Aujourd'hui, j'ai suivi une journée de formation sur la parole de l'élève : comment favoriser la prise de parole de l'élève en développant ses apprentissages ? C'était une journée vraiment intéressante, avec plusieurs interventions qui m'ont enrichie. En particulier, deux chefs d'établissement de l'agglomération sont intervenus, sur "la difficulté à favoriser une identité langagière, une parole de l’élève, un apprentissage de la citoyenneté en dehors de la classe".
Voici ce que je retiens de cette intervention. Ce que je rapporte est mon interprétation, et non une transcription fidèle de ce que j'ai entendu.
Les enjeux sont de taille. Donner la parole aux élèves en dehors de la classe a de multiples vertus, formatrices pour le jeune : valoriser et favoriser la transmission républicaine, replacer l’école comme un lieu d’apprentissage, travailler sur les représentations, permettre la construction citoyenne dans des interactions maîtrisées. Et puis cela fait partie de nos missions, à nous adultes du milieu éducatif.

En fait, il apparaît que la parole est contrôlée par l’institution : on développe à l’école une démocratie représentative et non participative. Et si la participation est plus sociale que politique, est-elle donc bien utile ? C’est toute la question de notre démocratie scolaire qui est posée : cherche-t-on juste à maintenir la paix sociale, ou à faire grandir, à permettre à ces jeunes de devenir des adultes responsables et citoyens ? D'ailleurs, à plus grande échelle, la question se pose de notre démocratie, tout court : le fonctionnement scolaire ne peut se concevoir que dans un tout, et la question est aussi politique.
Mais alors, comment faire ? En travaillant, jour après jour, au climat scolaire. En profitant de toutes les occasions, y compris par des rencontres inopinées, qui vont permettre que la parole s’exprime mais aussi de travailler sur cette parole. Et là, le rôle du chef d'établissement est fondamental. Nos intervenants ont rappelé la nécessité de l’exemplarité des personnels de direction, par leur qualité d’écoute, leur respect, vers les adultes comme vers les élèves. Par leur posture, par l'exemple, par les choix de fonctionnement, les chefs donnent la couleur et agissent sur le comportement des adultes et des élèves. C'est un travail de longue haleine. Les chefs présents ont proposé de faire vivre autrement, vraiment, la charte de la laïcité, de bâtir de vrais projets d’école, d’établissement, académiques, de mettre à profit le parcours citoyen, les EPI. Ils ont aussi abordé les conseils de classe, souvent aussi normés qu'inutiles, et pendant lesquels personne ne s'exprime vraiment.
Libérer la parole de l’élève nécessite d’accorder de la confiance et de laisser une place pour chacun. Donc de s'impliquer, d'être conscient des objectifs, des enjeux. Pas facile, mais nécessaire, aujourd'hui plus encore qu'hier.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire