Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

lundi 16 novembre 2015

Parler des attentats avec 29 élèves de 11 ans

Ce n'est pas simple. J'avais pas mal réfléchi hier, changé d'avis  plusieurs fois : non, je n'en parlerai pas, que pourrai-je leur dire de plus ? Si, je leur en parlerai s'ils ont des questions... Mais non, je veux qu'ils s'extraient de ce marasme étendu par la couverture médiatique et les réseaux sociaux. Et en même temps, ont-ils tout compris au lexique lié aux attentats ?

Pour finir, j'ai demandé conseil à mon mari. Il pensait qu'il fallait surtout expliquer : djihadiste, état d'urgence, etc. Il m'a transmis la vidéo qui suit, dont j'ai ce matin, en première heure, diffusé les six premières minutes.


Les enfants ont écouté attentivement, puis nous avons reformulé, en utilisant aussi ce document d'Okapi.

Certains élèves avaient des questions très précises, de lexique : pourquoi le Président de la République a-t-il parlé d'état de guerre ? Est-ce que c'est "vraiment" la guerre ? Est-ce que c'est la "faute" de la France qui intervient militairement en Syrie s'il y a eu ces attentats ? (je venais d'écouter une émission de France Culture qui expliquait que les premiers attentats de Daesh avaient eu lieu en Europe avant toute intervention militaire)
J'ai fait mon possible pour clarifier tout cela, le plus calmement et le plus objectivement possible. J'ai expliqué, je leur ai appris le mot "amalgame" et quels amalgames il ne fallait pas faire. J'ai parlé de l'importance de réfléchir, de ne pas croire tout ce qui se dit, de continuer de vivre sa vie, sans minimiser la gravité, l'horreur, l'inhumanité de ce qui vient de se passer.

Mais ce qui m'a frappée, ce sont ces enfants qui n'avaient qu'une envie : décrire ce qu'ils avaient vu à la télé ou sur internet. Ils voulaient absolument dire aux autres le sang, les corps inanimés, et pire encore. Et moi je ne voulais pas : ce n'était pas aller dans le sens de la rationalisation, et puis ces enfants ont 11 ans. Tant mieux pour tous ceux qui n'ont pas vu l'horreur. Mais ceux qui avaient vu étaient choqués. Ils fallait que ça sorte, et ça, ça a été compliqué. De la même façon, ils listaient toutes les rumeurs qu'ils avaient entendues, tout en les présentant comme telles. Et lorsque je les ai arrêtés en leur demandant à quoi servait une rumeur, ils m'ont dit "à rien, mais quand même !".

Tout cela m'a laissé un goût amer. Je suis vraiment contente de ne pas avoir la télé.


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