Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

vendredi 9 janvier 2015

Les jeunes, réveillez-vous !

Aujourd'hui, j'ai cassé l'ambiance dans ma classe de troisième. J'étais déçue par les résultats des brevets blancs de mes élèves, déjà. Mais surtout, j'avais corrigé un devoir maison. Sur 28 élèves, 13 m'avaient rendu à l'heure leur devoir, dont quatre qui manifestement n'ont pas fait leur travail eux-mêmes. Depuis j'en ai récupéré d'autres, mais 3 élèves sont absents tellement souvent que je ne récupèrerai jamais leur copie, et deux étaient là mais n'ont sans doute même pas envisagé de faire le travail demandé.

J'ai regardé la classe. Il me manquait un nombre considérable d'élèves. Comme d'habitude à 8h. Plusieurs sont arrivés, au fur et à mesure.

Parmi les présents, plusieurs n'avaient pas leurs affaires. Pas leur cahier, pas leur feuille d'exos ou pas leur trousse. Un d'entre eux était affalé sur sa table, tête sur le bureau.


J'en ai eu assez. Je n'étais pas énervée, mais écoeurée. Voici en substance ce que j'ai dit à ces jeunes gens.

L'école est une chance. Il ne faut pas y aller juste parce qu'on est obligé, parce qu'on est au chaud, parce que c'est comme ça.
L'école est là pour aider à construire la vie des jeunes. Pour leur permettre d'avoir le choix. Le choix de ce qu'ils vont devenir.

En ne faisant rien, en ne travaillant pas, en étant mou et sans volonté, en renonçant si tôt, ces élèves me privent de la possibilité de les aider. Et ça, j'estime qu'ils n'en ont pas le droit.
Ils se privent aussi de ce qu'ils pourraient mériter. Mais l'effort intellectuel et scolaire est si loin des préoccupations de certains d'entre eux, devenu si difficile à d'autres, par manque d'habitude, par entrainement à la paresse ou à l'inactivité, qu'ils n'en sont plus capables spontanément.

Je connais des gens qui, toute leur vie, ont travaillé d'arrache-pied pour garantir à leurs enfants de pouvoir suivre des écoles. Mon grand-père avait un travail de jour, et un autre, non officiel, la nuit. Il a permis à ses enfants de suivre une scolarité inhabituelle à l'époque pour des enfants d'ouvrier.
Je connais des gens qui ont dû arrêter leurs études pour travailler, par nécessité économique, et qui jamais n'ont pu réaliser leur rêve, comme devenir maîtresse d'école. Ces gens ont dû exercer des métiers qui ne leur plaisaient pas, qui ne correspondaient pas à leurs talents réels.

Ces gens-là savaient ou savent quel est le prix de l'école. Elle permettait de s'élever, intellectuellement, culturellement, scolairement. Mais elle le permet encore. Différemment, mais c'est encore vrai.

Bien travailler à l'école permet de choisir son orientation.
Bien travailler à l'école permet de collecter des diplômes.
Avoir des diplômes permet de trouver du travail plus facilement et de percevoir de meilleurs salaires, de bénéficier de conditions de travail plus épanouissantes.

Bien travailler à l'école est un facteur de liberté.
Glander est un facteur d'aliénation.

Est-ce si difficile à comprendre ?

J'espère que mes élèves m'ont entendue. Je ne voulais pas être moralisatrice ou larmoyante, je voulais qu'ils comprennent qu'ils se trompent, qu'il n'est pas trop tard, que nous, enseignants, pouvons les aider. D'ailleurs je réfléchis aussi, de mon côté, à comment m'y prendre pour les remotiver, les réveiller, les remettre en activité réelle.

Il m'a semblé toucher quelques élèves, mais combien de temps cela durera-t-il ?

PS : je précise tout de même que cette apathie n'est pas le fait de tous les élèves de cette classe, et que mes autres classes ne sont pas concernées. Je ne fais pas là une description des collégiens en général, mais des deux tiers de mes élèves de troisième. Ce qui fait déjà trop.

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