Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

vendredi 1 mai 2015

Comment ça va ?

Le "comment ça va ?", c'est un exercice que j'aime bien. Je le pratique dans tous mes niveaux, en l'adaptant en sixième.
Pour un bon "comment ça va ?", il me faut une notion bien bornée, qui puisse se mettre en application facilement. Sur l'exemple qui suit, c'est le thème des angles inscrits et des angles au centre, en troisième, qui est travaillé.

Avant le comment ça va ? :

La séance précédente, nous avons travaillé ensemble la leçon. C'est une notion tout à fait nouvelle, qui a l'avantage de donner sa chance à chacun.

 La séance a commencé par la découverte de ce que sont des angles au centre, des angles inscrits :


Nous avons suivi et commenté l'animation proposée par mathenpoche :


 Quelques applications rapides, ensuite :


Nous avons alors construit des angles au centre et des angles inscrits sur geogebra, pour conjecturer les propriétés qui suivent. Nous avons créé la figure nous-même, puis procédé comme le propose ici très efficacement un collègue :


A ce stade, les élèves m'ont posé beaucoup de questions sur la longueur des arcs, sur la mesure des angles qui interceptent le grand arc "AB" de la figure précédente. Leurs questions étaient intéressantes : sur la mesure de l'angle qui intercepte le petit arc, il a fallu que je réfléchisse deux minutes et nous avons résolu la question ensemble, à coup de triangles isocèles, de somme des angles et d'angle plein. Quant aux questions sur les longueurs d'arcs, j'ai pu leur laisser entrevoir le radian et parler périmètre du triangle et proportionnalité.

Les propriétés pouvaient alors être formulées :

Petite mise en pratique :


Pour la séance suivante, les élèves avaient à résoudre cet exercice :

Cette séance s'est arrêtée là. Nous avions drôlement bien travaillé, surtout par débat de classe, ce que j'aime bien quand, comme ce jour-là, tout le monde est dedans. 


La séance "Comment ça va ?" :

Nous avons commencé par cinq minutes de réactivation rapide, toujours grâce à l'excellent Mathenpoche. J'ai mené cela tambour battant, pour donner un rythme à la séance. Mais c'était nécessaire car certains élèves n'avaient pas bien compris en fait :


Ensuite il fallait corriger notre exercice. Les élèves avaient presque tous trouvé la valeur demandée, mais s'étaient contentés d'indiquer au fur et à mesure sur la figure les valeurs des angles nécessaires à la conclusion. Par exemple, ils avaient tous indiqué la même valeur pour les angles ERC et BRN, mais très peu étaient capables de me dire pourquoi. Au mieux j'ai eu droit à des gesticulations accompagnées de "Vous savez, madame, ils sonnnnnnt, heu ils sonnnnnnt... Ah comment on dit déjà ? C'est pour ça qu'ils sont pareils."
Oui, en effet, je sais. Ils sont opposés par le sommet car E, R, B d'une part et C, R, N d'autre part sont alignés. Et comme deux angles opposés par le sommet ont même mesure, cqfd.

Nous avons donc rédigé tout bien comme il faut. Les élèves étaient surpris de "tout ce qu'il faut écrire, parole, en plus y a rien qui sert pas !". Ben non, c'est l'idée, en maths. Le nécessaire, pas le superflu.
Nous avons ensuite commencé le "comment ça va ?". Le principe est simple : j'ai prévu au tableau (c'était inscrit depuis le début de la séance sur le côté du tableau) une liste d'exercices. C'est un peu le même principe que l'interro dont tu es le héros, c'est-à-dire que l'élève commence par répondre à la question comment ça va ? (sur le thème en cours, bien sûr...). S'il se répond  : bien, merci, il emprunte le chemin vert. Sinon, il part sur le chemin rouge. A chaque exercice traité, il évalue son degré de maîtrise : ai-je eu du mal ? Suis-je certain de ma réponse ? Ai-je su rédiger ?
Selon ses réponses à ces nouvelles questions, il adapte son parcours.

Au lieu de "16 à 20", lire "16 à 19".

 Pendant cette séance, je circule. C'est assez intense, car les élèves sont très demandeurs au début. Ensuite, ils sont lancés, prennent confiance et comme ils travaillent en ilots, ils d'entraident. Ils ont vraiment pris le pli de travailler au moins en binôme. Parfois il me demandent à se déplacer, pour s'associer à des élèves qui ont les mêmes objectifs.

Les élèves parcourent tous un chemin progressif, mais plus ou moins "en côte". Certains décollent vite et atteignent rapidement des exercices de niveau brevet ou de préparation à la classe de seconde, et d'autres se consacrent à fixer les notions  à donner du sens, à remédier. En revanche, j'avais une exigence incontournable : tout le monde doit être passé par le 36 page 292. C'était mon minimum vital du thème.


Les exercices sont résolus sur le cahier d'exercices. Lorsque des élèves me disent ne pas comprendre une consigne ou ne pas savoir quoi faire, j'essaie de les envoyer vers des élèves qui ont compris, pour qu'ils s'expliquent entre eux. Je limite au maximum mes réponses, et lorsque j'en apporte, j'essaie qu'elles soient toujours sous forme de questions.

Pendant cette séance-là, une jeune collègue était présente avec moi dans la classe. C'était d'autant plus simple à animer car elle est aussi passée voir les élèves et aider les groupes. Et comme mes élèves ont l'habitude d'avoir du monde dans la classe, ils ont fait appel à elle très naturellement.


Comment exploiter le comment ça va ? :

J'évalue, en termes de compétences, ces séances-là, et elles me fournissent un score d'XP qui rentre dans ma colonne "investissement". J'évalue la façon dont ils s'impliquent dans leur recherche, leur autonomie, le respect des consignes, le respect des autres.

C'est très important pour moi, ces séances, car je les vois et je les entends raisonner, et aussi vivre. Dans leur communication aux autres, je les découvre et je les comprends mieux. Or les comprendre, individuellement, me donne des clefs pour ensuite pouvoir m'adapter à eux dans mes explications, et aussi dans le développement d'une motivation. Je vois qui se sous-estime, qui n'a pas conscience des attendus, qui est bloqué par le fait de devoir faire son choix plutôt que faire ce qu'on lui dit, qui  s'épanouit à pouvoir décider lui-même. J'apprends aussi beaucoup sur le groupe classe.

Ensuite, ce genre d'exercice permet à chacun de progresser, en partant de son niveau. Il faut évidemment que les élèves jouent le jeu avec honnêteté, mais c'est en général le cas : lorsqu'on leur laisse une marge de manoeuvre, ils l'utilisent presque toujours bien. C'est une des caractéristique de l'adolescence que de vouloir pouvoir faire des choix, mais des choix "guidés", des choix qui laissent en sécurité. Se sentir "grand" de pouvoir les faire, de se voir laissé la possibilité, par un adulte, de les faire, mais sans risque.
Lors de cette séance précise, deux élèves ont vraiment glandouillé, malgré mes relances.

Enfin, la question qui se pose est  : comment corriger ? J'ai choisi de ne pas tout corriger, en fait.
La séance suivante a commencé par la correction à l'oral, avec de petites traces au tableau, des exercices 16 à 32 de la liste. C'était assez rapide, en fait, car les élèves maîtrisaient bien cette fois. Ces sont certains élèves qui ont corrigé, en répondant de leur place ou en se déplaçant au tableau. Ceux qui s'étaient trompés ou n'avaient pas compris posaient leurs questions et les correcteurs leur expliquaient, avec leurs mots ( c'est très instructif sur leur façon de s'approprier les notions !). Je reformulais pour que chacun puisse aller aussi loin que possible, lorsque c'était nécessaire.
Et pour les autres exercices alors ?
Les élèves ont trois exercices de niveau moyen à faire pendant les vacances. Nous les corrigerons à la rentrée, ce qui permettra une réactivation et un approfondissement. Les autres exercices ne seront pas corrigés en classe : soit je les ai déjà vérifiés et éventuellement rectifiés sur les cahiers, soit les élèves me les rendront et je les leur corrigerai individuellement. Il n'est pas utile d'imposer certains exercices à des élèves en difficulté, et qui n'en tireront rien, si ce n'est du découragement.

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