C'est un beau marronnier, les absences de profs. Tous les ans, ça revient : les profs sont trop absents, rien n'est fait pour les remplacer, etc. C'est vrai que c'est un problème, la gestion des remplacements (en tout cas des remplacements courts). En revanche, il semble que les profs ne soient pas plus en interruption de travail que les autres métiers. Mais ils sont aussi absents pour leurs élèves (et leurs parents) dès qu'il s'agit de formation, puisqu'il n'y a pas d'autre solution. Or leurs absences devant élèves se remarquent, davantage que pour quelqu'un qui ne travaille pas au contact d'un public, et en solo.
En ce qui me concerne, les dernières années ont été désagréables pour moi : je suis formatrice et je n'avais alors pas de décharge pour formation. J'étais envoyée un peu partout dans l'académie pour former mes collègues, et j'étais donc absente devant mes élèves... C'était inconfortable, car les parents déploraient ces absences (sans me les reprocher, mais il n'empêche que les enfants étaient en permanence pendant ce temps) et moi aussi (je rattrapais le plus d'heures possibles d'où des semaines de malades et un épuisement rapide). D'autant que lorsque je partais en formation, c'était pour assurer bien plus d'heures que je n'en ratais au collège...
Heureusement, j'ai obtenu une décharge. Du coup je bosse toujours comme une malade, mais avec un temps aménagé. C'est parfois difficile de tout combiner (car plusieurs missions différentes sont placées sur le même créneau horaire), mais au moins pour la partie collège c'est plus facile et je suis bien là. Et quand il y a exception, j'arrive à déplacer les heures, puisque c'est à la marge.
Trouver des solutions pour les remplacements de courte durée est délicat. Dans le premier degré, il existe des brigades de remplaçants, qui interviennent pour une journée si besoin. Cela semble plus efficient que dans le second degré, mais la gestion n'est pas la même, ni le rythme du temps de travail et sa répartition. Et même encore là, parfois plus personne n'est disponible et on répartit au mieux les enfants dans les autres classes.
Dans le second degré, certains établissements pratiquent les remplacements à l'interne (ce que je trouve le plus efficace et le plus simple), mais c'est sur la base du volontariat, et parfois il n'y a pas de volontaires (ce que je comprends bien aussi).
En 2012, les inspections générales proposaient d’instaurer un système de « permanence » des professeurs, de manière à ce qu’il y ait toujours un enseignant disponible pour assurer un remplacement (ce qui suppose une redéfinition des heures). En 2014, la médiatrice de l’éducation nationale suggérait plus de souplesse dans l’organisation scolaire, comme l’annualisation des heures d’enseignement perdues ou la possibilité d’enseigner plusieurs disciplines en cas d’absence d’un collègue. C'est donc bien un sujet explosif, ce qui n'est pas une excuse pour botter en touche.
Il manque des études claires et portant sur une durée significative, pour déterminer quelle est l'ampleur du problème. Comme la question ressurgit ces temps-ci, (voir l'article du Monde) madameVallaud-Belkacem a publié un communiqué sur le sujet, en ligne ici.
La FCPE, de son côté, a créé un outil numérique : Ouyapacours. Je ne suis pas fan de la démarche, mais en même temps, comme le ministère ne communique pas de façon précise et avec le support d'études complètes, je comprends qu'une fédération de parents cherche à faire du bruit et à jouer les poil à gratter.
La FCPE écrit, en introduction :
"Il n’est pas acceptable que tant de cours ne soient pas assurés, de la maternelle à la terminale.
C’est pourquoi la FCPE vous propose de signaler sur ce site le non-remplacement d’un ou plusieurs enseignants dans l’établissement où vous êtes parents d’élèves. Une fois collectées et analysées, ces informations nous serviront de base pour revendiquer postes et remplacements pérennes au sein de l’Education Nationale."
On ne signale pas des "absences", mais des "non-remplacements". Et il faut s'identifier pour pouvoir envoyer des informations. Autant de bons points. En revanche, je n'aime pas du tout le nom du site. C'est un détail, mais il fait faussement cool. Or la FCPE n'est pas cool du tout sur ce sujet, et elle a raison.
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