Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

lundi 19 mai 2014

Sofia Kovalevskaïa, mathématicienne rebelle

J'ai découvert Sofia Kovalevskaïa en cherchant des doodles liés aux maths

Sofia Kovalevskaïa était une mathématicienne russe haute en couleurs. Elle naquit en 1850 dans une famille noble et cultivée à Moscou : elle fréquentait par exemple Dostoïevski, qui demanda même sa soeur aînée en mariage. 
Elle montra dès l'adolescence des facilités pour les mathématiques, ainsi qu'une personnalité déterminée. Elle aimait tellement étudier les mathématiques qu'elle négligeait les autres disciplines que son père voulait qu'elle apprenne. Il en arriva à la priver de mathématiques, et elle continua de les étudier, en cachette, la nuit. 


Elle se maria à 18 ans avec un biologiste paléontologue, Voldemar Kovalevski (il traduisit Darwin en russe). Il était nihiliste, comme elle, et c'était un mariage blanc, qui lui permettait de s'émanciper et de parcourir l'Europe sans l'autorisation de son père. Elle partit en Allemagne avec lui pour achever ses études, où elle suivit les cours de Weierstrass. Mais à cette époque, une femme ne pouvait s'inscrire à l'université, et Weierstrass lui donnait des cours privés. Elle devint une de ses élèves préférées. Elle fut la première femme en Allemagne à obtenir le titre de docteur in absentia à l'université de Gottingen : elle était reconnue titulaire d'un doctorat mais ne pouvait pas fréquenter l'université. Sa soutenance portait sur sur les équations dérivées partielles, ce qu’aujourd’hui on appelle le théorème de Cauchy-Kovalevskaïa. Elle avait trouvé un contre-exemple à un théorème que tout le monde croyait vrai, ce qui lui avait permis de formuler le bon énoncé, puis de le démontrer.


Sa vie personnelle fut douloureuse. La vie commune avec son mari s'avéra être difficile. Le couple avait peu d'argent et Voldemar Kovalevski sous-estimait les qualités scientifiques de sa femme. Elle partit sans lui poursuivre ses travaux mathématiques en Allemagne et en France. Il se suicida en ingérant du formol lors de cette séparation, en 1883, accablé par les dettes, ruiné et probablement amoureux éconduit de sa femme. Sofia Kovalevskaïa traversa une longue dépression. 
Elle s'installa à Stockholm avec sa fille où elle obtient un poste permanent de professeur à l'université de Stockholm, devenant ainsi une des premières femmes professeur d'Université en Europe. Elle écrivit un mémoire, Sur les problèmes de la rotation d’un corps solide autour d’un point fixe (1888) couronné par le Prix Bordin de l’Académie des sciences de Paris. Elle se heurta à des oppositions féroces. Le dramaturge August Strindberg disait, à son propos : «Un professeur femme est un phénomène pernicieux et déplaisant ; on pourrait même dire, une monstruosité.» 

Ce n'était pas l'avis de ses collègues et de ses étudiants. Ainsi Mittag-Leffler a-t-il dit d'elle :
«C'est une femme fascinante. Elle est belle, et quand elle parle, une expression de féminité, de douceur et de rare intelligence illumine son visage [...] Comme savante, elle se distingue par la rare clarté et précision avec laquelle elle s'exprime, ainsi que par une extraordinaire rapidité de compréhension. Il est facile de voir la profondeur à laquelle elle a poussé ses études, et je comprends parfaitement pourquoi Weierstrass la considère comme la plus douée de ses élèves.»

Elle tomba éperdument amoureuse d'un sociologue qu’elle appelait « le gros M ». mais ces sentiments n'étaient pas partagé : « le gros M »  n'avait pour elle que de l’admiration. 
Elle continua à voyager et finit par retourner à Stockholm où elle mourut d'une pneumonie, solitaire, à 41 ans.

Sofia Kovalevskaïa a écrit  Les Sœurs Rjevski et Vera Vorontzoff, qui décrivent la vie en Russie, et un roman en partie autobiographique : une nihiliste. Elle disait : 

«Il est impossible d'être mathématicien sans être poète dans l'âme».


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