Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

dimanche 4 janvier 2015

Mes maths, ma bulle

J'avais coutume de dire que la discipline que j'enseigne importe peu, que je pourrais (à supposer que j'en sois capable en terme de niveau, bien entendu) enseigner n'importe quoi. Jusqu'ici, c'est l'acte d'enseigner qui me paraissait important pour moi, pas le contenu.

Je n'en suis plus si sûre.

Attention, loin de moi l'idée de prétendre que les contenus que je transmets sont importants pour eux-mêmes. je reste persuadée que c'est transmettre des compétences qui est fondamental : rendre les jeunes autonomes, curieux. Savoir comment tracer une hauteur dans un triangle ou déterminer une primitive d'une fonction exponentielle, ça peut servir mais bon, on peut bien vivre sa vie sans, aussi.
Ce qui me plait dans l'enseignement des maths c'est aussi bien sûr l'éducation à la logique, à l'esprit critique, à la structuration d'un raisonnement. En somme, savoir analyser, réfléchir par soi-même, élaborer une solution convaincante et intelligible. Mais je suppose que des collègues d'autres champs disciplinaires me diraient que leur discipline aussi développe ces talents.
Ce qui m'a fait me tourner vers l'enseignement des maths, c'est aussi l'envie de démêler les noeuds chez tous ceux qui trébuchent sur cette si belle discipline. Avoir vu les difficultés de mes camarades au collège, au lycée, a été pour moi un appel vers cet enseignement là.

Mais cet après-midi, en discutant avec mon historien préféré, j'ai eu ma révélation du moment. Il louait le travail d'un journaliste qui a réussi la prouesse de suivre un enfant d'Afghanistan pendant dix ans, de 8 à 18 ans. Il était enthousiaste, le documentaire lui semblant intéressant et rare.

Et, a-t-il ajouté, triste.


Voilà. En maths, on résout des problèmes, et cela améliore la vie. On se met à la disposition des autres. Mais on rêve, aussi. Les maths décrivent ce qui se passe "si tout va bien", "théoriquement". On peut y choisir ses émotions, et, vécues avec appétit, les maths n'engendrent pas de douleur, car fondamentalement elles ne sont que constructions naturelles en harmonie avec l'esprit de l'homme. Pas de violence, pas de bruit. Des mystères, de l'utopie, de la passion, mais pas de tristesse.

Pour une utopiste comme moi, c'était en fait une évidence, même si cela ne m'apparaît qu'aujourd'hui.

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