Je quitte la formation que j'ai animée aujourd'hui. Je me dépêche : j'ai une heure de route et je suis pile poil dans les temps pour la formation suivante, à Dieppe.
Mon GPS me dit une heure. Parfait.
Je roule dix minutes, et mon GPS est tout rouge. Je regarde, il m'indique 1h17, puis 1h18, puis paf, 1h32... Ok, mais qu'est-ce que quoi ?
Une heure plus tard, je n'ai toujours pas traversé la Seine qui pourtant était toute proche. Je vais être en retard. Ma collègue formatrice va être à peu près à l'heure, car elle vient d'ailleurs, mais j'ai les documents d'animation. J'appelle la principale, nous nous organisons. J'appelle mon coordo, il lui envoie sur le champ par mail les documents de formation à imprimer. Ceux qui sont là, à côté de moi sur le siège passager.
Bon, c'est déjà ça. Natacha va animer, la principale a les supports.
Et là, c'est l'enfer. Rien ne bouge, la circulation est à l'arrêt.
Il fait nuit, la lune est magnifique. J'ai un rhume carabiné, sans doute de la fièvre, et je me demande ce que je fais là.
Pourquoi ce déploiement d'énergie ? Pourquoi ces heures à sillonner l'académie, à chercher à convaincre, à souffler sur l'étincelle du changement sans relâche, à proposer, à déconstruire, à reconstruire? Pourquoi refaire mes cours chaque année, voire plusieurs fois par an ? Pourquoi ne jamais lâcher l'affaire, avec les élèves, les parents, même (surtout ?) lorsque nous ne comprenons pas ? Pourquoi me lancer dans de nouveaux dispositifs avec avidité ? Pourquoi tant d'agitation alors que je pourrais vivre autrement, avoir du temps ?
Et puis le vide s'est rempli d'un coup : je sais pourquoi j'y crois, je sais pourquoi je m'agite. Parce qu'il est fantastique de diversité, parce qu'il est utile, parce qu'il me permet de toujours réfléchir différemment, parce qu'il est tourné vers les autres, parce que je contribue à faire grandir des enfants, à les rendre autonomes, intellectuellement et socialement, à développer l'envie des futurs collègues, à trouver des solutions aux collègues moins jeunes.
Parce que c'est ma passion.
J'ai quand même mis trois heures à rentrer. Mais j'ai attrapé mon fils au vol et il nous a diffusé le e-penser qui explique pourquoi les embouteillages, ça existe.
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