Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

samedi 19 juillet 2014

Maths et jeu de rôles, première partie

J'avais déjà parlé ici de mon projet pour l'année prochaine. Il s'est étoffé et est déjà bien avancé. Dans cet article, j'explique sa genèse.

J’enseigne au collège depuis trois ans, après avoir longtemps enseigné en lycée. Dans le lycée où je suis restée plus de dix ans, j’avais participé à plusieurs expérimentations ou projets pédagogiques. Cette année, j’ai eu envie de me lancer dans de nouvelles pratiques. Et au final, le bilan est si positif que je vais essayer d’aller plus loin.

Cette année :
- on change la classe :
Au début du troisième trimestre, j’ai organisé ma salle en îlots de quatre places. Je voulais privilégier le travail de groupe, proposer aux élèves une disposition qui change et casse l’aspect formel des rangs. Je vérifie mieux le travail de chacun, car je peux me placer derrière chaque élève. Les élèves apprécient et sont dans un état d’esprit différent. Ils communiquent davantage, pour papoter (un peu ; c’est le bémol de cette organisation) et pour s’entraider (beaucoup, ça c’est bien). Ils ne sont plus forcément face au tableau, qui n’est plus le point de convergence de la salle.

Bilan : très positif, je garde. J’ai commandé par mon établissement des lecteurs MP3 pour enregistrer les phases de recherche par groupe, de façon à m’appuyer plus encore sur ces échanges, les évaluer, les réutiliser avec les élèves, et aussi vérifier que tout le monde bosse. On verra plus tard pour des tablettes.

- on change les évaluations :
Lors des évaluations, les élèves n’avaient pas tous le même travail à faire. Cela dépendait du niveau observé, de leurs difficultés sur les thèmes évalués. Certains élèves avaient même des contenus de cours différents, allégés ou adaptés à des handicaps (avec l’accord des familles et de mon administration). De ce fait, une même note pour deux élèves ne signifiait évidemment pas la même chose. Cela n’a posé aucun problème auprès des élèves ou de leurs parents, et j’étais en mesure d’expliquer à chacun où en était précisément l’enfant dans ses acquisitions en maths.
Les objectifs ici étaient de conserver de la motivation chez les élèves en difficulté et d’encourager les élèves en réussite à aller plus loin. De différencier, tout « simplement ».

Bilan : le dispositif est gérable : le surcroît de travail est important au début, puis s’atténue. Pour les élèves, c’est très positif. Je pense avoir « récupéré » plusieurs élèves qui auraient décroché en maths. Je garde donc, mais en allant plus loin.

- on change les heures de cours :
Les élèves écrivaient déjà de moins en moins de leçon, mais cette année, ils en ont écrit encore beaucoup moins. La trace écrite est souvent sur la base d’une fiche à compléter ensemble. Nous cherchons toujours beaucoup d’exercices en classe, je donne toujours des exercices à faire à la maison d’une séance sur l’autre, mais surtout, nous manipulons : les équations avec une balance de Roberval, les relatifs avec de grandes règles en bois et des marqueurs, les parallélogrammes avec de vrais parallélogrammes dans les mains, qui bougent et tout, etc. Alors oui, nous avons parfois passé une heure à manipuler, à chercher, à discuter de tel ou tel objet mathématique, mais au final c’est vraiment très efficace.

       





Bilan : très bien, je garde !

- on prévoit de gérer l’imprévu…
J’avais dans ma musette, les années précédentes, quelques exercices ou travaux à donner aux élèves qui allaient plus vite que les autres, ou en grande difficulté. Cette année, j’ai décidé d’aller plus loin : dans mon placard, j’ai une « pile culture » et une « pile aller plus loin ». La première aborde des notions de maths sous l’angle historique, sociologique, technologique. L’autre propose des approfondissements et des prolongements. Les deux sont en libre service, à partir du moment où l’élève a terminé le travail demandé et l’a accompli correctement, et à condition que l’élève me rende son travail. J’ai aussi six classeurs d’activités adaptées à différents types de difficultés, pour les élèves qui coincent, ou pour les élèves dyspraxiques, dyslexiques, autistes, etc. Au fil de l’année, j’ai ramené des romans mathématiques, des BD mathématiques, des magazines scientifiques, des manuels du 19ème siècle. Un seul mot d’ordre : dans ma classe, on apprend. Mais on peut apprendre de plein de façons possibles.

Bilan : encore très positif. J’ai demandé une grande étagère pour stocker mes piles d’activités, mes livres et mes jeux. Je garde et je développe.

- on s’inspire des bonnes idées
J’ai beaucoup lu d’ouvrages, d’articles, de pages internet. Sur les maths, leur enseignement, leur actualité, la didactique, la pédagogie, l’adolescence, le cognitif. J’ai empilé des tas d’informations. J’ai aussi animé beaucoup de formations, ce qui m’a permis de rencontrer des collègues très enrichissants. Et surtout, j’ai un atout : mon mari. Il est prof (pas du tout de maths), curieux, ose des expérimentations et se renouvelle sans cesse. Forcément, ça donne envie de se lancer aussi. En plus, il maintient une veille pédagogique sur internet très, très efficace. Et il repère aussi tout ce qui peut m’intéresser. Et là, sur mes projets pour l’année à venir, nous avons travaillé tous les deux des heures chaque jour… Ce qui pour moi est encourageant et dynamisant. Il m’a aussi donné l’envie de tenir ce blog, ce qui m’apporte beaucoup, en terme de culture, d’énergie.

Bilan : évidemment positif ! Elaborer des projets c’est bien, mais en discuter est indispensable. J’ai juste dû m’acheter une relieuse et ranger ma cave pour pouvoir rationnaliser et stocker toute la littérature qui m’intéresse.

3 commentaires:

  1. Bonjour,

    Je lis réguliérement votre blog, en apprécie la qualité littéraire, la modération, la variété, le vivant c'est à dire avec des projets personnels ou alimentés par de la veille pédagogique et technologique... Il y aurait donc des profs heureux ?

    Je lis dans votre article une interrogation sur la présentation des entiers relatifs, l'addition et la soustraction de ces bestioles.
    Question plusieurs fois rencontrée...

    Quelques souvenirs et avis avec un recul d'une cinquantaine d'années...
    J'ai le plus souvent pris l'ascenseur comme première approche.
    Une parenthèse : j'ai fait un de mes premiers programmes (en BASIC 1.0 pour alimenter les TO7 et MO5 du premier nanoréseau) avec un ascenseur ; des élèves "en difficulté" y réussissaient mieux que des "bons", ce qui m'a convaincu de l'intérêt pédagogique de ce ces "mathématiques dynamiques".
    Il fut un temps où on prenait le temps d'écrire les nombres avec deux couleurs, un signe d'addition "spécial" et un signe de soustraction "spécial". Puis on introduisait l'écriture habituelle (+2)-(-5)=(+2)+(+5) en insistant sur les deus sortes de signe+ et les deux sortes de signe -.
    Puis, après beaucoup d'exercices, on passait à l'écriture simplifiée 2-(-5)=2+5...
    Actuellement, le passage à l'écriture simplifiée est beaucoup plus rapide : l'élève qui réussit les calculs a-t-il bien compris ?

    Je viens de reprendre une introduction aux entiers relatifs avec l'idée de désintégration de G Jobin :
    http://www.gilles-jobin.org/jobineries/index.php?2005/10/19/285-laddition-et-la-soustraction-chez-les-entiers
    http://www.gilles-jobin.org/jobineries/index.php?2008/05/16/753-d-ici-a-la-france#co
    Cette idée a peut-être un intérêt pédagogique (image mentale ?).
    De la trace écrite peut être obtenue avec des copies d'écran, des feuilles dédiées.
    De la manipulation possible aves des bouts de papier en couleur ou autres objets.

    En test :
    http://rdassonval.free.fr/flash/desintegration.swf

    Critiques et propositions bienvenues,
    Roland Dassonval.

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    1. Bonjour,

      Merci de votre commentaire; je dois avouer que j'espérais avoir de vos nouvelles car votre animation flash sur l'activité curvica est vraiment extra et va me simplifier beaucoup le vie. Je l'ai déjà, l'année dernière, montrée à mes élèves, qui étaient tout contents de votre "mise en flash" de cette activité.
      Et je confirme en passant : être un prof heureux, oui, c'est possible. il faut de la chance (les conditions d'exercice) et beaucoup d'énergie.

      Votre proposition sur les nombres relatifs me plaît beaucoup; elle reprend l'idée de G Jobin, que je ne connaissait pas telle quelle, mais que je comptais utiliser l'année prochaine en vidéo, ici:http://mathix.org/linux/archives/4469 et là:http://mathix.org/linux/archives/4486. Ce serait un parfait prolongement. J'utiliserais bien d'abord l'ascenseur, avant le reste, mais je n'arrive pas à faire fonctionner cette page-là, alors que toutes les autres oui. Et si je peux être franchement exigeante, j'aurais bien aimé pouvoir refaire les première pages "additionner des rouges et des rouges", "... des blessures et des bleues" plusieurs fois en utilisant des nombres différents.

      Je vous remercie vraiment de votre contribution, d'autant que je ne sais pas du tout faire ce genre de choses, et que je me vois tout à fait l'utiliser en classe, avec votre permission.

      A bientôt!

      Claire Lommé.

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  2. Merci pour la réponse rapide ; pas que les retraités qui ne sonr pas en vacances...
    Je vais ajouter un refaire pour les pages d'addition rouge rouge (rouge, c'est chaud) et bleu bleu (bleu, c'est froid).
    L'ascenseur se déplace en appuyant d'une façon continue sur les touches du clavier.
    Mes animations FLASH, téléchargeables, sont à la disposition de tous...
    Roland Dassonval

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