Cette année, le mauvais temps nous a empêchés de sortir au moment du début de séquence. Le lundi, pluie, le mercredi aussi... On attend donc le vendredi. Mais pendant ce temps, nous avons commencé à travailler les notions : qu'est-ce qu'un segment, une demi-droite, une droite ; quelles sont les différences, les points communs, les notations ; pourquoi ces "nuances" sont-elles importantes, pourquoi utiliser un crochet ou une parenthèse est un choix déterminant. Mes élèves de sixième de cette année étant très réactifs et curieux, nous avons parlé d'illimité et d'infini : nous en sommes arrivés à aborder la question du nombre de points sur un segment par rapport au nombre de points sur une droite... Bref, ils m'ont emmenée loin !
Du coup, l'activité dans la cour a été traitée différemment par les élèves. D'abord, au lieu de former un grand groupe, j'ai commencé par trois groupes de neuf élèves. Et puis ils avaient déjà réfléchi en classe.
Mon but était de les faire s'interroger sur la nécessité du codage, et d'arriver à en inventer un pour représenter un segment humain. Je pensais qu'à ma première consigne, "faites-moi un segment", ils s'aligneraient de façon à former une ligne droite, et voilà. Et ben non. Ils ont formé une ligne droite, puis dans chaque groupe, à peu près simultanément, j'ai entendu des "Ah oui mais non, là elle va nous dire : et pourquoi ce ne serait pas une droite, ce que vous faites ? Il faut qu'on lui montre qu'on est limités aux deux bouts". Et hop, ni une ni deux, chacun de mes trois segments a inventé son codage.
Un premier segment décide d'écarter bras et jambes pour se délimiter. |
Un autre écarte simplement les bras, ce qui est déjà très bien. |
Le segment filles choisit de placer deux élèves à chaque bout, perpendiculairement à la direction du segment. |
- on n'est sans doute pas bien droits
- on n'a pas la même distance entre deux partout
- on n'a pas la même largeur de pieds
- vous nous avez dit que des vraies parallèles ça n'existe pas en vrai, alors on en représente juste, comme on peut, mais c'est imparfait
- les vraies parallèles elles existent en vrai, mais dans notre tête.
Ils sont forts, non ?
Nous en sommes arrivés à former deux perpendiculaires. Alors là, c'est le drame : les gamins se répartissent en un groupe filles et un groupe garçons... Ils hésitent, avancent et reculent : personne n'a envie de devoir approcher l'autre sexe au point de façon excessive ! Mais du coup, pas de point d'intersection visible... Ils finissent par se positionner ainsi :
Et me déclarent : "On a le droit madame, on est illimités ! Donc en fait on se coupe, même si on ne le voit pas avec nos yeux. On le sait avec la tête !".
Certes.
Pour finir, un cercle, de centre notre singularité auto-proclamée. Les élèves se placent tout autour, mais plutôt que de fixer sur la circularité apparente, ils s'interrogent sur un moyen de vérifier qu'ils sont tous à la même distance du centre ! Extra, je n'ai plus grand chose à faire... Une élève propose son écharpe comme rayon, en précisant qu'il est un rayon médiocre car il est un peu élastique.
Je ne sais pas, du coup, si l'année prochaine je refais la géométrie dans la cour en activité d'introduction ou en exercice de milieu de séquence. Les deux ont des avantages.
Du point de vue gestion de classe, les élèves ont été sages ensuite. Je les avais prévenus que s'ils faisaient du bruit dans les couloirs pour remonter ou s'ils étaient énervés en classe, nous ne sortirions plus de la sorte, et que ce serait dommage. Ils ont été très bien.
En tout, le temps de descendre, donner les consignes, discuter de leurs choix et de mes objectifs, et de remontrer en classe, nous avons pris un quart d'heure. C'était raisonnable : nous avons eu le temps de faire bien d'autres choses ensuite.
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