Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

jeudi 29 septembre 2016

Enseigner et évaluer : l'oeuf et la poule

En plus de la réforme des programmes, le collège vit une autre transformation : celle du DNB (du brevet des collèges). En particulier, il va falloir que les collègues discutent entre eux pour évaluer ensemble des compétences liées au DNB de leurs élèves. Ca fait beaucoup de problèmes à la fois.
En effet, les conseils de classe sont formatés, dans beaucoup d'établissements, pour durer une heure. Evidemment, le conseil de classe n'a plus du tout le rôle de conseil. On devrait appeler ça une synthèse éclair de classe. Pour évaluer ensemble les fins de cycles (et même les autres niveaux, d'ailleurs), il va falloir modifier les habitudes. Enfin, il faudrait, mais on n'en prend pas trop le chemin.
Ensuite, évaluer par compétences, même si cela se développe et que c'est une vraie préoccupation des enseignants (qui s'appliquent, dans leur très grande majorité, à faire les choses comme l'institution le leur demande, et à les faire bien), c'est encore une pratique non généralisée, disons. L'arrivée du mois de juin pourrait bien être douloureuse, voire semer une certaine panique, si les chefs d'établissements ne prennent pas les devants, dans la philosophie et dans la formation aux logiciels nécessaires.

Quand j'ai écrit cet article, je me disais : c'est étrange, cela provoque un effet négatif que je n'avais pas anticipé : beaucoup d'établissements demandent des formations sur l'évaluation, de façon urgente. Qu'ils demandent ces formations n'est pas surprenant, et c'est même légitime et positif : les pratiques vont changer. Ce qui est curieux, c'est la raison pour laquelle ces formations sont demandées de façon urgente : ces collègues pensent qu'ils ne peuvent pas enseigner correctement en septembre s'ils ne savent pas précisément comment les élèves seront évalués en juin. Et ils accordent à l'évaluation une importance incroyable. La conception de l'évaluation précède la conception du dispositif d'enseignement.


Je ne comprends pas : cela revient à penser que les programmes sont secondaires, que les documents d'accompagnement (et nous en avons à foison cette fois, et bien faits !) importent peu. La seule chose qui compte, c'est l'évaluation. Et je me disais : "Ben dans ce cas, on n'est pas prêts de changer la représentation de nos élèves quant à l'évaluation, et c'est bien normal qu'ils soient anxieux et stressés !"

Et là, alors que j'écrivais mon article, paf, une collègue toujours au top de la réactivité (sans son envoi, mon article faisait plouf dans l'eau) m'envoie un lien vers un document intitulé "Instructions à l'attention des membres de la commission nationale et des sous-commissions d'élaboration des sujets du diplôme national du brevet relatives à l'élaboration des sujets des épreuves écrites - session 2017", paru aujourd'hui. Et je lis : "En mathématiques, les sujets ne comporteront pas de questions portant sur les notions suivantes : cas d'égalité des triangles ; translations, rotations, homothéties. Par ailleurs, l'exercice d'algorithmique ou de programmation ne demandera pas aux candidats d'écrire leur propre programme, mais prendra appui sur un programme fourni par le sujet."
Aaaaaah ben voilà des informations importantes : ne vous inquiétez pas, chers collègues : on n'évaluera pas sur les notions nouvelles dans les programmes ! En voilà une nouvelle qui soulage ! Et la deuxième partie, sur l'algo, nous le savions déjà. En fait, ils ont raison, les collègues : il faut demander des précisions, sur le fond, sur la forme. Maintenant on sait qu'en fait, dans le nouveau DNB, on ne change rien, on va faire comme avant. C'est un nouveau vieux DNB. Ca motive, y a pas à dire. Et les collègues qui ont commencé par les transformations vont être ravis. Vous allez voir que d'ici au moins de juin, on aura laissé tomber l'idée d'évaluer les compétences au brevet. Déjà que le livret numérique n'est plus numérique...

Mais bon, je vais tout de même conclure sur ce que voulais exprimer : tout ceci n'est-il pas un faux problème ? Si nous enseignons dans le bon sens, l'évaluation ne devrait-elle pas couler de source ? L'évaluation est une partenaire naturelle de l'enseignement, mais pas l'inverse. D'abord on réfléchit à nos contenus, à comment les amener, puis on les enseigne, on communique, on observe, on écoute, on réfléchit toujours, tout le temps, et on évalue, en permanence d'ailleurs,  pour voir si il faut recommencer, différemment. 

Mon métier à moi, c'est enseignante, pas évaluante.


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