Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

vendredi 27 février 2015

Tout compriiiiiiiiis

J'ai eu une idée.
Hé, les jeunes, on va enregistrer notre version de "Toute la viiiiiie".

Ca va s'appeler "Tout compriiiis", et ça parle de maths. J'ai écrit les paroles. Reste à trouver la musique sans les paroles et quelques collègues qui chantent avec nous.

C'est le début d'une grande carrière. C'est sûr.

Tout le buuuuuuuuuz

Dans 20 minutes, Jean-Jacques Goldman défend sa chanson:

Pour Jean-Jacques Goldman, il s’agit d’un malentendu: «C'est une chanson dans laquelle des adolescents reprochent aux générations qui les ont précédées l'état du monde qu'ils leur laissent. Les Enfoirés jouent le rôle des adultes qui leur répondent comme trop souvent: en se dédouanant et avec mauvaise foi, mais en espérant qu'ils feront mieux.»
Jean-Jacques Goldman se défend d’avoir voulu présenter la jeunesse comme une bande d’ingrats défaitistes: «Le fait que la jeunesse nous demande des comptes me semble la moindre des choses. Le fait que la chanson se termine en faisant confiance à l'avenir aussi.»


Mais en fait, l'aspect révolutionnaire de la chanson m'avait échappé. Heureusement j'ai lu cet excellent article de Libé, qui m'a ouvert les yeux :
"A l’inverse de ceux n’y voyant qu’un monument réac affligeant, il suffit de savoir lire entre les lignes pour réaliser à quel point Toute la vie est en réalité une déflagration punk comme la France n’en avait sans doute pas connu depuis le «Manu Chao» des Wampas.(...)
Qu’il nous soit permis de signaler d’abord l’incitation au tag sauvage que constituent les deux vidéos – en déplacement au Chili, la maire de Paris Anne Hidalgo n’a pour l’instant pas réagi. Concernant les paroles, il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître le caractère résolument «no future» du brûlot goldmanien, pour qui le sida est une problématique récente propre à la jeune génération. «Tout ce qu’on a, il a fallu le gagner / A vous de jouer mais faudrait vous bouger»
résonne ainsi comme un appel à l’insurrection dans la France post-attentats. Derrière la rime en «-er» (qui aurait tout aussi bien pu contenir «brûler», «crier» ou «revendiquer»), on sent poindre la rage contestataire des ZAD, le doux parfum des Molotov et l’esprit do-it-yourself des concerts improvisés dans les squats insalubres, à l’image de celui où a été tourné le clip.
Quand Les Enfoirés clament «je rêve ou tu es en train de fumer ?», ne voyez pas d’ingérence paternaliste dans l’affaire : il faut ici comprendre que la cigarette est désormais totalement ringarde. Has been nicotine, en 2015, c’est MDMA minimum pour délire un peu dès l’adolescence en mode Yolo. Et peut-on faire plus explicite que l’injonction pousse-au-crime «c’est ta vie, vole et vas-y» ? Le «vole» n’est pas ici à prendre au sens aérien du terme, mais bien au sens «dérober», façon Steal this album des System of A Down.
Au bout du compte, Toute la vie s’impose comme une métaphore sans concession sur le rallongement de l’espérance de vie et les conséquences fâcheuses qui en découleront fatalement. On peut s'attendre à une sulfureuse démonstration de cet anticonformisme décoiffant sur TF1 et RTL le 13 mars avec la diffusion du concert des Enfoirés."

Toute la viiiiiiiiiiie

Un article du Monde ce matin m'a donné envie d'écouter la chanson des Enfoirés "Toute la vie". Selon l'article, "la chanson devait pourtant porter un message "positif et encourageant" à l'intention des jeunes générations. Mais, outre les dommages qu'il peut infliger aux tympans les plus sensibles, le titre tombe en plus à côté de la plaque (...) et relaie pour des poncifs sur les différences entre générations."

J'aimerais apporter un propos nuancé, vous dire que c'est plus subtil, qu'il ne faut pas juger trop vite. Mais non, ce n'est pas possible. Cette chanson, c'est de la m*$£#& à l'état brut. C'est simple, je la propose dans cet article, mais à votre place, je n'irais pas l'écouter.

Sur la page Facebook des enfoirés, les commentaires ont été virulents, évidemment. J'en cite un qui me paraît mesuré : "des vieux cons qui ont réussi et qui font la leçon aux jeunes qui galèrent".
Bon, c'est de bonne guerre. Attention, les jeunes, parce que cette chanson est en effet une chanson de vieux cons aigris, et beaucoup de vos réactions sur les réseaux sociaux sont des réactions de jeunes cons irresponsables. Prenez sur vous et donnez leur l'exemple, avec circonspection : la connerie est inter-générationelle (et inter-à peu près tout d'ailleurs).

J'en reviens à LA chanson.
Les paroles sont atroces. Elles sont dégradantes pour les jeunes, et se suffisent à elles-même pour ridiculiser les artistes qui les chantent (c'est très difficile d'éviter les vannes simplettes et la prolifération de guillemets, j'espère que vous vous en rendez compte, mais j'essaie d'être constructive, là). Par exemple :

" Ma jeunesse, je l'échange contre ta caisse ".

Ouhlalalala ! Je ne m'en remets pas, de celle-là. Dites, les gens qui chantent, vous n'auriez pas des ados qui soupirent en levant les yeux au ciel parce que non, vous ne leur prêtez pas la voiture cette fois-ci ? Ca sent l'agacement bassement quotidien... C'est un bête règlement décompte parce que Charlotte textote à mort pendant le dîner, que Lucien a le cul vissé au canapé ou que la chambre de Marjorie est encore jonchée de chaussettes sales ?

Ensuite, que les jeunes s'engouffrent dans le "oh oui c'est vrai, vous ne nous laissez qu'un monde de crotte", c'est simpliste. Et " Avez-vous compris la question ? " sonne comme le début d'un combat de coq, le genre relation parent-enfant atterrant de mépris réciproque.

L'argument ultime des vieux, c'est " Oui mais vous avez toute la viiiiiiiiiie ". Nous y voilà. On en revient à un débat très très ancien : les jeunes, ça énerve les vieux, parce que ... c'est jeune. Plus jeune que les vieux, ce qui les renvoie à leur mort plus proche. Alors on s'énerve, on se crispe et on jalouse. Bouh, c'est pas bien beau. En plus, les jeunes, ils ne sont pas comme nous, beurk. Pas obligés de payer les impôts, de passer prendre les courses en rentrant du boulot, avec du temps pour les loisirs et tout.

Plutôt que de nous bouffer le nez, nous ferions mieux de bosser ensemble, non ? Parce que malgré les apparences du clip, nous aussi, les vieux (hé oui, j'en suis, je suis une quadra qui ne regrette pas ses vingt ans teintés d'angoisse de l'avenir) avons des forces et des trucs intéressants à dire et à faire. "Vous avez sali les idéologies" (c'est pas faux-faux...) ; réponse : "Mais vous avez toute la viiiiiiie". Aaah ben oui, alors c'est pas grave, vous allez réparer ce qu'on a cassé, puisque vous avez du temps, les jeunes. Lucien, bouge tes fesses de ce canapé et va nettoyer les idéologies s'il te plaît. Pour frotter, prends les chaussettes qui traînent dans la chambre de Marjorie. Nous on n'a pas le temps : on est vieux.

Une dernière remarque : "Vous aviez tout, paix, liberté, plein emploi. Nous c'est chômage, violence et sida". Quoi ??? Finalement, je ne fais peut-être pas partie des vieux (mais pas des jeunes non plus, évidemment) :
Paix? Je me souviens d'images de guerre tout comme maintenant.
Liberté ? Les jeunes d'aujourd'hui sont plus libres je pense.
Plein emploi ? Heuuuuuu non, carrément pas. La situation s'est aggravée, c'est vrai. Mais le plein emploi, je n'ai pas connu. 
Ce n'est pas papa qui chante, c'est donc papy.
Quant à la réponse des supposés jeunes, chômage et violence, je n'y reviens pas. Et sida, ça va plutôt mieux que lorsque j'étais ado. C'est quoi ces projections de vieux ados frustrés ???

Bon les jeunes, excusez-les. Les vieux aussi, ça dit des bêtises. Et à lire vos réactions sur les réseaux sociaux, c'est quelque-chose qui rapproche les jeunes des vieux ! Mais cela dit, je trouve plus grave pour un vieux que pour un jeune de dire des bêtises. Justement parce qu'un jeune, il a toute la viiiiiiie pour s'en rendre compte.

Allez, on grandit, tous ? Oserais-je : tous ensemble ?

Polka mathématique

Une collègue d'éducation musicale m'a fait découvrir une perle dont j'ignorais l'existence : l'enfant et les sortilèges, opéra de Ravel donc Colette signa le livret.

Voici la partie qui m'intéresse particulièrement :



Colette composa le livret en 1916, à la demande du directeur de l’Opéra de Paris de l’époque. Elle était déjà une auteur connue et séparée de Willy. Elle s’enthousiasma pour le projet dès qu'on le lui proposa. Elle écrivit :
"Puis-je dire que je l’ai vraiment connu, mon collaborateur illustre, l’auteur de l’Enfant et les sortilèges ? Je rencontrai Maurice Ravel pour la première fois chez Madame Saint-Marceaux [...]. Sauf que j’écoutais sa musique, que je me pris, pour elle, de curiosité d’abord, puis d’un attachement auquel le léger malaise de la surprise, l’attrait sensuel et malicieux d’un art neuf ajoutaient des charmes, voilà tout ce que je sus de Ravel pendant bien des années. »

Homme secret, ascétique, Maurice Ravel vivait dans un univers magique, peuplé de chats, de bibelots, d’automates, de jouets, dans un monde qu'il aurait aimé "fait de la même étoffe que celle de nos rêves". A cause de la guerre, Ravel mit cinq ans avant de livrer la partition. C’est finalement à l’Opéra de Monte-Carlo, en 1925, qu’eut lieu la première représentation, qui fut un triomphe.

Le livret de Colette correspondait au rêve poétique intérieur de Ravel. Monde de métamorphoses dans lequel les objets, doués d’une vie sensible, s’animent et parlent, où les animaux et les plantes, les princesses et les magiciens sortent des livres de contes, où les chiffres de l’arithmétique poursuivent l’Enfant en une danse infernale.

Voici les paroles de la scène de l'arithmétique :

LE PETIT VIEILLARD :
Deux robinets coulent dans un réservoir ;
Deux trains omnibus quittent une gare,
A vingt minutes d’intervalle,
Valle, valle, valle !
Une paysanne,
Zanne, zanne, zanne,
Porte tous ses œufs au marché !
Un marchand d’étoffe,
Toffe, toffe, toffe,
A vendu six mètres de drap !

L’ENFANT :
Mon Dieu c’est l’arithmétique !

LE PETIT VIEILLARD :
Tique, tique, tique !
Quatre et quatre dix huit,
Onze et six vingt cinq,
Sept fois neuf trente trois.

L’ENFANT :
Sept fois neuf trente trois ?

LE CHŒUR DES CHIFFRES :
Sept fois neuf trente trois ?

L’ENFANT :
Trois fois neuf quat’ cent !

LE PETIT VIEILLARD :
Millimètre,
Centimètre,
Décimètre,
Décamètre,
Hectomètre,
Kilomètre,
Myriamètre,
Faut t’y mettre
Quelle fête !
Des millions,
Des billions,
Des trillions,
Et des frac-cillions !

LE CHŒUR DES CHIFFRES :
Trois fois neuf trent’trois !
Deux fois six vingt-sept !
Quatre et sept cinquante neuf !
Deux fois six trente et un !
Cinq fois cinq quarante –trois !
Sept et quat’ cinquante-cinq !
Quatre et quat’ dix –huit !
Onze et six vingt-cinq !

Je pense montrer cet extrait à certaines de mes classes. La représentation du personnage de l'arithmétique, l'angoisse qui se dégage, les tables maltraitées, tout cela vaut la peine d'en parler, de demander aux élèves ce qu'ils ressentent en entendant ceci, et ce qu'ils ressentent face aux tables, justement. L'arithmétique est-elle un personnage aussi terrible que celui de Colette-Ravel ?

Deux pommes plus deux poires = 4 compotes ?

 Benoît Rittaud est enseignant-chercheur en mathématiques, maître de conférences à l'université Paris-13, au sein du laboratoire d'analyse, géométrie et applications. Le petit livre que je viens de lire ( QU'est-ce qu'un nombre, aux éditions Le Pommier, 2005, dans la collection les Petites Pommes du Savoir ) n'est pas le seul qu'il a écrit. Je vais d'ailleurs me pencher sur les autres car celui-ci m'a beaucoup plu.

Benoît Rittaud commence par revenir sur différents sens des chiffres : le "2" de "325", de "2 pommes" ou de "2, rue des Acacias" en illustre quelques-uns. Tranquillement, au fil des 64 pages de son ouvrage, il navigue au travers de notions pas si simples : le lecteur rencontrera des hyperpavés, des lois de composition internes (ou externes), des principes tels que la commutativité, et saura distinguer ordinal et cardinal. Mais sans douleur : aucune notion n'est évoquée sans raison et la lecture est très accessible et fluide.

Benoît Rittaud présente les choses comme j'aime, de façon simple et juste ce qu'il faut de fantaisie :

" Lorsqu'on multiplie une grandeur qui s'exprime dans l'unité Truc par une autre qui s'exprime dans l'unité Muche, l'unité dans laquelle s'exprime le résultat est le TrucMuche. "

" Si, à la lecture des pages qui précèdent, vous vous êtes dit que, décidément, les mathématiciens aiment bien couper les cheveux en quatre, posez-vous donc la question suivante : quelle est la nature de ce "quatre" ? "

" Comme le souligne ironiquement Jacques Maillot (PDG de Nouvelles Fraontières), 90% des gens croient une phrase qui contient un pourcentage. "

" A l'instar des licornes, on ne voit jamais vraiment les nombres. Tout comme pour l'animal mythique, une attitude logique consiste donc à douter de leur existence. (...) Cette question de l'existence des nombres fait partie d'un débat plus vaste sur l'existence des objets mathématiques en général. "

Je vais acheter ce petit bouquin (emprunté dans ma super bibliothèque de quartier) pour le mettre dans ma bibliothèque de classe et le faire lire à mes élèves. Nous verrons ce qu'ils en pensent.

jeudi 26 février 2015

Quoi qui n'y dedans ???

Le 19 février, un article sur leblog du Monde Un monde de jeux présentait un casse-tête : I N S I D E ³. Après l'avoir lu, j'ai du mal à ne pas courir au Warp pour m'en procurer un. Mais d'abord je veux les voir et en savoir plus pour choisir le niveau qui m'amusera le plus : celui qui me permettra de sortir de la zone de confort et d'atteindre ma zone proximale de développement (charabia ? Alors regardez cette vidéo-là !).


En 2013, l'éditeur a fait appel aux internautes pour financer son projet. Il a récolté 67 000 €, il en espérait 40 000.


Martin Vidberg, l'auteur de l'article, explique : " Le principe d'I N S I D E ³ est très simple. Le but du jeu est de guider une petite bille en métal dans un labyrinthe caché à l'intérieur d'un cube. La bille n'est visible que dans la zone de départ et la zone d'arrivée. Tout le reste du parcours se fait à l'aveugle en se servant du plan et en écoutant attentivement les "plocs" que la bille fait en heurtant les parois, seuls indices de sa position. "


" (...) il est toujours possible de démonter le cube pour la récupérer et la replacer sur son point de départ. La manipulation n'est pas évidente : il faut faire attention de remonter les niveaux du labyrinthe dans le bon sens et de veiller à ne surtout pas perdre la bille qui a vite fait de disparaître sous la table. "

Cette petite animation permet de comprendre comment est constitué le labyrinthe :

Il existe, sept cubes pour sept niveaux de difficulté :


Bon, dès que je l'ai, je vous raconte.

Tous les gros mots des pédagos

Cette capsule canadienne (source ici) présente l'importance du questionnement et des pistes pour développer l'autonomie des élèves. C'et assez basique mais clair, et cela reprend bien tout le vocabulaire actuel du pédagogue.

mercredi 25 février 2015

Faut-il mettre Pythagore dans une poubelle ?

Etienne Ghys
C'est le titre (volontairement provocateur) d'un article d'Etienne Gys publié le 18 février 2015 sur IdM. C'est un article qui me plaît beaucoup, mais vraiment beaucoup.

La question que se pose Etienne Gys est celle que se posent tous ceux qui sont concernés par l'enseignement des mathématiques ( à commencer par les élèves ) : " Que faut-il enseigner aujourd'hui ? ", reformulé fréquemment par les élèves sous la forme " A quoi ça sert ce qu'on apprend en maths ? ". Cette question est légitime et ne doit pas agacer l'enseignant. Un élève qui la pose fait preuve de réflexion et de recul. Il a le droit de se la poser, et nous, profs de maths, sommes probablement l'interlocuteur le plus naturel pour en discuter. Ce qui est amusant, c'est plutôt que les élèves trouvent d'autres disciplines comme évidemment utiles, alors qu'elles ne le sont pas davantage. Au hasard, prenons l'exemple de l'histoire. Lorsqu'on demande aux élèves si selon eux l'histoire est plus utile que les maths, ils répondent très souvent " Oui ! ". Mais pourquoi ? "Parce que l'histoire, c'est de la culture " arrive en tête ( on pourrait supposer qu'alors les maths non, outch ) et vient ensuite, mais loin derrière en fréquence " Parce que connaître l'histoire, ça permet de comprendre le monde d'aujourd'hui ". Ce qui est vrai, mais les maths aussi. Il y a toujours un petit flottement lorsqu'on fait remarquer à des collégiens que sans les maths, ni internet ni téléphone portable, ni un tas d'autres choses qu'ils ressentent comme moins directement vitales, à tort.

Mais c'est un autre débat.

J'en reviens à Pythagore et la poubelle.
 " Nous conviendrons tous que le but principal de l'enseignement des mathématiques au collège n'est pas de former des chercheurs scientifiques.
Que faut-il enseigner aujourd'hui ? Un élève qui arrive au baccalauréat a subi deux mille heures de cours de mathématiques. Il ne faut pas se cacher la face : le résultat est un échec. "
Monsieur Ghys prend l'exemple du théorème de Pythagore : alors que le nom de Pythagore est connu par une grande partie de la population, le contenu de son théorème l'est de façon beaucoup plus incertaine, et sa démonstration est connue de façon marginale. Pourtant, à peu près tout le monde y a "eu droit". Alors : "Pourquoi ce bijou mathématique passe-t-il aux oubliettes dès que possible ? "

Dédicace à Sullivan...
C'est vrai, le théorème de Pythagore, comme environ tout le reste, on ne s'en sert pas tous les jours. Selon Etienne Gys, le seul intérêt de l'enseigner est de le démontrer : "L'un des rôles principaux de l'enseignement des mathématiques est d'apprendre aux élèves à distinguer une vérité indiscutable d'un point de vue, d'une opinion ou d'une croyance. Nous pouvons avoir des idées qui divergent sur ceci ou sur cela, mais les mathématique sont l'un des moyens de nous accorder sur un certain nombre de vérités indiscutables. Un antidote au dogmatisme dont nous avons bien besoin."
Je suis évidemment d'accord avec tout ceci, et c'est fort clairement exposé. Mais j'ajouterai tout de même qu'enseigner certaines notions pourraient avoir comme intérêt supplémentaire de montrer quel cheminement ont suivi les hommes pour élaborer telle ou telle théorie, comment la recherche mathématique et scientifique a pu progresser, pour mettre en valeur la progression, la continuité, l'histoire de la science, des inventions, la façon dont elle est terriblement humaine, tournée vers l'homme, construite par des "gens". Mais pour cela il faudrait aussi repenser les programmes, laisser tomber tout un tas de choses, et accepter de passer du temps à jouer au détective historico-mathématique.
Finalement, ces deux points de vue ont au moins un objectif commun : apprendre aux jeunes à chercher, en observant comment on a cherché jusqu'ici, et en faisant démontrer ce qui est à leur portée.

Dans la fin de son article, Etienne Ghys fait une proposition très alléchante : il propose une " « nouvelle géométrie » qu’on pourrait aborder à l’école et qui serait plus proche des préoccupations des élèves : la géométrie des réseaux. C’est devenu une banalité : nous vivons dans des réseaux multiples, internet, Facebook, la SNCF, Skype, etc. Les adolescents (et autres) comptent leurs « amis » sur Facebook. Les grands réseaux ont des géométries qui n’ont rien d’euclidien. Les mathématiques qui sont impliquées sont variées : théorie des graphes et combinatoire bien sûr, mais aussi probabilités, sans oublier les aspects informatiques et algorithmiques. Je ne propose pas bien entendu un cours structuré sur la théorie des graphes au collège, mais il me semble qu’on peut aborder quelques points très simples et très instructifs. Plutôt que d’obliger les collégiens à apprendre par cœur, et sans explication, que le volume d’une boule de rayon R est 43πR3, ne serait-il pas préférable de les faire réfléchir à la croissance exponentielle des boules dans les réseaux sociaux (combien y a-t-il d’amis des amis de mes amis ?). Comment se propage l’information (ou les fausses informations) à l’intérieur d’un réseau ? Qu’est-ce que le phénomène du petit monde ? Qu’est-ce qu’un triangle rectangle dans le réseau SNCF ? Quel algorithme Google map utilise-t-il pour me proposer le meilleur itinéraire pour aller de A à B ? Évidemment, de la même manière qu’un théorème sans démonstration est une coquille vide, un algorithme requiert une preuve et on ne peut se contenter de l’utiliser aveuglément. "

J'adorerais ça, je crois...

lundi 23 février 2015

Brillante idée en 3D

Un de mes élèves de quatrième (celui de mon accroche-clef pi-pi) a aussi réalisé des poteries qui représentent les principaux solides que l'on étudie aux collège :



 Nous retrouvons donc ici une sphère, une demi-sphère, un pavé droit, un cube, une pyramide à base carrée et une autre à base triangulaire, un cylindre. Il ne manque qu'un prisme droit qui ne soit pas un pavé droit, mais c'est vraiment histoire de chipoter.
Ce que j'aime, ce sont les couleurs (si on se penche sur leur choix, elles sont le résultat d'un classement par famille) et le fait qu'elle soient émaillées. Cela me fait des solides brillants, et ça quand même, c'est la classe.

mon préféré : le cône.

Coincidence urinaire

Alors que j'ai publié hier ici même la BD de Zep, un élève m'a aujourd'hui donné une poterie dont il avait eu l'idée l'année dernière, et qu'il avait oublié de me donner :



C'est un accroche-clef-des-toilettes pour ma classe... Cette année le règlement intérieur a changé et nous ne devons plus confier la clef aux élèves, en raison de dégradations l'année dernière. Du coup, je n'ai plus de clef à accrocher. Mais je pense que je vais tout de même l'installer dans ma classe, et je suspendrai un petit écriteau expliquant cela. 

Tash n'est pas un as de la logique

Dans le Spirou de cette semaine, un épisode de Tash & Trash a retenu mon attention :



Tash a l'habitude de faire des choses peu réfléchies et terriblement dangereuses pour son intégrité physique. Dans cet épisode, Tash soliloque sur des implications logiques.

Hé bien mon cher Tash, discutons de ton affirmation.
"Qui ne fait rien ne se trompe jamais". 
Bon, déjà ça se conteste. Mais plaçons-nous dans un premier temps dans l'hypothèse où cette affirmation est vraie, car tu sembles le croire. 

Je reformule ton affirmation :
"Si quelqu'un ne fait rien, alors il ne se trompe jamais".
Bon. Maintenant, étudions la suite de ton discours. Tu prétends que ta première affirmation implique que "Qui fait quelque chose se trompe", autrement dit "Si quelqu'un fait quelque chose, alors il se trompe".

Là, Tash mon cher, je t'arrête. Stop. La vérité de "Si quelqu'un fait quelque chose, alors il se trompe" n'est pas dépendante de celle de "Si quelqu'un ne fait rien, alors il ne se trompe jamais". Par exemple :

"Le nombre x vaut 24, donc le nombre x est pair" est vraie ;
"Le nombre x ne vaut pas 24 donc le nombre x n'est pas pair" est fausse. 26 est un contre-exemple.

"Si ABCD est un parallélogramme, alors les diagonales du quadrilatère ABCD se coupent en leur milieu" est vraie ;
"Si ABCD n'est pas un parallélogramme, alors les diagonales du quadrilatère ABCD ne se coupent pas en leur milieu" est vraie aussi.
Ainsi, Tash, tu ne peux pas dans ces conditions dire "et donc" dans ta phrase. Tu peux dire si tu veux "Qui ne fait rien ne se trompe jamais" et aussi "Qui fait quelque chose se trompe", mais pas relier les deux par "et donc".

SAUF si tu considères en fait que "Qui ne fait rien ne se trompe jamais" est faux. Personnellement, cela me semble une évidence : si il y a le feu dans la maison, ne rien faire, c'est clairement se tromper. Mieux vaudrait mettre en sécurité les personnes présentes dans la maison et appeler les pompiers. Et alors ton affirmation est vraie, puisque le faux implique le vrai. Ou le faux, d'ailleurs, c'st comme tu veux.

Tu as compris ?
Comment ça, tu te sens tout déprimé ? C'est pourtant rigolo, la logique !

Tash ? Tash ? Réponds, alleeeeez !

dimanche 22 février 2015

Une envie irrationnelle

Sur le Monde, par Zep :

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Quand l'intolérance tue le génie

Que dire du film Imitation Game ?
 
Selon mon fils, "Le sujet du film est le décryptage d'Enigma et le génie, aussi. C'est intéressant sur la présentation qui est faite de Turing, mais parfois on se demande si des scènes n'ont pas été coupées. On a l'impression d'ellipses sur des moments où des choses importantes se seraient passées. Ils auraient aussi dû passer davantage de temps sur la fin de sa vie, la pomme, l'arsenic et Blanche-Neige. "
 
En ce qui me concerne, j'ai trouvé le film intéressant. Je compte d'ailleurs emmener mes élèves de quatrième et de troisième le voir.
Je ne sais pas trop quel est le sujet principal du film, et c'est d'ailleurs là ma première critique : ce pourrait être en effet la description de la vie d'Alan Turing, ou une histoire de l'utilité des mathématiques pour sauver des vies, ou un plaidoyer contre l'intolérance et en particulier le rejet de l'homosexualité. Mais ce qui concerne son homosexualité et le traitement barbare infligé aux homosexuels est relégué en fin de film. Il n'en reste pas moins poignant, et c'est une des raisons qui me donne envie d'y emmener mes élèves.

Mon fils est d'accord avec le sentiment d'éparpillement des thèmes, mais lui ne voit pas cela comme un problème. Pour lui c'est surtout l'histoire d'Alan Turing et cela entraîne d'autres thèmes dans son sillage.
Une autre remarque lui revient : il y a de grosses ficelles scénaristiques pour rajouter du dramatique, ficelles qui étaient inutiles et qui sont visibles.
 


Imitation Game
 
 Alan Turing a eu une existence aussi douloureuse qu'intense. Il était en grand décalage par rapport à son époque, aussi inadapté à la communication avec les autres et dénué d'empathie, que capable d'une pensée exceptionnelle.

Un épisode de la Preuve par Vieux lui est consacré, et doit son titre à la rumeur qui voudrait qu'Alan Turing se soit suicidé en croquant une pomme saupoudrée de cyanure, comme Blanche-Neige. D'aucuns affirment même que le logo d'Apple est un hommage à Turing. C'est encore un épisode très bien fait, qui explique des notions de cryptage.
 

 
Ici, vous trouverez une page sur le test de Turing.
Nous travaillerons sur le film en classe à partir de la rentrée, pour préparer le visionnage de la séance,  exploiter ce que les élèves en auront compris et expliciter le reste ensuite.


samedi 21 février 2015

Guillaume et les maths

Plusieurs élèves décorent leur cahier.Ils dessinent entre les exercices, égaient leurs productions. Je suis d'accord, du moment qu'ils travaillent.
Mais Guillaume, c'est encore autre chose. Guillaume, il a bien compris l'aspect jeu de rôle, conquête, monstre et bagarre que je veux donner à tout cela. Alors il illustre son cahier d'exercices, avec des créatures qui correspondent à son propre ressenti de la tâche effectuée.







J'aime beaucoup ce mélange de créativité, d'imagination et de sensibilité.
D'ailleurs, Guillaume est un garçon qui raisonne de façon très intéressante, originale et indépendante. Il veut comprendre pour lui-même, et j'aime bien ça.

Mon préféré, c'est celui-ci :

mercredi 18 février 2015

Considérations boulangères et échanges de douceurs

- {élève 1 sautillant sur sa chaise} Madamemadamemadame j'ai compris j'ai compris !

- {le prof, c'est-à-dire moi} Bien, tu m'en vois ravie. Que proposes-tu, alors ?

- {élève 1, tellement empressé qu'il n'en respire pas} Alors c'est en fait ils n'ont raison ni l'un ni l'autre parce que XXXXX {explication tout à fait convaincante. Il a compris.}

- {élève 2} Ouaah l'ôt', n'importe quoi, il a rien compris le bâtard, non mais sa mère !

- {prof} Je te demande pardon ? Tu penses que c'est une façon correcte de s'adresser à ton camarade et de te comporter dans ma classe ?

- {élève 2, après un silence penaud} Non m'dame pardon m'dame. Mais c'est n'importe quoi, c'qu'i dit.
{s'ensuit une explication qui montre que cet élève, lui, n'a pas tout compris à mon propos}

- {prof} Qui a raison, d'après vous ?

{Débat, qui aboutit à la conclusion que c'est le premier élève qui s'est exprimé qui a raison}

- {prof} Bon maintenant que nous sommes d'accord, je veux tout de même revenir sur ce qu'a dit élève 2. As-tu une idée de ce que signifie le mot "bâtard" ?

- {élève 2} Heuuuu non en fait.

- {élève 1} Ouais c'est un pain. Il me traite de pain, c'est débile, cassos', va !

- {prof, après un long silence empreint de solitude au dernier degré} Allez me chercher le dictionnaire, je vais vous apprendre un truc.
D'après le Larousse
Autant vous dire qu'il a fallu reformuler...


mardi 17 février 2015

Un petit bonheur de plus !


Merci les filles : c'est gentil, cela me fait plaisir, il y a de la recherche et vous avez fait des liens avec les maths, et vous vous êtes donné du mal en y passant du temps.

C'est du gâteau, qu'on veut ! (miam)

Dans une animation d'un peu plus de trois minutes, Avi Spector revient sur l'approche par compétences de l'enseignement. Sa vidéo est sympa car son but est de réconcilier l' "ancien" et le "nouveau", qui ne sont en fait ni l'un ni l'autre, vu qu'on fait déjà de tout depuis fort longtemps (mais tout le monde ne le fait pas, là est la nuance). Ses métaphores culinaires feront sourire mes élèves, qui verront tout de suite pourquoi le discours et les comparaisons de ce monsieur me plaisent...


Le site d'Avi Spector m'a l'air très intéressant et je vais aller consulter tout cela pendant les vacances. 

dimanche 15 février 2015

Corriger des copies ? Même pas mal !

Corriger des copies est un exercice classiquement associé à l'idée de corvée pour les enseignants. Ce peut être très ennuyeux, c'est vrai (encore qu'il y a un certain suspense à corriger des copies, et c'est aussi nous-mêmes que nous évaluons alors). Mais ce peut être franchement agréable : extraits de ce qui est passé entre mes mains ce weekend...

Consigne : dessiner un patron de cube 
Un exercice d'évaluation de 6ème sur les durées



Consigne : reproduire une figure donnée


Encore un exercice de 6ème sur les durées
Consigne : connaissant l'heure de début et celle de fin d'un film, calculer sa durée
Un élève de 4ème décore ses exercices en fonction de leur difficulté

Les anges d'Anna
Un 4ème qui n'aime pas les cigarettes.
Un devoir maison facultatif en 5ème, recto

et verso !

samedi 14 février 2015

Zéro pointé ou non acquis ?

Madame Vallaud-Belkacem ne veut plus abandonner la notation chiffrée. Les médias s'émeuvent depuis hier à ce sujet, faussement choqués de ce revirement.

En ce qui me concerne, je ne suis pas du tout, mais alors du tout du tout surprise. Dans toutes les réunions, dans tous les stages auxquels j'ai participé récemment on m'a dit "De toute façon les notes bientôt y en aura plus". A chaque fois j'ai répondu "Bien sûr que si. Personne n'est prêt à les abandonner. C'est bien trop tôt". Ben voilà, j'avais raison. Dommage. J'aurais aimé avoir tort. Encore que... Comme je l'ai déjà écrit, note ou pas note, ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel c'est de faire avancer les élèves, les mettre au travail, les faire réfléchir, leur permettre d'apprendre, avec le plus de bonheur et d'envie possible, en respectant leur personnalité. Comme je le martèle auprès des jeunes (et moins jeunes) collègues : on peut faire de la merde avec des notes, et sans aussi.
Et autant l'écrire tout de suite : je ne vais pas remettre de notes. 

Comment analyser la décision de notre ministre ?

D'abord, comme d'habitude, le gouvernement a parlé avant de réfléchir. On nous gonfle (et me dessert dans mes projets) à nous parler de avec ou sans note, de bienveillance ou de note sanction, et on fait montrer la mayonnaise pour rien. D'autant que c'est bien connu, en matière d'éducation, tout le monde a un avis intéressant à donner. Tout ça pour ça.


Ensuite, un des arguments donnés est que quel que soit le mode d'évaluation (note, lettre, points de couleur) il peut facilement se rapporter à une note. C'est vrai. Mais là encore, on se trompe de débat. Evaluer par compétences, c'est dresser un diagnostique précis des savoirs faire, des forces et des faiblesses des élèves. Cela permet ensuite de retravailler ce qui le nécessite, et de progresser. Cela permet aussi de valoriser ce qui est maîtrisé, même lorsque peu de compétences le sont. Sans servir la soupe pour autant ! Ce n'est pas un résumé comme l'est la note. Il faut plus de temps pour lire un bilan de compétences que pour "ressentir" une note, c'est vrai. Mais la grande majorité des parents de mes élèves semblent l'avoir compris, voire l'apprécier. Bien sûr quelques-uns regrettent la note, "parce qu'on était habitués", "parce qu'on comprend mieux avec une note" ou "parce que avant à moins de quinze il avait une torgnole et là je ne sais plus quand la lui donner" (sic), mais je reçois beaucoup plus de mails d'encouragement et de remerciements que de critiques (elles sont toutes ci-avant en fait).

Le Monde écrit :
"La volte-face gouvernementale sur le sujet tient précisément à ce terme «républicain». (...) Depuis les tragiques événements de janvier 2015, le discours gouvernemental sur l'école a radicalement changé. L'autorité et la transmission des valeurs républicaines sont affichées comme une priorité. Une priorité qui ne fait semble-t-il pas bon ménage avec la suppression des notes."
Revenons-nous à la note pour être "sévères", parce qu'être sévère rend les élèves bons moralement et sages socialement, alors que ne pas noter et revendiquer la bienveillance (qui n'a jamais été incompatible avec la note, évidemment, mais aucun média ne propose cette nuance !) rend les futurs citoyens dépravés et dépourvus de valeurs ???

Rhaaaa flûte, je m'étais promis de ne pas m'énerver.

Bon. Je me calme.
Je réponds à mes deux élèves qui m'ont écrit un mail, l'un pour me demander si j'allais continuer "à faire pareil, parce que c'est bien comme ça", l'autre pour me dire que "Il ne faut pas changer madame et nous on dira rien à la ministre et au président". Nous allons effectivement continuer pareil. Parce que ça marche, c'est vrai. Parce que je m'amuse, parce que mes élèves progressent, parce que je le vois, le plaisir d'apprendre, en face de moi. Et aussi parce que noter ou pas, ce n'est pas là le fond du problème ni la base de mon système de cette année. C'est un symptôme et ce n'est pas si important que ça. Mon système n'aurais pas le même sens, ni autant de poids avec la note.

On ne change rien, c'est-à-dire qu'on continue à évaluer ensemble le projet et à l'adapter au fur et à mesure, selon nos besoins et nos observations. Et pas de souci les jeunes, j'ai le droit de le faire. Nous menons ensemble une expérimentation, identifiée et reconnue par le rectorat, soutenue par mes inspecteurs et mon chef d'établissement.

Ainsi non, l'évaluation de lundi ne sera toujours pas notée. :-)

Rassurés, T. et T. ?

Séismes, probabilités et injustices

La semaine dernière nous avons travaillé avec mes élèves de troisième sur les probabilités. C'est un chapitre très agréable à travailler pour moi : cette classe est constituée de beaucoup d'élèves en difficulté en mathématiques et qu'il est difficile de convaincre que si si, ils peuvent encore y arriver. Or ce chapitre ne nécessite pratiquement aucun pré-requis et s'appuie sur le bon sens, l'observation quotidienne. Chacun y part avec les mêmes chances. A condition d'être présent en cours régulièrement et de chercher les exercices proposés, bien sûr, ce qui est loin d'être le cas de tous, mais passons.

Une difficulté cette année est de faire comprendre aux élèves la différence entre statistique et probabilité, entre fréquence observée et proportion idéale, mais aussi entre étude d'une situation et généralité. Au lycée, la construction mentale des intervalles de confiance puis des intervalles de fluctuation en dépendra, alors j'insiste.

Par exemple, dans un tableau comme celui-ci :
à la question "si je choisis au hasard une personne, quelle est la probabilité que ce soit un garçon ?", plusieurs élèves, après une semaine sur les probas, me répondent "une sur deux, car on est soit un garçon, soit une fille".

Autre exemple : si je joue au loto les nombres 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, ai-je plus ou moins de chances de gagner que si je joue 32, 11, 6, 19, etc. Même avec des interrogations du type "Si je lance une pièce équilibrée et que j'obtiens "Face", ai-je au lancer suivant plus ou moins de chances d'obtenir "Pile" ?", je sens bien les hésitations. Lorsque je fais le clown en jouant la pièce qui dit "Allez allez, attention, faut pas que je tombe sur "Face" ce coup-ci, oh hisse !", les hésitations s'envolent, mais je ne serai pas toujours là pour faire le clown lorsque ce genre de problématique apparaîtra.


De fil en aiguille j'en suis arrivée parler à mes élèves des sismologues italiens qui avaient été condamnés à six ans de prison ferme pour avoir fourni des probabilités indiquant que le risque de séisme était faible, juste avant qu'un tremblement de terre dévastateur survienne. Là, mes élèves ont réagi tout de suite : "C'est pas parce qu'ils disent ça qu'il ne peut pas y avoir de tremblement de terre", "C'est les autres qui en ont déduit des trucs qu'ils auraient pas dû", et ainsi de suite. On touche à l'humain et au juste ou à l'injuste, alors l'adolescent réagit et s'insurge. C'est normal à ce stade de son développement, et en l'occurrence c'est une réaction fondée.

Ce que j'avais oublié, c'est qu'en appel les sismologues ont été acquittés. Il faut que je le dise à mes troisièmes lundi. 
Qu'ils puissent dormir tranquilles : la justice est rétablie, ouf. (Ne voyez pas d'ironie dans cette remarque, il n'y en a aucune)

jeudi 12 février 2015

Algorea, pour les grands Castor

Cette année au collège nous avons à nouveau organisé le concours Castor informatique. Toutes les classes du collège y ont participé. Le concours se décline en plusieurs niveaux, tout en proposant à chaque niveau le même type d'exercices.
 Ce concours se résout sur ordinateur, de façon individuelle ou en binôme, au choix des élèves.

A l'issue du concours, les élèves ont obtenu leur classement. Les 10% meilleurs participants sur la France ont été qualifiés pour le premier tour du concours Algoréa, qui s'est déroulé pendant la semaine du 2 au 8 février.
Nos élèves ont fait partie des 8200 élèves qui ont participé à l'échelle nationale. Nous étions contents : plus de 10% de nos élèves ont été sélectionnés pour le premier tour d'Algorea, soit une sur-représentation satisfaisante.


Pour ma part, j'ai surveillé et accompagné les élèves de troisième pendant leurs quarante-cinq minutes de cogitation. J'ai été bluffée par leur sérieux. On aurait entendu une mouche voler !
Le principal écueil auquel se sont heurtés ces élèves est la compréhension de la consigne. Certaines d'ailleurs étaient plus ou moins précises, à mon sens, et heureusement des exemples étaient proposés pour se les approprier.

Les élèves de troisième en plein effort.
Maintenant, nous attendons les résultats... Ils arriveront avant la fin du mois de février.