Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

dimanche 10 janvier 2016

Brevet blanc, compétences et petites flèches

Nous avons récupéré les copies de brevet blanc cette semaine. Gros boulot ce weekend, car j'ai "traduit" en compétences les réponses des élèves.

C'est assez ingrat, comme tâche : reprendre des copies déjà corrigées est rébarbatif, et c'est un long travail car le sujet (et c'est très bien) regorge de compétences qu'il faut aller chercher, parfois au beau milieu d'une assez longue argumentation de l'élève (ce qui est bien aussi, de la part de l'élève). Mais ce n'est pas rigolo-rigolo.

Cette fois, c'est allé plus vite toutefois : d'abord, j'ai travaillé exercice par exercice, ce qui a été beaucoup plus économique du point de vue de ma concentration. En plus, j'ai découvert cette petite icône avec deux flèches vertes, qui a tout changé :


Cette fonction permet d'ordonner les items évalués comme on le souhaite. Par défaut, ils sont ordonnés comme je les ai rentrés, par domaines, dans mon référentiel. Mais cette icône permet, sur une évaluation donnée, de les réordonner. J'ai pu réordonner dans l'ordre de lecture de la consigne, et c'est bien plus rapide. Pourquoi n'ai-je jamais vu auparavant ces petites flèches magiques, mystère.

Ensuite, je suis passée à la phase classique de réflexion "comparative" entre sommatif et par compétences.

Voici les données que j'ai obtenues.
La note correspond à celle attribuée par le correcteur de la copie, et "comp" indique le taux fourni par SacOche de compétences. La colonne "diff" indique la différence entre les deux.


Premier constat : la différence de moyenne est faible. 
Deuxième constat : il peut tout de même y avoir des écarts importants, avec un maximum de plus de trois points.

Pourquoi ? Voici le résultat de mes réflexions :

Tout d'abord, j'ai des compétences "identifier une configuration de Thalès" ou "reconnaître une situation qui requiert le théorème de Pythagore" qui peuvent être validées alors que l'application du théorème est ratée. Du coup, pas de points en sommatif, mais une compétence validée dans mon référentiel.
Ensuite, j'ai un assez grand nombre de compétences sur la façon d'argumenter, avec des niveaux d'argumentation croissants. Cette fois, en sommatif, on affecte les points, et au pire c'est sur le point volant de rédaction que cela va se répercuter. Du point de vue des compétences, plusieurs items peuvent pourtant ne pas être validés, si le degré de précision et de rigueur de la rédaction n'est pas au rendez-vous.
Et puis nous sommes trois correcteurs sur le sommatif, alors que j'ai repris les compétences de mes élèves ; il y a donc forcément, naturellement, une disparité d'appréciation. Elle est cependant assez faible à mon avis, car nous avons des attentes assez proches et un grand souci d'harmonisation.
Enfin, nous avons proposé des exercices de brevet qui parfois testent plusieurs fois la même compétence, d'où une amplification de la réussite ou de l'échec de l'élève. Pas avec le taux global de réussite, puiqu'une compétence évaluée plusieurs fois est en quelque sorte "moyennée" avant d'être intégré une seule fois au calcul final. Le jeu des coefficients n'est donc pas le même.

J'ai ensuite retiré du taux de compétences les compétences d'orthographe, de syntaxe, d'orthographe des mots mathématiques, de notations. En évaluant la qualité de la langue, le résultat est supérieur, ce qui était prévisible. Et sans, le taux de compétences de rapproche de la moyenne sommative à quelques centièmes près !

Pourtant, des écarts importants demeurent, ce qui indique encore une fois la faiblesse de l'indicateur statistique qu'est la moyenne.

En fait, c'est surtout idiot de revenir à une quantification de l'évaluation par compétences. C'est un non-sens : toutes les méthodologies d'évaluation sont différentes et c'est justement le but ! Comparer ainsi me rassure, dans le fond, sur la fait que mon évaluation par compétences n'est pas "trop" éloignée, mais pas non plus "identique" au sommatif.

La différence, c'est que l'évaluation par compétences fait le bilan de ce que l'on sait faire ou pas, de comment on sait le faire. Cela permet de retravailler ce qui le nécessite, d'affiner un bilan hyper synthétique en sommatif. Et ce pour les élèves, mais aussi pour moi ; certaines compétences sont massivement loupées et nous allons donc y revenir. De même, quelques élèves ont besoin de remédiation sur telle ou telle compétence, et je vais pouvoir les aider en connaissant leurs fragilités ou leurs incompréhensions.

Là où je suis vraiment ravie, c'est que plusieurs élèves de troisième, après avoir regardé leur copie, m'ont demandé à avoir la synthèse en termes de compétences. Ca tombe bien, c'était prévu. Mais je suis très contente de leur demande, car cela signifie qu'ils ont compris ce que cela leur apporte. C'est un véritable succès dans mon esprit, surtout en troisième, après trois ans de sommatif, qui font que parfois les élèves résistent à l'évaluation par compétences.
Non, ce n'est pas de l'art moderne ; c'est le bilan de
compétences collectif du brevet blanc...

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