Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

vendredi 22 janvier 2016

L'inégalité assumée des chances

C'est n'importe quoi et je suis furax. Ou dégoûtée. Ou furax et dégoûtée. Voilà ce que je lis ce matin dans les journaux :











L'objet de cet article n'est pas de débattre encore une fois de la disparition ou pas des classes bilangues. L'objet de cet article est de me lamenter sur le peu de ténacité du ministère, sur son peu de cohérence. Même à supposer qu'il ait eu tort dans les choix effectués pour cette réforme, la moindre des choses serait de s'y tenir. Sinon, comment être crédible ?

Soit on pense que l'égalité des chances passe par la suppression des bilangues, et on s'y tient, soit on change d'avis et alors pourquoi pas revenir sur les reste aussi ? Les aménagements proposés montrent que le ministère n'est pas sûr de lui, donc soit pas honnête intellectuellement, soit pas compétent. C'est une nouvelle preuve du manque de réflexion, de la trop grande précipitation soulignée par tous. Pour une fois qu'on est d'accord, d'ailleurs...

La cerise sur le gâteau, la voilà :

une partie des sections bilangues devraient être maintenues à la rentrée 2016 : jusqu’à 70 %, avec de « très fortes disparités d’un rectorat à l’autre » 

Ainsi, par exemple, tout à fait au hasard, toutes les sections bilingues seraient maintenues à Paris, alors que Poitiers, Grenoble, Rouen ou Lyon en perdraient de 70 % à 75 %, Lille près de 60 %, Limoges plus de 40 %… Dans l’académie de Caen, elles disparaitront pratiquement complètement.

C'est donc ça, l'égalité des chances à la Najat Vallaud Bel Kacem ?

C'est pour cette conviction là que je vais former mes collègues, au risque de m'en prendre plein la tête ? Je sais bien que je les forme sur autre chose : les EPI et les AP. Avec en fond l'évolution des pratiques éducatives, l'évaluation, l'enseignement par compétences, la différenciation et tout ça. Tout ça à quoi je crois sincèrement, et sur quoi j'ai envie de partager, d'échanger, sans chercher à brusquer qui que ce soit.

Mais tout de même, quelle crédibilité pour cette réforme, maintenant ? Comment savoir si le ministère croit au reste ou pas ? 

Et surtout, c'est écoeurant de reculer ainsi sur l'égalité des chances, l'égalité de l'offre d'enseignement. On revient plus qu'en arrière. C'est injuste, pour les élèves.

Le collège ne fonctionne pas bien. Les inégalités se creusent à l'école. Et bien, faisons encore pire, allons !

2 commentaires:

  1. Les Equipements de Protection Individuelle et les Assistants de Prévention ? Euh, ça doit pas être ça EPI et AP... :-)

    Sinon le débat sur les classes bilangues est d'une hypocrisie sans nom. Ces classes sont juste un creuset où se plaisent les familles aisées : ça leur permet de ne pas mélanger leur progéniture avec des "mauvais élèves" sous-entendu de condition plus modeste.

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  2. Je suis d'accord avec ce commentaire. Mais aujourd'hui, être d'accord sous-entend pour beaucoup être "contre la culture".
    Idéalement, il me semble qu'on devrait proposer des tas d'options variées ouvertes à tous, sans condition d'accès. Promouvoir vraiment la culture, pas seulement celle avec "civilisation" ou "Antiquité" dedans. Et surtout, sans discrimination.

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