans des établissements favorisés »."
"En moyenne, plus d’un tiers de la différence de performance en maths entre élèves est imputable à des différences entre les établissements. En France, les élèves scolarisés dans des établissements défavorisés sont « plus de quarante fois plus susceptibles d’être peu performants en mathématiques que leurs pairs scolarisés dans des établissements favorisés »."
Ah mais alors là pas de panique :
(version 1) C'est des c%*$€&@, l'école va bien ! Tout le monde a les mêmes chances, c'est l'école de la République ; il ne faut rien changer, surtout pas ! Qui sait, on pourrait en briser l'efficacité ! C'est juste qu'il y a des gamins, ben ils ne veulent pas vraiment réussir, voyez-vous...
(version 2) Madame Vallaud Bel Kacem bosse au rééquilibrage des chances. Elle y croit dur comme fer. D'ailleurs, bientôt, on aura autant de chances de réussir à Paris dans une section bilangue russe ou chinois que dans un collège de l'académie de Caen. Vous savez, l'académie de Caen, celle qui perd pratiquement toutes ses bilangues...
"Et, sans surprise, les élèves peu performants sèchent davantage les cours que les autres, font preuve d’une moindre persévérance et d’une moindre confiance en eux en maths."
Sans blague ???
Attention aux "raccourcis"... Ce n'est pas PARCE QUE vous laisserez des bilangues à Caen que les élèves en difficultés de Caen auront tout à coup, par ce biais auquel de toutes façons ils n'ont jamais eu accès (ou seulement pour faire "nombre" afin de créer la classe... Si si!), toutes les chances de "réussir"... D'ailleurs, mais là le débat va trop s'élargir pour une aussi courte réponse: c'est quoi "réussir"?... (Beau blog! Le mien: www.profencampagne.com )
RépondreSupprimerC'est vrai, mais ce jour-là, je me sentais très en colère. Ce qui me choque c'est l'inégalité de la mesure. Et aussi (mais ça c'est depuis longtemps) l'accessibilité sur dossier à ce type de dispositif.
RépondreSupprimerJe connais bien votre blog, pour le lire régulièrement... Merci de votre commentaire !