Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

samedi 30 mai 2015

Questions de niveau, questions d'égalité

Je m'interrogeais récemment sur la méthodologie des différentes études menées, en particulier de façon internationale, sur l'évolution du niveau des élèves. J'étais agacée par les articles que je pouvais lire dans les journaux, dépourvus d'argumentation scientifique et de références.

Des références, maintenant, j'en ai : après trois jours de très dense formation (j'ai été recrutée pour une mission de formation en REP+ à la rentrée prochaine), j'ai des réponses à beaucoup de mes questions, et arguments à l'appui cette fois. J'ai appris vraiment beaucoup de choses.
Et comme la vie est bien faite, j'ai aussi reçu un commentaire avec une référence à lire.

Si l'on compare 2005-2006 et 2012-2013, on note un écart qui s'est creusé entre les zones d'éducation prioritaires et les autres. On le mesure de différentes façons :

- par des dispositifs tels que PISA : je n'arrive pas à "apprécier" PISA. C'est peut-être une erreur, mais les questions posées par PISA sont d'une nature bien différente que ce qui est enseigné dans la plupart de nos classes. L'outil ne me semble pas bien adapté à mesurer un niveau chez nous de ce fait. PISA met en évidence une baisse, c'est vrai, et une performance plus mauvaise qu'avant dans le classement international. Mais certains items que j'ai pu étudier posent question dans leur consigne, dans l'appréciation qui est ensuite faire des réponses fournies. Je n'arrive pas bien à cerner ce qu'on évalue avec PISA, tout simplement. Mais je me suis plongée dans l'étude des items libérés et je suis surprise de ce que j'en dégage. J'en ferai un article lorsque j'aurai un peu stabilisé ma réflexion.


- Par l'observation des résultats au DNB (diplôme nationale du brevet). Là, au DNB 2014, on remarque que les résultats des notes de contrôle continu sont en légère augmentation, de façon linéaire. En revanche, les écarts entre les résultats aux épreuves finales et ceux du contrôle continu se creusent, et de façon accrue en zone d'éducation prioritaire. Cela semble indiquer que les exigences des enseignants s'assouplissent, dans le contrôle continu.

Résultats au DNB 2014 selon l'origine sociale des candidats
- Par l'étude des parcours scolaires : il y a là une relative amélioration : moins de redoublements, davantage d'achèvement de la scolarité au collège et d'accès à la scolarité post-collège. Mais l'amélioration des parcours est au moins en partie due à la politique d'orientation et à une gestion des flux moins sélective qu'auparavant. En parallèle, il y a dégradation des acquisitions, en particulier en ZEP. J'y reviens dans le point suivant.

- Par des études de type CEDRE. J'ai découvert CEDRE, et voilà une méthodologie qui me convainc davantage, car elle est nationale et porte plus sur les acquisitions liées aux contenus des programmes (là encore, je bouquine tout ça et j'en reparle). Les résultats moyens baissent légèrement, mais en fait la situation des élèves de milieux défavorisés s'est terriblement dégradée. A noter que les performances scolaires se sont moins dégradées que la situation socio-économique des familles de ces élèves (c'est une phrase terrible). Mais grâce à quoi : à la politique ZEP ? Aux collectivités locales ? Au tissu associatif ?


En France, plus qu'ailleurs dans l'OCDE, le poids des déterministes sociaux pèse lourd, et de plus en plus lourd. Evidemment, c'est injuste et révoltant. Toute la question est de savoir comment améliorer la situation. L'école semble se mobiliser de façon énergique, différente. Elle met des moyens, elle élabore des dispositifs intéressants, elle communique vers ses personnels. Elle affirme l'éducabilité de tous, elle prône la culture, le développement des outils de réflexion, l'autonomie de pensée. Mais cela ne suffira pas : les questions de la précarité, de la pauvreté, de l'exclusion, du rapport à l'école, ne relèvent pas de l'école seule.

Ce qui n'est pas une raison pour ne pas se lancer dans la bataille. Car il y a bien là une bataille à mener, et elle est fondamentale pour le devenir de notre société.

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