Penchons-nous cette fois sur la mise en oeuvre, dans ma classe, de l'année à venir.
Chaque élève recevra, en début d'année, plusieurs documents qui lui permettront (j'espère !) de comprendre comment l'année se déroulera, comment nous travaillerons et comment il sera évalué.
La progression, d'abord. Voici un exemple avec la progression de cinquième :
La feuille de personnage ensuite. Toujours en cinquième :
Ces deux documents seront collés au début du cahier. Je complèterai la feuille de perso au fur et à mesure de l'année.
Enfin, voici deux extrait d'une fiche d'évaluation prof (que les élèves n'auront pas) :
évaluation sur un thème
bilan d'évaluation en cours d'année
Comment allons-nous travailler ? C'est simple : efficacement et avec plaisir. Je détaille ?
D'accord. Mettons les choses au point tout de suite, sur un point qui va retenir l'attention (alors qu'à mon sens ce n'est pas le plus important) : il n'y aura plus de note (c'est à nuancer en troisième, j'y reviendrai dans un prochain article). Plus de /20, de /10, de longues réflexions pour attribuer ou pas un demi-point. A la place, l'élève gagne des XP (des points d'expérience) et acquiert des compétences, reportées sur sa feuille de perso mathématique.
Ce choix des XP relève d'une double volonté de ma part :
- valoriser tout travail, même incomplet, même maladroit. On n'est pas sanctionné par un 3/20 ; on ne peut que gagner des points. Et comme les élèves n'auront pas la feuille-prof d'évaluation et que chaque thème rapporte un nombre de XP différent, ils ne pourront pas, même en étant des champions de la proportionnalité, se ramener à une note "classique".
- permettre aux élèves en réussite d'aller toujours plus loin : on n'est pas limité dans le nombre de XP gagnés. On peut crever le plafond.
Lorsqu'on a suffisamment d'XP, on passe de niveau. Pour chaque classe, j'ai un objectif global en terme de niveau atteint. Mais ce n'est pas si simple, car le plus important réside dans l'acquisition des compétences. Les niveaux sont là pour montrer à l'élève qu'il progresse. Le nombre d'XP nécessaire pour passer de niveau n'est ni constant, ni linéaire, ni exponentiel. Il est lié à des considérations pédagogiques, au thème étudié.
Imaginons que nous commencions un thème, là, en classe. D'abord, comme d'habitude, nous le découvrons au travers d'activités, de débats, de manipulations, de vidéos. Nous commençons déjà, une fois les bases posées ainsi, à réfléchir et résoudre des exercices. De là se dégagent des notions, des méthodes, qu'une fiche (à compléter ou déjà complétée) va venir résumer dans le cahier. Puis nous continuons à approfondir, chacun à son rythme, sur des travaux individuels, en binôme ou en groupe, dans le cahier, sur feuille à rendre ou sur ordi, juste au brouillon ou finalisés, ça dépend des nécessités et des objectifs du jour.
Les élèves gagnent des points, tout le temps, mais plus ou moins : par les travaux faits à la maison, par ceux effectués en classe, au travers d'interros orales de début de séance, en participant. Ceux qui le veulent peuvent, à raison d'une par thème, se lancer dans une "réalisation", qu'ils me rendent ou présentent à la classe, au choix. Ce peut être une poésie, un panneau sur le thème en cours, un objet fabriqué, un exposé sur un point d'actualité ou historique, etc. Des travaux facultatifs (mes "piles culture" et "mes piles approfondissement") sont proposés aux volontaires, qui gagnent encore des XP, pendant que ceux qui ont encore besoin d'entraînement sur les notions exigibles y reviennent. Un élève peut élaborer une fiche de lecture sur un des livres mis à disposition en classe, faire un dessin qui décore la salle de cours, proposer la critique d'un jeu mathématique.
En parallèle, les élèves accomplissent des quêtes, de diverses nature. Par exemple, ils affrontent des boss (les devoirs surveillés), se lancent à l'assaut de donjons (des problèmes ouverts) avec leur guilde (les groupes).
En même temps qu'ils gagnent des points, les élèves progressent dans leurs compétences. Pour eux, cela se traduit par des cases à cocher (sur la feuille de perso). Pour moi aussi, mais chaque case correspond à un point précis de la compétence. Par exemple :
Cela me permettra de savoir précisément ce qui est acquis ou pas chez chacun, pour proposer des remédiations ou de pouvoir faire un bilan précis auprès de l'élève et de sa famille.
Ainsi, tout effort, tout investissement est valorisé. Il n'y a plus de référentiel ni de moyen de comparer. Plus non plus de "ça va, j'ai la moyenne" ou de "Oh non, j'ai que 14 !". Plus non plus de ce 12/20 qui cache que la partie calcul est loupée mais compensée par des acquis remarquables en géométrie, ni de ce 6/20 qui fait oublier à l'élève et à ses parents que le prof a bien vu son talent pour élaborer une démarche de résolution de problème ou la faculté de prendre des initiatives.
Du coup, pas de note dans le bulletin en maths. A la place, je pense que je proposerai un bilan des compétences du trimestre, avec une appréciation détaillée et des conseils pour progresser.