Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

samedi 11 janvier 2014

"Le dernier mot aux familles"

C'est le titre retenu dans les journaux (ici et par exemple) aujourd'hui pour relayer l'annonce du ministère de l'Education Nationale concernant l'orientation des élèves en fin de troisième.
Je n'aime pas cette formulation: il y a un air de "nananère" que je trouve aussi puéril que déplaisant.
En dehors de cela, on nous annonce donc que dans 117 collèges expérimentaux on supprime les commissions d'appel. La décision d'orientation appartiendra aux parents.

Peu de familles font appel des décisions du conseil de classe. D'abord parce que les conseils de classes laissent le plus souvent les élèves s'orienter vers le lycée général, même lorsque leur avenir scolaire semble compromis là-bas. Redoubler n'est plus à la mode et n'est de toute façon pas efficace, paraît-il. Et puis se battre contre le voeu des familles et des élèves est pénible et désagréable, forcément. Sans compter qu'un établissement est "meilleur" lorsqu'il envoie massivement ses élèves vers le lycée général. Enfin, c'est vrai qu'orienter un élève vers une filière courte professionnalisante est voué à l'échec s'il n'a aucune appétence pour cette voie.

Alors cette décision va-t-elle changer les choses?
Non, je ne crois pas. Dans quelques cas en effet, des élèves en très grande difficulté et qui n'auront pas obtenu leur brevet (en soi, ce n'est pas grave et même on s'en fiche. Mais c'est révélateur d'un niveau scolaire très faible.) vont se retrouver au lycée. Et cela devrait permettre de réduire le décrochage scolaire. Là, je suis franchement perplexe. Réduit-on le décrochage scolaire d'un enfant en le plaçant dans une situation d'échec accru?
A l'inverse, je n'ai jamais vu de cas où le conseil de classe forçait un élève à aller au lycée général pour devenir chercheur en biogénétique alors qu'il voulait faire boulangerie.

Car les profs ne cherchent pas à mettre des bâtons dans les roues de leurs élèves pour le plaisir de nuire. Non non, je vous assure. Ils cherchent très majoritairement le bien de leurs élèves, et sont compétents en la matière car c'est un métier, enseignant. Un métier qui ne se limite pas à faire cours et à donner des heures de retenue. C'est un métier riche et complexe, d'humain à humain. Des humains avec un coeur, un cerveau, une histoire.

C'est une décision mineure que celle de notre ministre. Car le vrai problème de l'orientation au collège ne sera, lui, en rien réglé: beaucoup d'élèves qui veulent suivre un enseignement professionnel ne le peuvent pas. Le système ne leur en donne pas la possibilité. Les algorithmes (et non plus les professionnels) qui traitent les dossiers ne regardent ni la motivation ni la souffrance de l'enfant. Ils regardent combien l'élève a d'années "de retard" et ses notes. Quelques moyennes qui résument une personne et ses aspirations. Mais comme il n'y a pas suffisamment de places dans les lycées professionnels et que ça, il n'est pas question de le changer, ces élèves-là ne trouveront pas plus de solutions dans les années à venir que jusqu'ici.
N'est-ce pas là le vrai scandale?

Au final, cette décision va permettre d'économiser un peu d'argent, laisser aux familles l'entière responsabilité d'éventuelles erreurs d'orientation et ne rien changer (ou presque). Bon.

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