Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

mercredi 13 avril 2016

Il n'y a qu'en mathématiques que la vérité est belle

Cette phrase est issue de la page 115 du livre écrit par Yan Pradeau et publié cette année aux éditions Allia : Algèbre, éléments de la vie d'Alexandre Grothendieck.
Ce petit livre (je l'ai lu en une soirée, car il est court, assez captivant et la lecture en est aisée,g^race à des mots bien choisis et une harmonie de la composition) figurait dans les nouveautés de ma bibliothèque municipale ; grâce aux choix d'un bibliothécaire j'ai donc pu le découvrir.



Difficile de dire s'il s'agit d'un roman, d'une biographie. Vu l'opacité (entretenue par Grothendieck lui-même) autour du personnage et à la lecture de certains passages forcément imaginés, il est évident que ce n'est pas une franche biographie. Pourtant, l'auteur s'est soigneusement documenté, a mené des recherches qui permettent de refermer l'ouvrage avec le sentiment net d'en savoir plus sur Grothendieck. Lui-même qualifie son livre de "biographie romancée", d'"oeuvre hybride".

Grothendieck a eu une vie très, très particulière Pas seulement parce que c'était un homme d'exception, manifestement exceptionnellement doué pour la mathématique. Il apparaît comme un homme complexe, entier, hors normes sur bien des plans. Mais au travers d'Algèbre, on traverse aussi l'Europe et les époques de la famille de Grothendieck. 


Yan Pradeau est professeur de mathématiques (et aussi musicien, chansonnier, poète, saxophoniste, journaliste musical, réalisateur de courts-métrages, photographe. Il a enregistré deux disques en tant que leader du groupe Malakoff. Et aussi écrivain, sans aucun doute). Dans la vidéo ci-dessus, il explique ce qui l'a amené à écrire ce livre : la personnalité et l'histoire exceptionnelles de Grothendieck n'ont pas été l'amorce de l'envie d'écrire, mais plutôt une résonance avec l'histoire personnelle de Pradeau, avec entre autre le "déclassement pas le haut" dont il parle et une impression d'être "nulle part". C'est sans doute cette résonance qui donne ce mouvement au texte : je l'ai trouvé extraordinairement vivant, ancré dans la vie dans ce qu'elle exige de combat, naturellement.

"Lorsqu'une énigme le captive, Shourik {Alexandre Grothendieck} y plonge à corps perdu, abstrait du monde qui l'entoure. Pour cela, les mathématiques sont idéales. Une feuille, un crayon, du temps et un monde infini de problèmes à résoudre. Le remède souverain contre l'ingratitude du réel. Le pouvoir d'une belle démonstration, la sensation de maîtriser, un peu, sa vie."

Cette citation m'a touchée très directement. Je suis bien plus enseignante que matheuse (encore plus bas que les tâcherons que décrit Grothendieck : mon métier n'est même pas de faire des maths, mais de donner à d'autres l'envie d'en faire et, plus encore, l'envie d'apprendre et de grandir), mais ce sont bien de mes mathématiques que cet extrait parle.

Le site de référence sur Alexandre Grothendieck, Grothendieck Circle, est ici.

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