Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

dimanche 11 décembre 2016

On dirait que ça se calme

La dernière étude Pisa qui était sortie nous avait accablés. On n'avait parlé que de ça pendant un bon bout de temps, partagés entre l'apitoiement sur nous-mêmes, l'auto-flagellation et la remise en cause
des protocoles de Pisa.

Quand Timss est sortie il y a peu, badamoum et reblotte. Mais là, pour Pisa, le choc m'a semblé moindre. Mieux anticipé, déjà, "grâce" à Times, et puis peut-être pris avec de toute façon plus de distance : l'habitude, que voulez-vous...

Alors que lire qui soit intéressant sur le sujet ?
D'abord, évidemment, Jean-Paul Delahaye. Dans le Café Pédagogique, il explique que non, il n'y a pas lieu de se décourager : "Le niveau en sciences est stable, même si le nombre d'élèves en difficulté augmente. Les maths aussi. On progresse en compréhension de l'écrit. Notre problème c'est que la moyenne ne veut rien dire chez nous.". C'est là que nous sommes dramatiquement mauvais : "Il y a un grand écart entre les élèves selon leur origine sociale. On voit un creusement des écarts. L'Ocde nous dit que la relation entre performances et origine sociale des élèves est une des plus fortes des pays participant à Pisa."
Comment ne pas se révolter devant ce constat ? Nous tous, nous participons à cette inégalité des chances. Nous permettons que soit entretenu le déterminisme social.

Que propose Jean-Paul Delahaye ? Par exemple "Mettre aussi dans les zones prioritaires de l'organisation, davantage de moyens pour les enseignants. On l'a toujours fait pour les élites, les CPGE par exemple qui ont à la fois un meilleur traitement et des horaires aménagés. On a peu songé à le faire pour ceux qui enseignant en zone prioritaire. On a commencé avec les rep+ il faut aller plus loin." Yes !

Un autre article du Café Pédagogique examine les corrélations entre différents facteurs et la réussite des élèves :
  • le lien avec la dépense en éducation: pour Pisa, jusqu'à 50 000 $ par élève il y a un effet direct de la dépense d'éducation. Au delà, le lien direct disparait. Et c'est à nuancer : à résultats identiques, la Pologne et la Norvège dépensent du simple au double.
  • le lien avec le salaire des enseignants : il est plus clair, mais là aussi avec des exceptions. La France et l'Allemagne ont des résultats voisins mais le niveau de salaire en Allemagne est le double de la France. 
  • le lien entre le nombre d'élèves par classe et les résultats est net. Plus l'effectif augmente, plus les résultats descendent. 
  • le lien avéré entre le climat de classe et la discipline à l'école, et le niveau en sciences, est avéré. C'était prévisible, mais rappeler les évidences est parfois utile.
  • le lien avec les pratiques de classe est confirmé : expliquer les notions scientifiques, faire un lien avec d'autres phénomène scientifiques, s'adapter au niveau de la classe, faire attention aux progrès et performances des élèves. Ca alors, c'est fou... 
Et comme c'est la fête du Café Pédagogique, un dernier article ici pour réfléchir à la validité de Pisa. Cette réflexion même devrait nous interroger sur notre rapport à la performance, à l'élitisme, à l'erreur.


Cela dit, on trouve des articles mesurés un peu partout. On pourrait presque parler de volonté de nuancer le propos, ce qui est un indéniable progrès, comme ici. Il y a aussi des reportages un peu déstabilisants, comme  : je suppose que la méthode dite de Singapour est plus complexe que ça... Parce que ce qui est montré dans le reportage, je le vois mis naturellement en oeuvre dans des tas de classes. On dirait qu'on redécouvre l'efficacité des manipulations pour comprendre et pour les impliquer.

Sur le site de Sciences et Avenir, un article pose une question entendue souvent ces derniers jours : le problème se résume-t-il à une formation déficiente des profs de maths? L'article, en fait, parle des professeurs des écoles, qui en effet eux aussi enseignent les maths. Selon Roger Mansuy,  "le problème principal est celui de la formation des professeurs des écoles. Très peu d’entre eux ont fait des études scientifiques et peu ont apprécié les mathématiques au cours de leur scolarité. De ce fait, ils ne peuvent pas donner le goût des maths aux élèves. Nombreux sont les professeurs qui ont une compréhension très superficielle des maths." Boum, ça pique. L'article détaille peu, finalement, et n'approfondit pas. Dommage.

Dans la catégorie provocation, passeur de sciences nous rappelle, avec plus ou moins de bonne foi, comme nos décideurs politiques sont mauvais en maths. Mais je vois là une démarche doublement négative : d'abord, certaines erreurs sont en fait peu révélatrices, et ensuite c'est encore un façon de banaliser le fait d'être mauvais en maths. Parce qu'être mauvais en maths, c'est vraiment dommage, et cela va empêcher de vivre aussi bien que si on comprend les mathématiques. Comme pour tout le reste.

Enfin, même si je l'ai déjà cité, vous retrouverez ici une revue de presse par le biais de l'Ifé.

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